Affaires
Cuir : les industriels déboussolés par la mise en veilleuse du contrat programme
Les exportations stagnent depuis janvier 2013. Les industriels, qui comptent se développer sur de nouveaux marchés autres que ceux de l’Union européenne, disent avoir besoin de mesures d’appui. Aides sociales, facilitation du financement et resserrement du contrôle des importations en provenance de Chine, principalement, sont les 3 mesures d’urgence demandées.

La Fédération marocaine des industries du cuir (Fédic) prépare la sixième édition de son salon «Marocuir» prévue du 31 octobre au 2 novembre 2013. Cette édition, à laquelle doivent participer 150 exposants nationaux et étrangers, se tiendra sur fond d’attentisme et d’inquiétude des industriels due au blocage du contrat programme sectoriel. Lancé il y a deux ans, ce contrat programme, dont la finalisation était attendue pour la fin décembre 2013, est aujourd’hui suspendu par le ministère du commerce et de l’industrie qui a décidé de l’intégrer dans la stratégie globale des industries chimiques et parachimiques. Une décision que ne comprennent pas les professionnels pour qui «le contrat programme est une urgence eu égard à la situation du secteur». Ils attendent un rendez-vous, demandé il y a plusieurs semaines, avec le ministère de tutelle. Mais avec la conjoncture actuelle, il est clair que le dossier connaîtra, selon des observateurs, du retard puisqu’il faudra certainement l’installation d’un nouveau gouvernement. Néanmoins, ces mêmes sources croient savoir qu’un cabinet spécialisé sera sélectionné, en janvier 2014, pour élaborer et finaliser un diagnostic du secteur.
D’après les derniers chiffres disponibles communiqués par la Fédic, la valeur des exportations du secteur a enregistré une stagnation passant de 1,22 à 1,24 MDH à fin mai 2013 par rapport à la même période en 2012. Cette tendance est justifiée, selon la profession, par la révision des prix sur les marchés européens toujours en crise. En revanche, leur volume est en amélioration: de 5 593 tonnes au premier semestre 2012, on est passé à 6 115 tonnes à fin juin de l’année en cours.
C’est la chaussure, produit phare de l’industrie du cuir, qui est en tête avec 3 932 tonnes contre 3 814 tonnes l’année précédente. Pour la profession, «la crise du secteur risque de s’aggraver davantage si rien n’est fait pour appuyer cette branche à fort potentiel à l’export, qui emploie 26 000 personnes pour une production globale de l’ordre de 4 milliards de dirhams».
La Fédic souhaite une réponse rapide de l’Etat
Pour éviter une détérioration de la situation, la Fédic estime nécessaire la mise en place de mesures prioritaires en attendant l’adoption, devenue très aléatoire il faut le reconnaître, d’un contrat programme sectoriel. Ces mesures porteraient sur le retour aux mesures sociales dont ont bénéficié les secteurs du cuir et du textile en 2009 (prise en charge par l’Etat d’une partie des cotisations sociales), un accompagnement au niveau du financement et un resserrement du contrôle aux frontières des importations en provenance de Chine. Ces importations, souvent en sous-facturation, portent essentiellement sur la chaussure. Leur volume est estimé à 45 millions sur un marché de 60 millions de paires.
L’état des lieux du secteur inquiète donc les professionnels qui s’interrogent sur les intentions des pouvoirs publics. «On ignore toujours ce qui va advenir du secteur et du projet de contrat programme. On souhaite qu’une réponse nous soit donnée rapidement pour que l’on puisse avancer dans la mesure où malgré la crise nous comptons lancer des stratégies de développement sur plusieurs pays et en particulier sur les marchés africains».
Au ministère du commerce et de l’industrie, le contrat programme du cuir ne semble pas être une priorité. Peut-être faudra-t-il encore attendre le gouvernement Benkirane II. Le contrat doit, rappelons-le, s’articuler sur plusieurs axes, notamment la mise en place de zones industrielles, la réactivation des outils d’accompagnement institués par les pouvoirs publics (Inmaa et le Programme efficacité énergétique), la formation pour permettre une adéquation avec les besoins des industriels, le développement de la création et enfin la promotion des petites et moyennes entreprises. Sa finalité est d’améliorer la compétitivité et la croissance du secteur qui est en crise depuis 2011.
