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Conjoncture : l’économie en net ralentissement, mais elle a de vraies possibilités pour rebondir !

• L’économie mondiale devrait afficher une récession de 3% en 2020 contre +2,9% en 2019, sa plus forte contraction depuis la crise financière de 2008-2009.
• La faible campagne agricole a été compensée par la performance de quelques secteurs non agricoles, notamment l’agroalimentaire, l’industrie extractive, l’industrie chimique, les télécoms et les services financiers.
• Dans l’industrie, le Taux d’utilisation des capacités (TUC) s’est replié de 8,3 points pour revenir à 66,3%.

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La Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE) vient de dresser un point détaillé de la conjoncture économique à fin avril. Les analystes de la direction relevant du ministère de l’économie, des finances et de la réforme de l’Administration ont analysé l’environnement économique international, ses retombées sur le Maroc et le comportement des différents secteurs de l’économie.
Dans le détail, les experts de la DTFE affirment que dans le contexte de crise sanitaire liée à la propagation de la pandémie du Covid-19, le Fonds monétaire international a procédé en avril à un abaissement de 6,3 points de ses perspectives de croissance de l’économie mondiale en 2020, en comparaison avec l’édition du mois de janvier. Ainsi, le monde devrait afficher une récession de -3% en 2020 contre +2,9% en 2019, sa plus forte contraction depuis la crise financière de 2008-2009. Selon un scénario de référence fondé sur l’hypothèse d’une atténuation de la pandémie au cours du deuxième semestre de 2020, l’économie mondiale devrait se redresser pour croître de 5,8% en 2021, à mesure que l’activité économique se normalise grâce aux plans de relance entrepris par les pouvoirs publics des différents pays. Toutefois, ces prévisions se confrontent à de fortes incertitudes et dépendent de plusieurs facteurs, à savoir la trajectoire de la pandémie, les progrès en matière de traitements ou de vaccins, l’intensité et l’efficacité des efforts de confinement, l’ampleur des ruptures des chaînes d’approvisionnement et les pertes de productivité, les répercussions du resserrement des conditions des marchés financiers mondiaux, les changements des habitudes de dépenses, et la volatilité des prix des matières premières.
Pour les principaux pays de la zone euro, principal partenaire économique du Royaume, la croissance économique s’est globalement contractée de 3,8% au T1-20 contre une progression de 0,1% au trimestre précédent. Les pays les plus concernés par cette récession sont la France (-5,8% au T1-20 contre -0,1% au T4-19), l’Espagne (-5,2% contre +0,4%), l’Italie (-4,7% contre -0,3%), le Portugal (-3,9% contre +0,7%) et, dans une moindre mesure, l’Allemagne (-2,2% contre -0,1%).
Selon la Direction du Trésor, le Maroc n’a pas été à l’écart des perturbations des chaînes d’approvisionnement et de production. La fermeture des frontières mettant à l’arrêt plusieurs secteurs, dont notamment le tourisme et, dans une moindre mesure, les branches d’activité orientées à l’export. Les exportations des produits alimentaires maintiennent leur dynamisme, étant donné les grandes difficultés d’approvisionnement que connaissent les pays partenaires de la zone euro. A en croire les données du Haut-Commissariat au plan, la croissance économique aurait ralenti à +0,7% au premier trimestre 2020 alors que pour le T2-20, qui coïncide totalement avec la période du confinement avec un arrêt quasi total de l’activité, le HCP fait état d’une récession de 6,8%.
Sous l’effet d’une pluviométrie limitée à 205 mm au 22 avril 2020, en baisse de 34% par rapport à la moyenne de 30 ans et de 25% par rapport à la campagne précédente, la campagne agricole est faible. La production des trois principales céréales au titre de la campagne 2019/20 a été estimée à 30 millions de quintaux (16,5 M.Qx blé tendre, 7,5 M.Qx blé dur et 5,8 M.Qx orge), en sensible baisse de 42% par rapport à la campagne précédente et de 60% par rapport à la production moyenne de 75 M.Qx. La DTFE relève, en substance, que la superficie céréalière semée s’est établie à 4,3 millions d’hectares, dont 2 millions d’hectares ont été complètement perdus en termes de production céréalière en zones bour.
Pour les secteurs non agricoles, le T1-20 a été marqué par une conjoncture difficile en raison de la propagation de la pandémie du Covid-19 et de la mise en place des mesures de confinement au niveau national. Cette situation s’est traduite par un arrêt quasi total au niveau du secteur du tourisme et du transport aérien des voyageurs et par un ralentissement, à des degrés différenciés, de l’activité des autres secteurs économiques. Pour le secteur minier, la production de phosphates a affiché une quasi-stagnation au terme du premier trimestre 2020 au lieu de +7,4% au cours du même trimestre de l’année précédente, alors que celle des dérivés a progressé de 7,3% au lieu de +13,3%. La production des engrais s’est ainsi améliorée de 15,8% après +9,7% à fin mars 2019, alors que celle de l’acide phosphorique a reculé de 4,7% après +18,9%.
Dans l’industrie, durant le mois de mars, le Taux d’utilisation des capacités de production industrielle (TUC) a enregistré un recul de 19 points pour revenir à 56%, en liaison avec la baisse d’activité occasionnée par la pandémie. Ainsi, en moyenne des trois premiers mois de l’année 2020, le TUC s’est replié de 8,3 points, pour revenir à 66,3%. Cette évolution traduit essentiellement le repli du TUC des industries mécaniques et métallurgies (-16 points) et du textile et cuir (-12,7%).
Par ailleurs, la DTFE explique que la situation des échanges extérieurs a été caractérisée par une légère hausse du déficit commercial de 144 MDH ou 0,2% pour se situer à 67,7 milliards de DH à fin avril. Cette évolution est liée à une baisse des exportations (-23,2%) plus importante que celle des importations (-13,9%), entraînant ainsi une détérioration du taux de couverture qui est revenu de 60% à 53,5% d’une année à l’autre.


Principaux indicateurs économiques à fin avril

• Quasi-stabilité de la production des phosphates (+0,1%) et hausse de 7,3% de celle des dérivés à fin mars contre des progressions respectives de +7,4% et +13,3% il y a un an ;
• Baisse de 8,3 points du taux d’utilisation des capacités de production industrielles en moyenne du T1-20 pour s’établir à 66,3% ;
• Recul de 6,6% de la production locale d’électricité à fin avril contre +28,3% un an auparavant ;
• Repli de 20,6% des ventes de ciment à fin avril contre +5,9% un an auparavant ;
• Quasi-stabilité du déficit commercial pour s’établir à 67,7 milliards de DH à fin avril, suite aux baisses de 23,4 milliards de DH ou 13,9% des importations et de 23,6 milliards de DH ou 23,2% des exportations ;
• Hausse des réserves internationales de 34,5 milliards de DH au cours des quatre premiers mois de l’année 2020 pour atteindre 280 milliards de DH au 24 avril, permettant ainsi de couvrir 6 mois et 21 jours d’importations de biens et services ;
• Légère accélération du rythme de progression du crédit bancaire de 2 milliards de DH ou 0,2% au T1-20 contre +1,6 milliards de DH ou +0,2% au T1de 2019. Compte non tenu des crédits à caractère financier, l’additionnel du crédit bancaire ressort à +13,7 milliards de DH ou +1,7% contre +7,3 milliards de DH ou +1% ;
• Creusement du déficit de liquidité bancaire de 12,4 milliards de DH en mars 2020 pour atteindre 81,2 milliards ;
• Creusement du solde ordinaire pour se situer à 8,8 milliards de DH contre un excédent de 3,2 milliards de DH à fin avril 2019, recouvrant une baisse des recettes ordinaires de 4,1 milliards ou 5,2% face à une hausse de 7,9 milliards ou 10,5% des dépenses ordinaires ;
• Hausse de l’encours de la dette globale du Trésor à fin avril 2020 de 21,4 milliards de DH ou 2,9% rapport à fin 2019 pour atteindre 769 milliards contre +1,8% au terme de la même période de l’année précédente ;
• Poursuite de l’amélioration des conditions de financement sur le marché des adjudications des valeurs du Trésor (MAVT) avec des baisses à fin avril 2020, allant de 5 points de base pour les maturités à 26 semaines à 61pbs pour celles à 30 ans.