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Comptes nationaux : Les implications du changement de l’année de base

L’adoption d’une nouvelle année de base a eu un fort impact sur le calcul du PIB qui est revu ainsi à la hausse, avec une appréciation de 8,2%. Rapporté à la population, le PIB par tête est passé de 29 656 DH en 2014 à 34 840 DH en 2019.

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Le Maroc a procédé à l’établissement d’une nouvelle année de base de ses comptes nationaux, en l’occurrence 2014 au lieu de 2007, en se référant au Système de la comptabilité nationale (SCN) 2008. En effet, les comptes nationaux du Maroc sont établis selon les prescrits du SCN, une norme internationale préparée et publiée sous l’égide des Nations Unies, de la Commission européenne, de l’Organisation de coopération et de développement économiques, du Fonds monétaire international et du Groupe de la Banque mondiale, précise le HCP dans sa note d’information sur le changement de l’année de base des comptes nationaux 2014 au lieu de 2007.

En se référant au SCN, poursuit la même source, les comptes nationaux marocains présentent une description cohérente, exhaustive et pertinente du fonctionnement de l’économie, ajoutant que celle-ci a cependant vocation à connaitre des évolutions dans le temps. Le cadre conceptuel des comptes nationaux comme les nomenclatures utilisées pour présenter les résultats doivent donc évoluer pour s’adapter aux mutations de l’économie nationale.

Pour rendre compte de ces changements, des révisions des comptes nationaux marocains sont effectuées à intervalles périodiques. Il s’agit des changements d’années de base de ces comptes, fait savoir le HCP.

En général, le changement de l’année de base des comptes nationaux est une revisite du cadre conceptuel et méthodologique des comptes nationaux qui permet d’incorporer des nouvelles sources de données, d’apporter des changements conceptuels, d’améliorer les méthodes d’évaluations et d’intégrer les nouvelles versions des normes adoptées par la communauté internationale. Question :
Quel impact aura ce changement sur les agrégats économiques ? Il y’en a, en fait, un grand nombre. D’abord, il y a un fort impact sur le calcul du PIB qui est revu ainsi à la hausse, avec une appréciation de 8,2%. En effet, en 2014, le produit intérieur brut (PIB) en valeur s’élève à 1 001,5 MMDH en base 2014, au lieu de 925,4 MMDH en base 2007. Il est donc revu à la hausse de 76,1 MMDH, soit 8,2% par rapport à la base précédente. Cette révision est le résultat de la hausse de la valeur ajoutée de l’ensemble des branches d’activités de 79,8 MMDH (9,6% par rapport à l’ancienne base et la révision à la baisse des impôts sur les produits de 3,8 MMDH (-4% par rapport à la base 2007).

 

Au niveau de la demande, qui a également subi l’impact de ce changement, les dépenses de consommation finale des ménages revues ont affiché une réévaluation à la hausse de 61,9 MMDH, soit une augmentation de 11,2% par rapport à leur niveau dans la base 2007.De même, le niveau de la Formation brute du capital fixe (FBCF) a été révisé de -5,7 MMDH, soit une baisse de 2,1 % par rapport au niveau enregistré dans l’ancienne base. L’analyse de la structure de la FBCF par produit montre que les services ont accusé la plus grande baisse avec -7,3 MMDH (-18,5% par rapport à la base 2007). Par contre, ce changement n’a pas eu d’impact sur le solde des échanges extérieurs de biens et de services resté quasi stable (116,4 MMDH en base 2014 contre 115,7 MMDH en base 2007), sous l’effet conjugué de la révision des exportations de -18,7 MMDH et des importations de -18 MMDH.

Au niveau de l’offre, la valeur ajoutée (VA) totale est rehaussée de 79,8 MMDH, soit 9,6% de plus par rapport aux comptes de l’ancienne base 2007. Par secteur institutionnel, les entreprises non financières ont vu leur VA, par rapport à l’ancienne base, augmenter de 13,9%. Ceci est dû à l’effort fourni dans l’amélioration de l’estimation des comptes de ce secteur à travers l’exploitation des nouvelles enquêtes de structures.

Pour ce qui est des revenus, ce changement a engendré une hausse du total des revenus distribués de 8,2% qui a profité spécialement à la rémunération des salariés qui a enregistré une hausse de 44,8 MMDH, soit une réévaluation de 14,7% par rapport à l’ancienne base. Cette augmentation est captée par l’utilisation de nouvelles sources d’information, à savoir les enquêtes de structures et celle sur le secteur informel, ainsi que les statistiques de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS).

Concernant la croissance économique, le passage à la nouvelle base 2014 a entraîné des réévaluations contrastées à la baisse des niveaux de la croissance économique en volume sur toute la période 2015-2019, à l’exception des années 2017 et 2019 pour lesquelles le taux de croissance a été revu légèrement à la hausse de 0,9 et 0,3 point respectivement. En total, la croissance annuelle moyenne du PIB en volume est réévaluée légèrement à la hausse de 0,1 point de pourcentage durant la période 2015-2019, passant de 3,1% en base 2007 à 3,2% en base 2014.

S’agissant cette fois des ratios macroéconomiques, comme précisé plus haut, le PIB en valeur a été réévalué de 8,1% sur l’ensemble de la période 2014-2019. Rapporté à la population, le PIB par tête est passé de 29 656 DH en 2014 à 34 840 DH en 2019. Il s’est situé à 32 453 DH par an, en moyenne, soit une augmentation de 2 436 DH par habitant par rapport à la base 2007. L’investissement brut a consolidé sa part dans le PIB aux alentours de 31,2% en moyenne par an. Durant la période 2014-2019, les sociétés non financières ont participé à l’effort d’investissement par 56,1%, les ménages et les Institutions sans but lucratif au service des ménages par 25,8% (essentiellement en matière de logement), les Administrations publiques par 16,7% et les sociétés financières par 1,4%.