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Compétitivité, formation et cohérence des stratégies sectorielles : les trois clés pour relancer l’économie

La productivité passe par le soutien à l’innovation, l’émergence d’un secteur logistique structuré et l’utilisation plus intensive des normes et standards de qualité. Les experts recommandent une meilleure planification des besoins et de la distribution des ressources humaines pour relever le niveau en matière d’éducation.

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OECD

C’est un rapport très riche en enseignements et recommandations que vient de publier l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur le Maroc.

Après la publication d’un premier volume relatif au diagnostic de l’état des lieux et à «l’identification des contraintes au développement» du pays, le Centre de développement de l’organisation vient de diffuser, le 14 mai, un document consacré aux «recommandations de politiques publiques permettant de pallier les contraintes identifiées». Les experts annoncent avoir suivi une méthode d’analyse multidimensionnelle pour dresser leur diagnostic et soumettre des propositions.

En résumé, l’OCDE propose trois leviers d’action prioritaires pour le développement économique et social du Royaume. A commencer par l’amélioration de la compétitivité des entreprises industrielles pour donner une impulsion à la transformation structurelle. En effet, bien que l’économie marocaine soit dynamique et internationalisée, elle doit faire face encore à un développement à deux vitesses de son tissu productif, avec d’importants écarts de compétitivité dans les secteurs d’activité économique. Les équipes de l’OCDE estiment que malgré la nouvelle approche vertueuse des écosystèmes qui améliore le taux d’intégration et la profondeur des filières, des contraintes à l’émergence de secteurs ayant un potentiel d’offre exportable et des effets d’entraînement sur l’offre nationale persistent, freinant le Maroc dans sa démarche de diversification et de montée en gamme.

«Alors que près de 30% des entreprises dans le secteur de la machinerie atteignent les niveaux de productivité des firmes mondiales les plus performantes, la plupart des entreprises des autres secteurs affichent des niveaux de productivité faibles ou moyens», rapportent les experts de l’OCDE. Pour eux, le renforcement de la productivité des entreprises industrielles passe nécessairement par le soutien à l’innovation, l’émergence d’un secteur logistique structuré et l’utilisation plus intensive des normes et standards de qualité. Mise en place d’un système d’information global pour fluidifier le marché du travail.

Apprentissage continu pour les salariés

En deuxième lieu, face à la faiblesse de la qualification des ressources humaines identifiée déjà dans le rapport précédent, les analystes de l’Organisation internationale recommandent de relever le niveau de formation de la population et mettre la formation en adéquation avec les besoins de l’économie. Ils rappellent, chiffres à l’appui, que le Maroc accuse un retard important en matière d’éducation, avec 4,3 années de scolarisation en moyenne pour la population de plus de 25 ans, contre près de 8 ans en Tunisie et 10 en Turquie. Afin de relever le niveau de formation, le Royaume devra mieux planifier les besoins et mieux distribuer les ressources humaines ; tout en rendant attractifs les parcours des enseignants.

Selon les experts, résoudre l’inadéquation entre l’offre de formation et la demande d’emploi permettra de dynamiser sensiblement le marché de l’emploi au Maroc. Pour ce faire, l’offre de formation universitaire et technique devrait être plus proche des besoins du marché du travail. La création de licences professionnelles et de masters spécialisés à l’université, et le développement de la formation en milieu professionnel dans l’enseignement technique sont encouragés. De plus, l’adéquation qualitative des programmes pédagogiques avec les besoins en compétences doit être renforcée en mettant l’accent sur l’apprentissage des savoirs comportementaux et des langues étrangères, ainsi que sur l’expérience des formateurs.
En parallèle, l’apprentissage tout au long de la vie, notamment pour les salariés, devrait se développer. La mise en place d’un système d’information global et le développement de mécanismes capables d’anticiper les besoins du marché du travail apparaissent nécessaires. Enfin, les réformes relatives aux politiques actives de l’emploi devraient être poursuivies et pourraient également soutenir la participation des femmes sur le marché du travail.

Amélioration de la gouvernance budgétaire

En tant que troisième et dernier levier d’action, le Maroc gagnerait à renforcer la cohérence des stratégies sectorielles. Il s’agit, comme le relèvent les responsables de l’OCDE, de mettre l’accent sur la poursuite des efforts pour la mise en cohérence des politiques publiques et des stratégies sectorielles. Action qui devrait permettre une gestion plus efficace et efficiente de la part de l’Etat. Pour cela, le pays devra «se doter d’objectifs prioritaires de développement clairs et partagés, niveler par le haut la qualité des stratégies sectorielles et renforcer les mécanismes de coordination entre les différentes institutions et ministères». Le centre des études de l’OCDE conclut à ce titre que l’amélioration de la gouvernance budgétaire, en adoptant une vision consolidée des comptes publics et en s’inscrivant dans une perspective budgétaire interministérielle et pluriannuelle, sera un instrument important pour assurer une meilleure coordination et une soutenabilité des politiques publiques sur le court et moyen terme.

A la lecture de ce rapport, on s’aperçoit qu’une bonne partie du diagnostic est faite dans plusieurs rapports publiés par d’autres organismes internationaux et nationaux et que l’essentiel des leviers à activer ont aussi été identifiés. Il revient naturellement à l’Etat de prendre à bras-le-corps ces problèmes, sans doute pas facile à gommer du jour au lendemain. Malgré tout, la volonté politique réelle du gouvernement permettra assurément d’accélérer le développement.