Affaires
Commercialisation des produits agricoles : Il faut changer de vision
Dans un avis rendu récemment, le CESE appelle à l’élaboration d’une vision intégrée et participative dédiée à la commercialisation des produits agricoles. Cette vision intégrée passe aussi par le développement des circuits courts de commercialisation à caractère coopératif, ainsi que l’encouragement du commerce de proximité.

C’est un appel qui émane du Conseil économique, social et environnemental. Ce dernier appelle, en effet, à l’élaboration d’une vision intégrée et participative dédiée à la commercialisation des produits agricoles en impliquant tous les acteurs concernés. C’est d’ailleurs l’objet d’un avis émis par cette institution sur la commercialisation des produits agricoles, intitulée «Pour une approche novatrice et intégrée de la commercialisation des produits agricoles». Pour le CESE, cette vision intégrée requiert la mise en place de mesures législatives, réglementaires et techniques et un plan de communication pour lutter contre les pertes et le gaspillage des produits agricoles au niveau de la distribution, de stockage et de la commercialisation.
En effet, la commercialisation est considérée comme l’une des plus importantes étapes de la chaîne de production agricole, compte tenu de son rôle dans l’amélioration des revenus des agriculteurs, estime le CESE tout en recommandant de procéder d’urgence à la réforme des espaces de commercialisation afin d’éviter les spéculations et la multiplication des intermédiaires, notamment en accélérant la réforme des marchés de gros et en mettant en place un cadre réglementaire pour réguler et repenser le rôle et les missions du métier de l’intermédiaire.
Il s’agit, en outre, d’accélérer la transformation digitale de la commercialisation en favorisant l’inclusion des petits et moyens producteurs, notamment en mettant en place une infrastructure numérique appropriée et en accompagnant l’équipement des petits et moyens agriculteurs en outils numériques simples, afin de faciliter la commercialisation de leurs produits.
Ladite vision intégrée passe aussi par le développement des circuits courts de commercialisation à caractère coopératif, ainsi que l’encouragement du commerce de proximité, soulignant qu’il convient pour cela de revoir les modèles et les mécanismes d’accompagnement et d’organisation des agriculteurs en coopératives (agrégation coopérative) ou groupements d’intérêt économique (GIE), en s’inspirant des approches adoptées par les filières sucrière et laitière, en vue d’améliorer les conditions de mise en marché des produits agricoles et d’augmenter significativement les revenus des producteurs.
Parallèlement, le CESE insiste sur la nécessité de renforcer la coordination entre les différentes parties prenantes, au niveau national et territorial pour une meilleure intégration du segment de la commercialisation dans la chaîne de valeur.
Par ailleurs, la commission chargée de la régionalisation avancée, du développement rural et territorial relevant de la même institution, a soulevé que l’inclusion économique et sociale de la population rurale nécessite une amélioration du revenu de cette catégorie et une consolidation de son pouvoir d’achat notamment, et ce, à travers l’accroissement de la rentabilité du secteur agricole qui constitue une source de revenu pour la grande partie de la population rurale constituée de petits et moyens agriculteurs dont les conditions de vie restent notamment tributaires de la performance des processus de commercialisation.
Il va sans dire que des efforts ont été déployés en la matière, notamment les grands chantiers entamés à travers le Plan Maroc Vert et la Génération Green. L’objectif étant de développer le secteur agricole et de renforcer les performances des filières de production et d’exportation. Néanmoins, est-il souligné, les efforts d’intégration sont encore marqués par l’articulation manifestement insuffisante entre le processus de production et les circuits de commercialisation des produits agricoles.
Le système de commercialisation connaît, en effet, un ensemble de fragilités organisationnelles et fonctionnelles. Ce qui est illustré notamment par la faible coordination entre les parties prenantes au niveau national et territorial, en l’absence d’un cadre de gouvernance global et intégré du processus de commercialisation, ainsi que la faible capacité des petits et moyens agriculteurs à s’organiser pour écouler, dans de bonnes conditions, leurs produits.
Cela dit, en tant que réceptacle de la chaîne de valeur, la commercialisation fait appel, de l’amont à l’aval, aux différents intervenants. Par conséquent, elle a deux grands objectifs, à savoir répondre aux besoins en quantité et en qualité des consommateurs et générer des profits équitables à tous les intervenants tout au long de la filière agricole.
