Affaires
Commerce de gros : l’activité continue de tourner au ralenti
L’électroménager affiche la baisse la plus prononcée par rapport à 2012 et 2011. Plutôt que d’acheter des habits, les ménages consacrent leurs budgets à des achats essentiels. Le taux de rejet des effets de commerce devient inquiétant.

Pas de renversement de tendance chez les commerçants de gros en ce début d’année. A Derb Omar, Derb Ghallef et Derb Soltane, l’activité tourne toujours au ralenti, tranchant avec le dynamisme d’il y a plus de 2 ans. «Il y a une demande mais elle a drastiquement chuté depuis 2012. Je fais trois fois moins de colis qu’auparavant», assure un grossiste de meubles de maison. A l’en croire, la consommation ne reprend que pendant les occasions spéciales.
Au niveau des quartiers commerçants, les camions sont omniprésents mais les fréquences de chargement et de déchargement sont plus distancées et les volumes moins conséquents qu’auparavant, selon les explications des grossistes. Toutefois, ils sont unanimes à souligner que les différentes activités sont touchées à des degrés divers. En effet, l’électroménager brun et blanc, notamment les téléviseurs, les cuisinières et les réfrigérateurs, a subi la baisse la plus prononcée. Elle va jusqu’à 45% chez plusieurs grossistes. «J’ai fait au cours de l’année précédente 350 000 DH par mois en moyenne contre 800000 à 900 000 DH avant le tassement des affaires», confie un commerçant.
Il faut noter que cette baisse de la demande adressée particulièrement à l’équipement ménager est due, en plus de la crise, au fait que la majorité des ménages est déjà équipée et le taux de renouvellement de certains équipements, comme le réfrigérateur, est faible. De plus, la mauvaise passe que traverse le marché de l’immobilier impacte négativement les premiers achats des familles nouvellement installées.
Ce constat vaut pour le mobilier, même si les grossistes affirment qu’il se comporte légèrement mieux, vu que les ménages marocains restent attentifs à l’aménagement des pièces dans lesquelles ils reçoivent leurs invités. Il leur arrive donc de reconfigurer un salon ou, mieux, de peaufiner le décor de la maison, expliquent en substance des commerçants.
Le petit équipement de maison également touché mais dans une moindre mesure
Moins touchées, les ventes des grossistes de l’habillement ont décroché dans des proportions allant de 25 à 30% par rapport à leur niveau d’activité d’avant 2012, d’après les estimations recoupées des commerçants. Selon plusieurs d’entre eux, les détaillants ne sont plus disposés à passer les mêmes commandes qu’auparavant vu que le consommateur final se contente des articles prioritaires au détriment des achats vestimentaires.
«Par exemple, les clients détaillants qui commandaient 10 000 DH se limitent aujourd’hui à 7 000 ou 6000 DH», rapporte un grossiste de pantalons, tricots et chaussures. Ils sont unanimes à estimer que le pouvoir d’achat limité pousse les consommateurs à gérer plus strictement leur budget.
Les ventes du petit équipement, ustensiles, et objets de décoration enregistrent également un repli, mais dans des proportions bien moins importantes. Selon un grossiste de Derb Omar, les commandes auront reculé de 20% en 2013 et les premiers mois de 2014. Toutefois, il insiste sur le fait que l’évolution de son activité est en parfaite déconnexion avec la crise. Il rappelle, à ce propos, les creux traversés déjà en 2010 et 2011 alors que le commerce de gros était florissant.
Le commerce de produits alimentaires tient le coup
Mieux lotis, les grossistes des produits alimentaires n’ont pas essuyé de véritables baisses de leur courant d’affaires. «Si baisse il y a, elle doit tourner autour de 10 à 15%. Nous continuons de fournir normalement nos anciens clients», affirme un grossiste de confiserie, fromage, jus et biscuits. Par contre, il y en a beaucoup de moins chanceux. Ils s’agit en particulier des grossistes de thé et café qui sont mis à mal depuis que les gros importateurs assurent eux-mêmes la distribution d’une bonne partie de leur produits. «Il y a 3 à 4 ans, une entreprise leader n’avait pas plus de 30 à 40 revendeurs sur tout le Maroc.
Aujourd’hui grâce à la multiplicité des canaux de distribution, elle en compte des centaines», explique un grossiste de thé installé sur la place Annasr. Cela dit, les commerçants, toutes activités confondues, sont unanimes à affirmer que les rejets des effets de commerce sont très inquiétants. Le chèque, déjà très peu apprécié dans le commerce, ne cesse de perdre sa crédibilité dans le milieu.
Par conséquent, le paiement en espèces est systématiquement exigé aux nouveaux clients. Les chèques sont acceptés exceptionnellement pour les clients historiques. En d’autres termes, les opérateurs préfèrent réaliser un chiffre d’affaires modeste mais sécurisé que de prendre des commandes sans certitudes de recouvrer leurs fonds. Ils sont plus disposés à garder la marchandise chez eux, voire la vendre à perte pourvu qu’elle soit réglée au comptant.
