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Comment sera réorganisé le commerce ambulant

Forains hebdomadaires, urbains permanents et de rue organisés sur des espaces dédiés sont les trois types de marchés prévus. La réforme sera supervisée par un Comité national de pilotage présidé par le chef du gouvernement, des comités régionaux du commerce présidés par les walis et des comités de suivi relevant des pachas.

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Commerce Ambulant Maroc 2013 03 25

Un chiffre d’affaires de 45 milliards de DH, 276 000 commerçants ambulants subvenant aux besoins de 1,38 million de personnes, un manque à gagner de 478 millions de DH pour l’Etat et une croissance annuelle de 3 à 4%. Ce sont les indicateurs relatifs au commerce ambulant que l’on retient à la lecture de l’étude réalisée en 2011 par le ministère du commerce et de l’industrie. C’est, conclut l’étude ministérielle, une activité réelle, et non ponctuelle comme on pourrait l’imaginer.

Le commerce ambulant est un métier du fait que 60% des professionnels exercent cette activité depuis 10 ans. Les deux tiers d’entre eux sont le principal soutien financier de leurs familles. Les marchands ambulants sont essentiellement des hommes (91%), âgés en moyenne de 41 ans. Chez les femmes, 46% sont des chefs de ménage même si 54% d’entre elles sont mariées. Le commerce ambulant constitue leur unique revenu. 

D’après l’étude, 80% d’entre eux sont installés dans des sites très fréquentés (gares routières, mosquées, alentours de centres commerciaux des villes, boulevards et autour des marchés municipaux et souks) et 73% vendent principalement des produits alimentaires et de l’habillement. La valeur moyenne de la marchandise exposée est de 2 754 DH et le bénéfice moyen dégagé quotidiennement est de l’ordre de 104 DH, soit autour de 3 100 DH par mois. Les produits alimentaires dégagent une marge de 110 DH par jour et l’habillement 105 DH.

Une expérience pilote de marché de rue sera menée à Kénitra

Même s’il occupe une large population sur une longue période, le commerce ambulant n’est pas reconnu comme activité en tant que telle. Près de 98% des marchands exercent sans autorisation. Le fond du problème est qu’il n’y a pas de dispositif juridique leur conférant le droit d’exercer leur travail. En raison de ce vide juridique, les lieux d’exposition sont simplement squattés.
Au regard de cette situation, «la réforme introduit un nouveau paradigme : il ne s’agit plus de tenter d’éradiquer le commerce ambulant mais plutôt de le structurer selon une approche novatrice», explique Abdelmoula El Alami, chef de division du commerce de gros.

Globalement, la réforme, proposée par la Stratégie Rawaj, porte sur une organisation spatiale de ce commerce selon trois schémas : les marchés forains organisés selon un agenda hebdomadaire, les marchés urbains permanents construits et les marchés quotidiens de rue organisés sur des espaces dédiés aménagés. Les équipements (étals, chariots ou moyens de déplacement) seront aussi modernisés.

Pour la gouvernance, seront créés un Comité national de pilotage présidé par le chef du gouvernement, des Comités régionaux du commerce présidés par les walis et des comités de suivi relevant des pachas. Cette organisation sera réglementée par des arrêtés organisationnels conformément à la Charte communale et par une loi portant statut du commerçant ambulant et réglementant l’activité non sédentaire. 

L’expérience pilote de marché de rue sera menée à Kénitra. Il sera organisé sur la base d’un cahier des charges précis et donné en gestion déléguée. Les commerçants disposeront d’un équipement (moto ou bicyclette) et devront louer l’emplacement pour une durée déterminée. Le coût de cette réorganisation variera de 6 000 DH à 20 000 DH par commerçant. Une réflexion est en cours pour décider des modalités de financement. Plusieurs pistes sont prospectées, notamment l’Etat, l’INDH ou encore le Fonds Rawaj, en plus, bien évidemment, de la contribution des commerçants.