Affaires
Comment se sont comportés les principaux secteurs d’activité au Maroc, en 2012
Tourisme : le retard du début de l’année rattrapé. BTP : le ralentissement se confirme. Le textile fait du surplace. Industrie agroalimentaire : une année mitigée. Produits électriques et électroniques : le blues.

Tourisme : le retard du début de l’année rattrapé
Après un démarrage difficile en début d’année, le secteur touristique a rattrapé son retard au cours du second semestre, grâce notamment au développement du tourisme interne et au maintien de l’activité au niveau de certains pays émetteurs. Sur les dix premiers mois de l’année, les arrivées aux frontières ont atteint un peu plus de 8 millions, en hausse de 1% par rapport à fin octobre 2011 grâce aussi bien aux MRE et aux touristes étrangers. L’Espagne arrive en tête des progressions avec +4%, suivie de la Hollande, des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Les arrivées de la France, elles, ont stagné tandis que celles de l’Allemagne et de l’Italie ont régressé de 3% et 6% respectivement. Pour les nuitées, elles affichent une hausse de 2% sur les dix premiers mois de l’année, à près de 15 millions. Les nationaux affichent la plus forte progression (+11%, à 4,2 millions de touristes), suivis des touristes arabes (+35%, à 770 000) et des Hollandais. Du reste, tous les pays émetteurs accusent une baisse. Dans ces conditions, le taux d’occupation s’est maintenu à 41%, avec un recul dans les principales destinations que sont Marrakech et Agadir et une légère amélioration à Casablanca, Essaouira et Mazagan. Cela dit, les recettes de voyages se maintiennent en baisse. Elles ont fléchi de 2,5%, à 48,94 milliards de DH.
BTP : le ralentissement se confirme
Le tassement de l’activité se poursuit dans le BTP. Selon les derniers chiffres du Haut commissariat au plan, la valeur ajoutée du secteur a reculé de 0,6% au deuxième trimestre 2012 par rapport à un premier trimestre pour le moins contrasté. Sur le reste de l’année, le plan prévoit une croissance certes, mais qui ne dépasserait pas la moyenne tendancielle. D’ailleurs, 40 000 postes ont été perdus lors du troisième trimestre par rapport à la même période de l’année dernière. La raison de cette conjoncture n’est autre que le déséquilibre entre l’offre et la demande. En effet, il y a une augmentation des capacités de production non utilisées suite à une baisse de la demande aussi bien sur le segment des travaux publics que sur celui de l’immobilier. L’investissement public n’a progressé à fin novembre que d’un léger 1,5%, ce qui témoigne d’un tassement dans le rythme de lancement des chantiers d’infrastructures, et la production de logements est en légère baisse au premier semestre, hors logements à 250 000 DH, bien entendu. Autres indicateurs qui confirment la petite santé du secteur : les ventes de ciment n’affichent qu’une légère hausse sur les neuf premiers mois de 2012 (+2,5%) et les crédits accordés aux promoteurs immobiliers sont en baisse de 2,2% à fin octobre.
Le textile fait du surplace
Les industriels du textile ont poussé un ouf de soulagement. Les exportations devraient en principe s’établir au même niveau qu’en 2011, autour de 30 milliards de DH. Une performance, peut-on dire surtout eu égard à la crise qui n’en finit pas de laminer les économies des pays industrialisés depuis 2008. Mustapha Sajid, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith), si l’on tient compte de ce contexte, a raison de se réjouir. On peut aussi lui accorder le fait que de gros chantiers comme la structuration du secteur autour de gros opérateurs nommés agrégateurs (gros producteurs spécialisés dans le produit fini) et converteurs (opérateurs en amont spécialisés dans la filature, le tissage, la teinture…) a pris du retard. Mais il est clair qu’en 2012 comme en 2011, le secteur a montré ses limites à se réinventer. La sous-traitance reste la principale activité. Comme pour prouver que l’attente a trop duré, l’association réfléchit à une vision 2025 dont un des pans, pourtant inscrits dans le Plan Emergence, est le développement du marché domestique. L’apathie du secteur profite à des concurrents proches, comme la Tunisie, très réactive en dépit du contexte politique, et la Turquie.
Industrie agroalimentaire : une année mitigée
Si l’on se fie aux exportations, l’industrie agroalimentaire n’a pas été gâtée en 2012. La valeur exportée du groupe alimentation, boisson et tabac, est en recul de 3,4% sur les 11 premiers mois de l’année et il est peu probable que la barre soit redressée en décembre. Dans les marchés extérieurs, le secteur est porté par les produits de la mer, en l’occurrence les conserves de poissons et les poissons frais, en hausse respectivement de 29,3% et 14,7%. Dans ce domaine, on peut admettre que les mesures prises par l’Etat pour faciliter l’approvisionnement des conserveurs sont en train de payer. Mais avec seulement 4% du PIB, l’industrie agroalimentaire est encore peu valorisée au regard de son potentiel. En début d’année, les professionnels, lors d’une rencontre avec Abdelkader Amara, ministre du commerce, de l’industrie et des nouvelles technologies, invoquaient le poids de la fiscalité pour expliquer le peu d’entrain des producteurs à passer à l’industrie et militaient surtout pour la signature d’un contrat programme. Mais ce n’est pas seulement pour être plus compétitif à l’étranger, le marché local absorbe en effet la plus grande part de la production dont l’indice a augmenté assez vigoureusement au troisième trimestre (+4,3%), après un fléchissement au deuxième trimestre, au moment où des opérateurs évoquent la stagnation de la demande interne.
Produits électriques et électroniques : le blues
Cette activité n’est pas épargnée par la crise. Tous les indicateurs d’activité reflètent un passage à vide inquiétant pour ce qui est considéré comme un des domaines d’avenir de l’économie marocaine. Très dépendante des commandes étrangères, la production a dans l’ensemble dévissé au cours des trois premiers trimestres. Le quatrième devrait être à l’avenant. A l’export, la valeur des fils, câbles et autres conducteurs isolés pour l’électricité a plongé de 9,4% à fin novembre, et celle des composants électroniques de 13%. Avec des taux de croissance prévisionnels partout proches de zéro ou même en dessous dans la plupart des pays de la zone Euro, 2013 s’annonce comme une réédition de l’année qui s’achève, à moins que de nouveaux marchés soient découverts. Mais si les produits électriques (pour BTP) peuvent en partie trouver preneur dans des marchés peu matures, l’Afrique subsaharienne notamment, il n’en n’est pas de même pour les composants électroniques. Se pose alors le sempiternel problème : que vendre dans quel marché ? L’autre équation qui se profile est que les pays d’Europe du sud commencent à reprendre des activités qu’ils commençaient à négliger quand ils étaient en phase de forte croissance.
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