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Comment ont évolué les premiers sites marocains d’e-commerce

Quelque 27 sites de deals recensés au Maroc. L’activité de supermarché en ligne est encore peu développée, un seul acteur est en lice.

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e commerce MAROC 2013 12 31

Depuis les tout débuts de l’e-commerce au Maroc, de nombreux opérateurs sont apparus sur la Toile et beaucoup d’autres ont disparu. Aujourd’hui, les «pionniers» du e-commerce au Maroc encore en ligne doivent faire face à un marché en pleine croissance, pas encore mature et toujours aussi concurrentiel. Certains sont d’ailleurs en train de revoir leur stratégie pour s’adapter à ce nouveau contexte, près de cinq ans après leur création. Ce n’est pas un hasard si les sites que nous avons choisis ont levé des fonds auprès de Maroc Numeric Fund, fonds d’investissement dédié aux start-up technologiques doté d’une enveloppe de 100 MDH alimentée par la BMCE Bank, Attijariwafa bank, la CDG et la Banque Centrale Populaire.

Mydeal.ma met maintenant l’accent sur l’hôtellerie

Quelque temps après la naissance, en 2008, de Groupon aux Etats-Unis, le premier site d’achat groupé au Maroc, Mydeal.ma, est lancé fin 2010. Rapidement, le phénomène prend de l’ampleur et d’autres acteurs rejoignent le mouvement. Aujourd’hui, Maroc Telecommerce recense 27 sites de deals au Maroc mais ils sont une poignée à peser 99% du marché. «Aujourd’hui, il y a bien trop d’acteurs. Il faut dire qu’il n’y a aucune barrière à l’entrée», estime-t-on chez Mydeal.ma. «Nous pensons que le modèle n’est plus viable. Nous avons donc fait le choix de changer de tactique. Depuis 2 mois, nous ne proposons que des deals voyages et occasionnellement des deals ‘‘loisirs’’. L’hôtellerie se développe très rapidement sur le e-commerce et c’est un créneau rentable. En revanche, le commerce de proximité produit certes du chiffre d’affaires mais est moins rentable», confie Nabil Sebti, le DG. Le site compte aujourd’hui 250000 membres inscrits, dont 200000 sont des clients actifs, c’est-à-dire qu’ils ont déjà acheté au moins une fois. «La base de données évolue de façon continue. L’arrivée de la concurrence nous a permis de l’élargir. Nous avons été pionniers au Maroc en tant que copycat, nous aimerions être pionniers pour quelque chose d’inédit. C’est pour cela que nous travaillons à fabriquer de la valeur ajoutée. D’ici la fin du mois, nous allons donc sortir une nouvelle version de ce que nous faisons déjà et, au premier trimestre 2014, il y aura des nouveautés, comme les offres couplées», continue M. Sebti. «Entre mars 2011, date du 1er deal voyage et septembre 2013, le site a réalisé 22 MDH pour le compte de 214 hôteliers partenaires alors qu’on estime que Booking.com réalise 100 MDH pour le compte de plus de 1 200 partenaires hôteliers», conclut-il. En moyenne, le prix d’une nuitée pour 2 personnes s’établit autour de 900 DH et le panier moyen est de 1400 à 1 500 DH.

Epicerie.ma teste le drive à Casablanca

Lancé en mai 2008, le premier et unique supermarché en ligne au Maroc souffre très peu, voire pas du tout, de la concurrence. Des initiatives ont bien été lancées mais ont rapidement disparu des radars. «C’est dommage qu’il n’y ait pas de concurrence. Nous sommes les seuls à ‘‘éduquer’’ le client à ce nouveau mode de consommation. Depuis nos débuts, nous avons livré 5000 ménages. Aujourd’hui, 1000 clients environ sont actifs. Les 2/3 de nos clients sont à Casablanca et le tiers restant est à Rabat. Nous travaillons également avec quelques riads à Marrakech. 65% de notre clientèle est marocaine, 35% est étrangère installée au Maroc», confie Mohamed Benaddou Idrissi, DG d’Epicerie.ma. Ce site a commencé avec 1200 produits référencés et en compte aujourd’hui 5 000 permanents. Il peut même grimper à 7 000. Entre 30 et 40 commandes sont reçues chaque jour, drive et livraisons confondus. Le panier moyen est de 1 250 DH.

Livremoi.ma veut ouvrir des librairies physiques

«Fin septembre, nous avons démarré un drive à Casablanca. Les produits livrés sont au même prix qu’en hypermarché physique alors que le site internet affiche des prix 4 à 7% plus chers que dans les grandes surfaces. Le drive fera l’objet d’une importante campagne de communication en janvier. S’il marche, nous souhaitons dupliquer le concept dans d’autres villes», poursuit le DG. Le chiffre d’affaires progresse en moyenne de 20% par an et devrait atteindre 10 MDH en 2013.

«Nous espérons aller plus vite grâce au drive. Nous ne pouvons pas dire que nous soyons rentables car nous sommes toujours en phase de lancement. Nous sommes dans une optique de développement de notre chiffre d’affaires et non de rentabilité», précise M. Benaddou Idrissi.
Depuis 2009, Livremoi.ma est la plus grande librairie marocaine avec plus d’un million de références proposées sur son site Internet grâce aux comptes qu’elle détient auprès des éditeurs francophones. Le site revendique 8 000 personnes inscrites, contre 4000 en 2012. «La croissance est assez linéaire mais moins rapide que prévue. Il faut dire que le potentiel est de plusieurs millions de personnes, autant que de lecteurs. Notre chiffre d’affaires, qui sera de 4 MDH en 2013, progresse de 60%», explique Mathieu Malan, co-fondateur du site. «L’achat à distance est encore un obstacle. Les gens ont besoin d’être rassurés quant à la livraison, au paiement par carte bancaire et demandent à nous voir». Pour fidéliser la clientèle, Livremoi.ma a créé des clubs de lecteurs qui bénéficient de réductions en fonction du montant de leurs achats. De plus, 2 pièces sont aménagées en véritable librairie comprenant environ 4 000 références. La clientèle peut ainsi acquérir les toutes dernières nouveautés de l’édition française qui ne sont pas encore disponibles dans les autres librairies. Fait surprenant pour les gérants du site, la moitié du chiffre d’affaires est réalisée auprès d’institutions, ministères, écoles ou agences urbaines. Le tiers des clients recherche des livres très spécialisés et techniques. Pour stimuler la demande, Livremoi.ma s’appuie sur le bouche à oreille et la présence dans les salons.
Pour l’instant, il n’est pas encore rentable. «Nous pourrions l’être si nous arrêtions tout effort commercial. Aujourd’hui, nous allons vers le multicanal en ouvrant des boutiques physiques, toujours avec l’image du site. Nous allons donc continuer à lever des fonds», annonce M. Malan qui promet la première boutique pour 2014 à Casablanca.