Affaires
Comment l’ANPME est passée du soutien des PME en difficulté à l’accompagnement de tout le tissu économique
L’agence a greffé son action sur les plans sectoriels après la signature du contrat programme avec l’Etat en 2007. Elle gère plus d’une dizaine de programmes de soutien à la PME.
Quand l’Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise (ANPME) a été créée en 2002, peu d’observateurs donnaient cher de la peau de cette petite structure dont la mission était d’accompagner cette catégorie d’entreprises à traverser sans trop de casse la période de transition avant l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange signé avec l’Union Européenne. L’agence dépendait alors entièrement, pour ce qui est de ses ressources, de la coopération internationale, bilatérale et multilatérale, et particulièrement des fonds de l’Union Européenne dans le cadre des programmes Meda I et Meda II dont un volet était dédié à l’appui aux entreprises. Elle devait coordonner ces programmes dans un environnement dominé par l’incompréhension des chefs d’entreprises, les exigences des bailleurs de fonds qui mettaient en avant leur propre expertise et une certaine retenue des banques qui avaient leurs propres critères pour accompagner les PME. Malgré tout, l’agence s’est démenée tant bien que mal pour accomplir sa mission à la fois au niveau pédagogique, pour sensibiliser les entreprises à ces programmes, et opérationnel, pour leur apporter une certaine visibilité tant ces programmes et les lignes de crédit qui leur étaient affectées étaient multiples et difficiles d’accès.
Selon sa DG Latifa Chihabi, l’année 2007 a été un tournant dans la vie de l’agence avec la signature du contrat programme avec l’Etat. Ce contrat programme fait suite à une étude de repositionnement initiée en septembre 2006 et dont les conclusions ont été validées par le conseil d’administration tenu en juillet 2007.
L’agence devait par la suite soutenir les plans sectoriels initiés par les pouvoirs publics (Emergence, Rawaj, Maroc Numéric…). Fondée pour accompagner les PME en difficulté ou à faible rentabilité, elle est alors devenue un instrument aux mains du gouvernement pour accompagner tout le tissu économique en assistant sans distinction, aussi bien les entreprises en phase de restructuration que celles à fort potentiel de croissance, avec des programmes d’appui spécifiques (voir encadré).
A ces deux catégories d’entreprises, il faut ajouter un troisième composé des jeunes et des très petites structures qui constituent un vrai vivier pour l’emploi.
Cette nouvelle stratégie s’est accompagnée d’un ancrage au niveau des régions avec l’implication des acteurs locaux qui sont parties prenantes dans tous les plans sectoriels.
Le respect de la réglementation, une condition pour bénéficier des fonds publics
Il va de soi qu’arrivée à un stade de maturité, l’ANPME est devenue un prestataire de services entretenant avec les entreprises une «relation client» en veillant de manière permanente, grâce à un système de monitoring, au respect des réglementations. En d’autres termes, pour bénéficier des programmes d’appui, l’entreprise doit montrer «patte blanche» vis-à-vis des impôts, de la CNSS, etc. Et pour s’en assurer, l’ANPME travaille en collaboration avec tous ces organismes. Car si les pouvoirs publics ont consenti à assurer un financement adéquat pour la modernisation des entreprises dans le cadre du Budget de l’Etat, ils s’attendent aussi à un retour en termes de transparence et de collecte des impôts. A ce titre, souligne Latifa Chihabi, et sachant que les programmes d’appui sont financés à hauteur de 60% par des fonds publics et de 40% par l’entreprise, il s’est avéré que l’Etat récupère 8 fois la valeur des subventions engagées par le biais du recouvrement de l’IS, grâce à une meilleure transparence des entreprises au niveau du chiffre d’affaires réalisé.
Preuve que l’ANPME a atteint un bon rythme de croisière, ce sont les entreprises qui viennent vers elle et elle n’arrive plus à faire face à toutes les demandes.
