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Cinquième exercice déficitaire pour Settavex, le géant du tissu en jean

En dépit d’un EBE en redressement, les charges d’amortissements et d’intérêts continuent de peser lourdement sur ses résultats. En cause, les aléas du marché mondial et le renchérissement du coût des intrants.

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A l’image d’un secteur du textile qui connaît un certain frémissement, depuis un an, Settavex, le leader marocain de la production du denim (le tissu en jean), signe un exercice 2010 en légère amélioration. Mais ce n’est pas pour autant que la couleur de l’exercice vire du rouge au bleu, le tissu qu’il produit. En effet, malgré le net rebond à deux chiffres du chiffre d’affaires qui a atteint 574 MDH contre 440 MDH un an auparavant (+24%), les difficultés financières sont  persistantes avec un résultat net toujours négatif à -33,9 MDH, en amélioration de près de 12 MDH par rapport à la perte historique de 2009.

Elle avait été recapitalisée en 2008 par la maison mère à hauteur de 80 MDH

Pour cette unité industrielle basée à Settat, il s’agit là du cinquième exercice déficitaire d’affilée. Il faut dire qu’avec des investissements colossaux au cours de la dernière décennie ayant dépassé le milliard de DH dont une grande partie financée par endettement, avec un emprunt obligataire de 180 MDH émis en 2005, l’effet des aléas conjoncturels a un impact significatif sur la filiale du groupe espagnol Tavex. Ainsi, un «retard» en chiffre d’affaires causé par une conjoncture internationale défavorable ou un renchérissement du coût des intrants en matières premières (comme ce fut le cas en 2010 d’ailleurs) aboutit à une insuffisance de l’Excédent brut d’exploitation (EBE) qui est censé couvrir le poids de l’endettement et de l’investissement. Et 2010 ne déroge pas à ce schéma avec un EBE, certes positif, de 67,5 MDH -et en très net redressement- mais qui est totalement absorbé par les charges d’amortissements et d’intérêts qui pointent cumulativement à 101 MDH.
Il ne serait donc pas improbable que la maison mère espagnole vienne renflouer à nouveau les caisses de sa filiale marocaine. Il faut en effet noter que les 80 MDH injectés en 2008 sous forme d’augmentation de capital (ce qui avait hissé ce dernier à 380 MDH) ont d’ores et déjà été balayés par les pertes des deux derniers exercices qui ont totalisé plus de 89 MDH.
Quant aux difficultés économiques de Settavex, elles tiennent lieu aussi bien de la concurrence chinoise que subit au niveau mondial le groupe Tavex, sachant que l’essentiel de la production de sa filiale marocaine est destiné à l’export, que de l’accord de libre échange avec la Turquie connu pour ses produits de filature à très bon rapport qualité/prix et qui inondent depuis quelques années le marché marocain.
Rappelons que Tavex est un groupe espagnol coté à la Bourse de Madrid. Outre son unité marocaine et sa plateforme ibérique, le groupe compte des bases de production au Mexique et au Brésil. En 2010, ses ventes se sont étoffées de 42% à 446,3 millions d’euros (près de 5 milliards de DH), mais le résultat net consolidé demeure négatif à -19,7 M d’euros (219 MDH) avec une contribution de -1,74 M d’euros de Settavex (près de 20 MDH).