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Cinéma marocain : un budget moyen de 2,5 MDH par film

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«Il y a une ligne Maginot entre les tournages effectués au sud de Marrakech par les productions étrangères et ceux réalisés dans le nord par les nationaux». Le constat est de Nabil Ayouch, réalisateur et producteur. Les professionnels déplorent encore l’absence de véritables vases communicants entre les deux cinémas. Le pays ne tire pas encore pleinement profit des tournages internationaux réalisés ici, malgré la volonté affichée par les responsables de ce secteur.
A son arrivée au CCM, Noureddine Sail, directeur général du centre, a pris des initiatives dans ce sens. Désormais, avait-il décrété, toute entreprise de service qui sert d’intermédiaire pour les productions étrangères a l’obligation de produire au moins trois courts-métrages marocains par an pour continuer à bénéficier de son agrément et donc de la manne financière que présentent les productions étrangères. Mais cela demeure encore largement insuffisant pour promouvoir la production locale. Le dernier mot pour créer une industrie de cinéma local revient aux budgets investis. Ceux du cinéma marocain sont ridicules face aux sommes englouties dans les réalisations étrangères. «Il faut garder à l’esprit que le budget d’un film étranger est souvent plus de 300 fois celui du marocain dont le budget moyen oscille autour de 2,5 MDH», ajoute Nabil Ayouch. Pour d’autres, il n’y a tout simplement pas lieu de parler d’industrie locale. «L’industrie est une machine qui génère de l’argent. Or, au Maroc, nous continuons à produire des films principalement pour leur apport culturel », explique de son côté Ahmed Boulane, réalisateur.
Le cinéma marocain reste encore déficitaire et les films sont produits à perte. Rares sont les réalisations qui ont pu remonter du cash à leurs producteurs. «Je ne connais aucun producteur qui a pu remonter un million de DH. Même « Les bandits » et «Casablanca by night », malgré le succès qu’ils ont rencontré, ont peiné pour atteindre les 900 000 DH» , analyse Sarem Fassi Fihri, président de la Chambre marocaine des producteurs. Avant d’ajouter que ce n’est pas pour autant une exception marocaine. «Les films sont réalisés à perte, comme c’est le cas dans plusieurs pays étrangers, y compris la France. Seuls l’Inde et les Etats-Unis disposent d’une industrie rentable».
Le produit estampillé «made in Morocco» est aussi handicapé par la taille du marché. Peu nombreuses sont les réalisations qui ont pu avoir une carrière internationale telles que «Ali Zaoua» de Nabil Ayouch ou «Mille mois» de Faouzi Saidi.
Il faut renforcer les moyens. La production nationale dispose encore d’un seul guichet d’aide, le CCM, doté d’une moyenne de 30 millions de DH, contre une pléthore de fonds de soutien à l’étranger où interviennent institutionnels, banques et télévisions. La contribution des deux chaînes nationales dépasse rarement les 500 000 DH.
En dépit de tous ces handicaps, le cinéma marocain a réalisé un saut qualitatif de taille. Il est passé d’un cinéma nombriliste et égocentrique à un cinéma ouvert sur le public et qui s’expose dans les plus grands festivals (Cannes, Venise et Berlin notamment)