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Ciment : 726 kg consommés par habitant chaque année dans le Nord… plus qu’en Suisse

Depuis 2000, la consommation nationale par habitant a doublé pour atteindre 470 kg, mais le Maroc reste loin des pays comparables. Les régions du Nord, de l’Oriental et de l’Ouest soutiennent la comparaison avec les marchés matures. Le Centre Nord-Est et le Sud-Centre encore en dessous de la moyenne nationale.

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ciment Maroc 2012 05 31

Avec le dynamisme notable qu’a connu la consommation de ciment au niveau national les dernières années, l’on pourrait croire que le marché tend vers son niveau de maturité. En effet, les ventes de ciment augmentent en moyenne de plus de 7% par an depuis 2000 et, dans ce sillage, la consommation de ciment par habitant a presque doublé, passant de 240 à 470 kg en une décennie. Seulement ce bond, aussi remarquable soit-il, ne suffit pas à placer le Maroc dans les moyennes de consommation observées dans des pays à niveau de développement similaire. A titre de comparaison, l’on compte actuellement 538 kg de ciment consommés par habitant en Egypte quand la Turquie affiche 568 kg.  

Mais à vrai dire, le Maroc soutiendrait la comparaison avec ces pays et ferait même mieux si l’on raisonne par marchés intérieurs régionaux. En effet, la consommation de ciment par habitant dans certaines zones géographiques se situe à des niveaux nettement plus élevés que la moyenne nationale. C’est notamment le cas de la région de Tanger-Tétouan qui arrive en tête dans tout le Maroc en 2011 avec une consommation annuelle de 726 kg par habitant contre 637 kg par exemple pour la Suisse. A ce niveau, les spécialistes avancent que cette zone tend déjà vers un essoufflement structurel de sa consommation. L’Oriental lui emboîte le pas avec un niveau tout aussi notable de 713 kg par habitant.

La région de l’ouest centralise la grosse capacité de production au niveau national

L’Ouest (Grand Casablanca et Chaouia-Ouardigha) boucle le trio de tête avec une moyenne approchant les 600 kg par habitant. Un cran en dessous, la région Sud (Souss-Massa Draa, Guelmim Es-Smara, Laâyoune Boujdour Sakia El Hamra et Oued Ed-Dahab Lagouira) affiche une moyenne de 542 kg/h. Enfin, le Sud-Centre (Marrakech-Tensift-Haouz, Doukkala-Abda et Tadla-Azilal) et le Centre Nord-Est (le Gharb, Rabat-Salé-Zemmour-Zaer, Meknès, Fès…) ferment la marche avec des moyennes de consommation avoisinant au mieux les 500 kg/h. Ces disparités entre régions résultent, entre autres, du fait que les cimentiers ont implanté leurs capacités de production ces dernières années sans chercher à établir une adéquation optimale entre l’offre et la demande par région.

A titre d’exemple, la région de l’Ouest centralise la plus grosse capacité de production au niveau national avec une part dépassant 36,5% alors que cette région n’arrive qu’en troisième position en termes de consommation avec plus de 19% de la demande nationale. Cela crée un excédent de production dans la région qui dépasse actuellement 3,6 millions de tonnes. Certes, les cimentiers ont toujours la possibilité de diriger ces productions excédentaires vers des marchés géographiquement plus éloignés afin d’écouler leurs surplus. Mais, dans un contexte de renchérissement des combustibles, cette option devient de plus en plus contraignante.

D’où la nécessité pour les opérateurs de s’implanter directement dans les zones géographiques plus prometteuses, principalement le Sud-Centre et le Centre-Nord, dont la consommation par habitant demeure actuellement en dessous de la moyenne nationale. Et il se trouve effectivement que les nouvelles capacités prévues par les opérateurs à moyen terme sont orientées vers ces deux dernières régions (par exemple, l’extension par Holcim de son usine à Fès prévue pour la mi-2012).

Cet investissement, plus affirmé dans les régions recelant un fort potentiel de croissance, devrait à terme porter la consommation nationale de ciment à 600 kg/h, selon les professionnels. Plusieurs facteurs devraient contribuer à cette montée en régime dont notamment la volonté gouvernementale de combler le déficit en logements. En effet, celui-ci se chiffre actuellement à 840 000 unités et l’objectif est de le réduire de plus de la moitié sur les 5 prochaines années pour le ramener à 400 000 unités. Et ce, moyennant une production de 170 000 logements par an. S’ajoute à cela un niveau d’urbanisation encore relativement faible : 65% au niveau national.