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Christophe Parisot : «D’autres villes peuvent être notées si elles le souhaitent»

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christophe parisot

Trois villes, Marrakech, Casablanca et Salé, ont été notées par Fitch Ratings. Christophe Parisot explique le comment et le pourquoi de la notation et les pespectives qu’elle ouvre.

La Vie éco : Comment est venue l’idée de noter Marrakech, Casablanca et Salé ?
Christophe Parisot : L’initiative de noter ces trois communes urbaines s’est inscrite dans le cadre du projet de Gouvernance locale, soutenu financièrement par l’Usaid et bénéficiant de l’appui technique du cabinet RTI, avec pour objectif la consolidation du secteur public local au Maroc et la mise en place de réformes éventuelles (fiscales, accès aux sources de financement…) sous la tutelle de la direction des collectivités locales. Le but est de donner aux collectivités une plus grande autonomie de financement y compris auprès des investisseurs internationaux sur le marché des capitaux. Car les collectivités marocaines présentent des besoins d’investissement très importants dans de nombreux domaines (notamment l’assainissement et les transports publics). Les autorités de tutelle souhaitent rendre les collectivités locales plus aptes à élargir leurs sources de financement, aujourd’hui limitées au seul Fonds d’équipement communal (FEC). Cause ou conséquence de ce monopole historique, les banques marocaines méconnaissent les finances locales et les collectivités ne disposent pas d’une communication financière d’un niveau suffisant pour satisfaire les investisseurs non spécialistes. La notation de Fitch Ratings fournit aussi à la tutelle une grille d’analyse et d’identification des risques et des fondamentaux financiers sur lesquels peut s’appuyer un pilotage financier responsable. La tutelle entend s’inspirer de la démarche de notation pour améliorer son propre système de suivi des risques.

Pourquoi le choix de ces villes et pas d’autres comme Agadir ou Tanger ?
Le choix a été fait de sélectionner dans un premier temps trois communes, Casablanca, Salé, Marrakech, importantes en termes de démographie, de taille de budget, de besoins d’investissements à venir et, parmi celles-ci, en particulier, des communes urbaines qui pourraient être candidates à des émissions sur les marchés de capitaux (comme Casablanca). D’autres villes, si elles le souhaitent, pourront recourir à la notation.

L’exercice de notation sera-t-il reconduit avec d’autres villes marocaines ?
Il serait très intéressant d’élargir l’éventail des villes marocaines notées, pour donner à la notation toute sa dimension comparative. Dans plusieurs pays, le spectre des collectivités publiquement notées est très large, comme par exemple en Italie (plus de 50), en France (une quinzaine) et en Espagne (une vingtaine), avec des notes différenciées permettant de comparer de manière pertinente les collectivités entre elles (note + rapport de notation détaillé sur chaque collectivité, expliquant les fondamentaux de la note et les facteurs susceptibles de la modifier à la hausse ou à la baisse).