Affaires
Céréales : une bonne récolte pour la troisième année consécutive
87,6 millions de quintaux, la deuxième plus bonne récolte enregistrée depuis 15 ans. Une pluviométrie régulière a permis le bon développement des épis. Au-delà du facteur climatique, l’utilisation de semences sélectionnées d’engrais et la mécanisation ont favorisé la hausse du rendement à l’hectare.
Attendue chaque année comme indicateur de la santé de la saison agricole, la récolte prévue des trois principales céréales que produit le Maroc a été annoncée, comme c’est devenue l’habitude, lors des Assises de l’agriculture qui se tiennent en marge du SIAM, le salon officiel du secteur, le 26 avril. Il faut dire qu’en dépit d’une faible part dans la valeur ajoutée agricole, au regard des cultures maraîchères et arboricoles, la céréaliculture revêt une importance stratégique puisqu’elle occupe 60% des 8,7 millions d’hectares qui constituent la superficie agricole utile du pays et procure de l’emploi à une grosse part des habitants du monde rural. Il n’est donc pas étonnant que les 87,6 millions de quintaux prévus, dont l’annonce a été faite par Aziz Akhannouch, ministre de tutelle du secteur, constituent une nouvelle de taille. Certes, et il faut le préciser, le chiffre reste de l’ordre de la prévision et il faudra attendre fin mai pour affiner le chiffre, mais à moins d’aléas climatiques majeurs (chergui prolongé, grêle, succession de journées chaudes et froides …), le résultat final sera en phase avec le prévu.
Ces 87,6 millions de quintaux constituent la deuxième meilleure récolte depuis la saison 2000-2001, après le record enregistré en 2008-2009, saison au cours de laquelle on avait enregistré 101,6 millions de quintaux. Mais, surtout, le cru de cette année correspond à celui de la troisième année consécutive de bonne récolte puisque la précédente saison s’était soldée par un score honorable de 75,4 millions de quintaux.
Bien entendu, la plupart des superficies étant de type bour, le facteur climatique reste et demeurera encore le principal élément conditionnant le niveau de la récolte. Or, et alors qu’en 2009-2010 les pluies avaient tardé jusqu’au 20 décembre, cette année, les premières précipitations sont apparues en septembre déjà et, plus important, sont devenues régulières à compter de la mi-novembre, avec des écarts d’à peine 20 à 30 jours entre deux périodes pluvieuses. Ce calendrier a non seulement favorisé le bon développement des plants mais également incité les agriculteurs à procéder aux semis précoces qui donnent de bons rendements. La campagne aurait même pu dépasser les 90 millions de quintaux, n’eût été le déficit hydrique qui a touché trois régions que sont le sud, le Haouz et l’Oriental, ou encore les quelques jours de chergui survenus vers le 10 avril et qui ont freiné le remplissage des grains. Mais la pluviométrie n’explique pas, à elle seule, le niveau de la récolte. D’autres facteurs ont joué. En premier lieu, l’usage de semences sélectionnées. Il faut rappeler qu’en 2009-2010, les agriculteurs en avaient acquis pour 1,2 million de quintaux et une partie de la récolte y correspondante a donc été réservée à usage de semences pour l’actuelle campagne. A cela s’ajoute le million de quintaux acquis cette année, le tout donnant un blé de meilleure qualité que d’habitude. En deuxième lieu, on trouve le facteur mécanisation, favorisant un meilleur travail du sol. Les 4 000 tracteurs acquis en 2008, 7 200 en 2009 et 4 500 autres en 2010 ont visiblement permis aux agriculteurs d’améliorer leurs performances. Enfin, et troisième élément favorisant la bonne récolte, un bon usage des engrais. Le résultat de tout cela est un rendement assez élevé puisqu’il a atteint 17,2 quintaux par hectare, alors que pour une superficie emblavée d’une plus grande étendue, en 2002-2003, qui été pourtant une bonne année, il n’a été que de 14,8 qx/ha. Et c’est justement cela que vise le Plan Maroc vert à travers ses mécanismes d’incitation à l’achat d’intrants et de matériel, ses projets d’agrégation et la mise en place du Conseil agricole. Certes, la pluviométrie restera prépondérante dans le résultat, mais l’idée est de doper les rendements de sorte qu’avec un peu moins de précipitations on puisse atteindre une production moyenne de 70 millions de quintaux, de manière régulière.
