Affaires
Ce que propose Ahmed Chami pour le secteur industriel
Finis les contrats par secteurs. Le ministre propose un contrat-programme global pour toute l’industrie
Il sera signé en novembre prochain avec la CGEM n L’Agence pour le développement des investissements pour début 2009
Plateformes industrielles intégrées, formation, climat des affaires…, de gros chantiers seront ouverts
1,1 milliard de DH déjà prêts pour la mise en œuvre.

«Aller plus vite et aller plus loin». C’est ce que souhaite faire Ahmed Réda Chami, ministre de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies, qui a présenté au Souverain la Vision pour le développement du secteur industriel marocain.
L’annonce de ce plan d’action, qui intervient trois années après le Plan Emergence pour le développement de l’industrie, soulève deux interrogations majeures : Emergence, la première stratégie industrielle n’a-t-elle pas donné les résultats escomptés ? Ses objectifs n’ont-ils pas été atteints ?
A ce sujet, Ahmed Chami, d’entrée de jeu, se veut clair et précis : «La Vision pour le développement du secteur industriel marocain est basée sur le Plan Emergence qui a d’ailleurs donné des résultats très probants. Maintenant, l’objectif est d’accélérer le rythme de travail et de concrétisation des diverses mesures qui ont été retenues en 2005».
Cette nouvelle vision se veut être, explique le ministre, «une nouvelle étape dans le développement du secteur industriel qui a un impact massif indéniable sur l’emploi, sur la balance commerciale et enfin qui joue un rôle important dans l’attraction des investissements directs étrangers».
Pour toutes ces raisons et pour accélérer le rythme des concrétisations des divers chantiers, il est prévu une large concertation entre acteurs publics et privés en vue de décliner cette vision en plans d’action précis. Lesquels seront consolidés dans un contrat-programme qui sera, selon Ahmed Chami, signé en novembre 2008 entre le gouvernement et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).
Quid des autres contrats-programmes déjà signés et ceux en cours de l’être ? Et quid aussi des spécificités des secteurs ? «Le fait de signer un contrat global pour tout le secteur n’empêche pas de prendre en considération ces spécificités», rassure le ministre. Mais c’est là une grande nouveauté dans la démarche que d’opter pour un contrat unifié.
Par ailleurs, et pour que le Maroc ne rate pas le train de la refonte de la carte de la production industrielle européenne, il est prévu de mettre en place l’Agence de développement des investissements dont les textes juridiques sont actuellement au niveau du secrétariat général du gouvernement (SGG). Ils seront publiés d’ici la fin janvier 2009.
Cette agence, qui remplacera l’actuelle direction des investissements, s’occupera «du branding de l’offre marocaine et de sa promotion, du démarchage des investisseurs étrangers, de l’accompagnement des investisseurs et aussi de la veille compétitive», indique M. Chami.
L’agence disposera des moyens matériels et humains lui permettant de mettre en place les Offres Maroc et de les promouvoir. Le rôle de l’agence est crucial, estime Ahmed Chami, car «actuellement la carte des investissements industriels est en pleine mutation en Europe. Et le Maroc doit profiter de cette restructuration de la carte industrielle européenne et attirer un grand nombre d’investisseurs étrangers».
En plus de la création de l’agence, la Vision s’articule autour de quatre autres axes précis.
Le premier axe s’inscrit dans le prolongement direct du Plan Emergence visant le développement des sept métiers mondiaux du Maroc tels qu’ils ont été définis par le Plan Emergence, en l’occurrence l’offshoring, l’aéronautique, l’automobile, l’électronique, le textile, l’agroalimentaire et l’industrie de transformation des produits de la pêche.
Leur développement se fera grâce à la création des plateformes industrielles intégrées (P2I), une des nouveautés apportées par M. Chami. Ce projet sera financé par le Fonds Hassan II qui a accordé une enveloppe de 500 MDH. Le ministre de l’industrie s’est engagé à réaliser ce projet dans un délai de 18 mois.
La première plateforme industrielle intégrée sera implantée à Kénitra où un terrain a déjà été acquis. Le ministère fera appel à un aménageur et la gestion sera donnée en concession. Les autres P2I seront situées à Nouaceur, Had Soualem, Tanger et enfin Fès dans le quartier industriel de Bensouda.
Un centre de médiation pour améliorer l’environnement des affaires
L’intégration de ces plateformes se fera au niveau des services pour garantir aux investisseurs tous les facteurs de compétitivité et l’écosystème administratif, logistique et télécoms. Pour le ministère de l’industrie et du commerce, ces P2I doivent être au même niveau que la New Songdo City en Corée du Sud ou encore le Pôle d’Excellence Européen de Roissy en France.
Le développement industriel, et c’est là le deuxième axe du plan Chami, se fera aussi par le biais de la modernisation du tissu industriel existant. Mise à niveau, rebaptisée «modernisation compétitive», peu importe l’appellation, l’essentiel étant le contenu, selon Ahmed Chami.
Ce dernier, qui penche plutôt pour un «Plan performance», explique qu’il s’agira d’accompagner l’entreprise, essentiellement les PME, au niveau de tous les stades de son développement depuis la création et pourquoi pas de faciliter les regroupements et fusions pour donner des champions nationaux.Pour cela, une enveloppe de 600 MDH a été octroyée à l’ANPME qui doit accompagner ce projet.
Très souvent critiqué, le climat des affaires constitue le troisième axe de la Vision pour le développement intégré du secteur industriel marocain. Amélioration des processus, actualisation des principaux textes juridiques relatifs à l’investissement et création de poches d’excellence administrative sur les P2I sont autant d’actions qui seront concrétisées pour assainir l’environnement des affaires. Un centre de médiation regroupant la CGEM et le GPBM est constitué pour plancher sur ce chantier d’amélioration du climat des affaires.
Reste la formation, quatrième point. M. Chami qui précise que «ce chantier ne pourra se faire qu’avec une contractualisation de l’Etat et la CGEM car le secteur privé doit impérativement exprimer ses besoins en main-d’œuvre pour pouvoir atteindre une meilleure adéquation entre les besoins et les profils».
C’est dans ce cadre que s’inscrit la création de deux instituts des métiers de l’automobile et de l’aéronautique.
L’objectif étant, conclut le ministre de l’industrie, de faire du Maroc une plateforme d’exportation à l’horizon 2015.
