Affaires
Casablanca : L’offre de foncier industriel est loin d’être suffisante !
L’arrivée d’une nouvelle classe d’investisseurs qui mise sur de petites unités industrielles de transformation joue en faveur des nouvelles zones. Les expériences menées depuis 2003 ont été une réussite grà¢ce au modèle mis en place. Les communes qui sont associées à ces projets font également un effort pour offrir une infrastructure de qualité.

Quel état des lieux faites-vous de l’offre de foncier industriel dans la ville de Casablanca ?
La métropole souffre depuis des années d’une réelle pénurie de foncier industriel. Et ce déficit s’est aggravé avec l’arrivée d’une nouvelle classe d’investisseurs qui mise sur de petites unités industrielles de transformation. Ces derniers évitent de s’installer dans les zones industrielles historiques de la capitale économique et cela pour de nombreuses raisons. D’abord, le prix du mètre carré reste cher. Ensuite, ces quartiers, dans la quasi-totalité des cas, ne répondent pas aux normes de sécurité. Cette situation joue en faveur des nouvelles zones qui sont de plus en plus sollicitées par les entreprises. Mais aujourd’hui, l’offre est loin d’être suffisante.
Quels avantages peut-on tirer d’une installation dans une zone industrielle ?
L’installation dans une zone industrielle facilite le quotidien de l’investisseur. Premièrement, au moment de l’implantation, l’entrepreneur se contente de déposer son dossier auprès du guichet unique de la zone qui s’occupe de toutes les procédures administratives nécessaires. Deuxièmement, la société de gestion de la zone gère toutes les activités annexes, entre autres le gardiennage, la collecte des déchets et leur évacuation, l’entretien des bâtiments… Cela permet à l’entrepreneur de se concentrer sur son corps de métier. Enfin, sur le volet financier, une implantation dans une zone industrielle revient nettement moins chère qu’ailleurs. Le prix du foncier est tellement élevé par ailleurs que l’investisseur se trouve obligé de bloquer tous ses capitaux dans le terrain et de s’endetter pour pouvoir démarrer son activité. Or, avec la formule de location que proposent les zones industrielles, l’investissement dans le foncier devient faible. Résultat, l’entrepreneur peut garder ses capitaux pour l’achat de matériaux et le lancement de l’activité.
La zone industrielle de Bouskoura a été une expérieuce pilote dans le Grand Casablanca. Quel est le plus qu’elle a apporté aux industriels ?
La zone de Bouskoura est une expérience pilote dans la mesure où nous avons réussi à mettre à la disposition des investisseurs du foncier à un prix raisonnable, tout en évitant les problèmes rencontrés auparavant dans l’élaboration des quartiers industriels, notamment la spéculation. Cette réussite est due en premier lieu à notre modèle de location. Nous avons également mis en place une société de gestion pour maintenir le parc dans la durée. De plus, pour faciliter à la fois la vie des patrons et des salariés, nous avons installé au sein de la zone des établissements de restauration, une agence bancaire, une pharmacie et des commerces. Ce modèle est une réussite.
Sur quels critères vous vous basez pour choisir les entreprises ?
Nous avons une commission qui étudie les dossiers de candidature déposés par les entreprises intéressées par une imminente implantation. L’admission de la demande est tributaire de plusieurs critères tels que la nature de l’activité, l’importance de l’investissement, la valeur ajoutée et le nombre d’emplois créés. Aussi, toutes les entreprises qui veulent s’installer doivent répondre à un cahier des charges qui exige que l’activité industrielle de l’entreprise doit être non polluante. Je tiens à préciser également qu’on est sur un parc multisectoriel avec de multiples nationalités. Nous avons des entreprises nationales, mais également françaises, espagnoles, italiennes…
Vous avez précisé que la création d’emplois est l’un des premiers critères d’admission des demandes d’implantation des entreprises. Est-ce que les postes créés par les deux zones de Bouskoura et Ouled Salah ont profité aux habitants de ces régions ?
Malheureusement non. Cela était la grande contrainte du début. Les entreprises installées dans la zone de Bouskoura ne trouvaient pas de la main-d’œuvre qualifiée parmi les habitants de cette région. Ces derniers travaillaient presque tous dans les secteurs du bâtiment, l’agriculture et autres. Autrement dit, c’est une main-d’œuvre sans aucune qualification. Pour surmonter cet obstacle, toutes les entreprises ont loué ou acheté des autocars pour transporter leurs salariés qui habitent à Casablanca. En revanche, avec le développement de Bouskoura, qui est passée d’un petit village à une véritable ville, on remarque qu’il y a de plus en plus de personnes qui s’installent et travaillent dans la région. Cette tendance est dynamisée par l’avènement de grands projets résidentiels pour toutes les classes sociales. Le problème du recrutement est actuellement dépassé. Les entreprises arrivent à trouver des salariés tous grades confondus qui habitent dans la région. Cependant, le problème se pose encore au niveau de la zone d’Ouled Salah. Mais nous sommes confiants qu’avec le temps nous allons pouvoir surmonter cet obstacle.
Est-ce que les infrastructures des deux communes permettent de recevoir ce type de zones industrielles ?
Il faut dire qu’on est sur un modèle de parcs quasiment novateur en termes de services. Les communes n’assurent pas les services habituels au sein du parc, à savoir l’éclairage public, la maintenance des voies et le ramassage des ordures. C’est notre société de gestion qui assure ces services. Pour mémoire, lorsque nous avons décidé de lancer le projet en 2003, Bouskoura n’était pas celle d’aujourd’hui. Il n’y avait ni routes ni éclairage public à l’extérieur du village. Toutefois, après le démarrage du parc, plusieurs entrepreneurs immobiliers et restaurateurs nous ont suivis et ont investi dans la région. Cela a accéléré le développement de cette ville. Pour preuve, nous avons actuellement le transport en commun, un service qui n’était pas présent auparavant. Bouskoura est également dotée de deux accès directs à l’autoroute. Nous avons vraiment senti la montée en puissance de la région. Il faut dire que le parc lui a donné de l’attractivité car la commune est impliquée dans le projet. Présente dans le tour de table de la société de gestion, la commune de Bouskoura profite non seulement des taxes versées par les entreprises au moment de leur installation mais également des bénéfices que dégage le parc chaque année. Concernant Ouled Salah, nous avons exigé les mêmes conditions en termes d’équipement et d’environnement imposées dans le cahier des charges de Bouskoura. Aujourd’hui, les infrastructures de cette région s’améliorent peu à peu.
