Affaires
Casablanca : 500 000 arbres seront plantés d’ici 2020
Dans l’impossibilité de mobiliser le foncier pour s’aligner sur les standards internationaux en termes de verdure, la ville de Casablanca s’efforce d’entretenir et de réhabiliter ses espaces verts existants avec un budget de 62 millions de DH. En plus des arbres, 48 jardins de proximité seront réhabilités. Plusieurs espaces verts sont en cours d’aménagement.
ACasablanca, les intempéries donnent comme à l’accoutumée du fil à retordre aux agents et délégataires de la division des espaces verts. Mais pas autant que le «petit budget» alloué par la ville de Casablanca à ces espaces. «Avec un budget de 62 MDH, nous devons entretenir 420 ha d’espaces verts, en plus des pelouses des installations sportives, maintenir et renouveler les réseaux d’arrosage ainsi qu’acquérir des fournitures et gérer les deux pépinières communales», confie Abdelghani Sadiki, chef de division des espaces verts à la commune de Casablanca. Incapable d’accroître la superficie des espaces verts du fait de la rareté du foncier, la ville s’efforce d’entretenir ceux qui existent et de réhabiliter ceux qui ont été laissés à l’abandon auparavant. «Nous sommes dans une logique de sauvetage», concède, sur un ton amer, notre interlocuteur. Résultat : la ville est à des années-lumière des 10 à 15 m2 d’espaces verts par habitant, la fourchette des ratios recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). A Hay Mohammadi, ce ratio est, selon les estimations de la division des espaces verts, de 0,35, alors qu’à Anfa où les riverains sont mieux lotis, il atteint 7m2. «Il faut relativiser ces ratios car ils ne concernent que les espaces gérés directement par la Ville. Il est impossible de les définir avec exactitude sans un recensement général qui prend en considération les espaces verts situés dans les propriétés privées comme les résidences, les villas, les clubs, et ceux des infrastructures publiques», soutient
M. Sadiki.
Opération «Un arbre par foyer»
Pour sauver les meubles dans le sillage de sa politique de réhabilitation, la ville de Casablanca a mis en place trois plans depuis 2017. Le plus ambitieux parmi eux est le plan dénommé «Un arbre par foyer». L’idée derrière cette opération est de planter 500 000 arbres — qui devraient s’ajouter à 350000 arbres existants — pour atteindre le standard d’un arbre par foyer. La moitié sera plantée par la Ville sur une période de quatre ans alors que l’autre moitié sera plantée par la société de développement local (SDL) Casa aménagement. Activée en 2017, l’opération «Un arbre par foyer» a donné lieu à la plantation de 7000 arbres en 2017. «Nous avons prévu quatre sources d’approvisionnement. La ville puisera dans son stock qui se situe entre 20 000 et 25 000 arbres, les entreprises privées qui répondront aux appels d’offres dont la moitié ont été attribués et les arrondissements apporteront leur contribution. Une bonne partie de ces arbres seront plantés dans les jardins de proximité réhabilités», détaille M. Sadiki. L’écrasante majorité de ces arbres seront issus de l’espèce Ficus Retusa, qui constitue 75% du patrimoine arboré de la ville– dont une bonne part plantée à l’époque coloniale. «Cette espèce est parfaitement adaptée au climat méditerranéen de la ville et est facile à entretenir», explique-t-il.
Quant au deuxième plan de la Ville, il concerne la réhabilitation des jardins de proximité. La cible ? 48 jardins d’une superficie globale de 74 hectares. Square des fleurs, jardin du boulevard Houphouët-Boigny, El Houda, Chahid Ben Saleh, Chtaïba…. Ces jardins sont répartis à égalité entre les 16 arrondissements de la ville. Si la phase des études a été entièrement bouclée en 2017, le démarrage n’a pas encore eu lieu puisque la commune n’a pas réglé la budgétisation, selon notre interlocuteur. «Ces programmes ne sont pas financés par le budget de notre division, mais font l’objet de financements apportés par la commune», ajoute
M. Sadiki.
Enfin, le troisième plan a trait à l’épineuse question de la gestion de l’eau dans les espaces verts. Le projet consiste en la construction de 24 forages et puits solaires dont 8 au niveau de l’autoroute et 16 dans les arrondissements.
Mises en place pour arroser les jardins et les parcs, les installations hydriques sont souvent détournées au profit de commerces et de gardiens qui en profitent à leur fin. Ce qui fait augmenter les factures et encourager le gaspillage d’eau. «C’est de là qu’est venue l’idée de nous lancer dans le pompage solaire et dans la réduction de la part de la végétation au profit de la composante mobilier urbain», explique M. Sadiki. L’appel d’offres a été remporté et les travaux — d’une durée de trois mois — devront commencer en mai prochain.
Casa aménagement à la rescousse
Du reste, la ville de Casablanca peut compter aussi sur les projets d’aménagements paysagers en cours de réalisation par Casa Aménagement dans le cadre du Plan de développement du Grand Casablanca 2014-2020 (PDGC). Selon son patron, Driss Moulay Rchid, les projets d’aménagements paysagers — dont les espaces verts sont une composante parmi d’autres — se taillent entre 7 et 10% du budget global de l’aménagement, soit entre 350 et 400 MDH.
Réhabilitation du parc de la Ligue arabe (30 ha), réaménagement des corniches, programme de mise à niveau des voiries, forêt de Bouskoura-Merchich, réhabilitation du jardin de la Cité plateau…Ce sont là quelques projets comprenant des aménagements en espaces verts et palettes végétales, mais sont-ils suffisants ? «Il y a un gap énorme vis-à-vis des normes et standards internationaux. Nous ne pouvons pas parler d’alignement sur ces derniers sans résoudre le problème de la mobilisation du foncier, mais nous essayons de maximiser la création de verdure dans nos projets», précise Driss Moulay Rchid.
Pour ce qui est des espèces végétales, Casa Aménagement ambitionne de diversifier le patrimoine arboré en optant pour d’autres espèces autres que le Ficus Retusa et celles du palmier. Au niveau de l’autoroute urbaine, l’objectif à terme est de doter chaque sortie de la ville d’une identité unique. C’est dans ce sens qu’est prévue la construction dans les mois à venir d’un arboretum sur 10 ha au niveau du nœud A (sortie sud de Casablanca près du siège de l’OCP) pour tester un large éventail d’essences d’arbres. Dossier à suivre.