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Un système d’information performant comme levier de performance logistique

Dans un environnement de plus en plus complexe, le pilotage de la chaîne logistique requiert la mise en œuvre d’un système d’information performant. Un système d’information logistique doit, d’une part, être aligné stratégiquement sur les processus métiers, et, d’autre part, sur les objectifs de l’entreprise.

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logistique
Rabii El Gomri Docteur et professeur de Supply chain management à l’ISTL

Rabii El Gomri
Docteur et professeur de Supply chain management à l’ISTL

Dans notre précédent article (*) sous le thème : «Modéliser et améliorer par les processus», nous avons expliqué que l’analyse, l’optimisation et l’amélioration de la chaîne logistique se réalisent de façon holistique en adoptant une approche systémique et dont les flux matériels et les flux d’information s’interagissent entre partenaires de la même chaîne pour satisfaire les besoins du client final et répondre à une demande réelle ou latente. Cela ne peut aboutir qu’à travers un système d’information intégrant tous les processus de la chaîne logistique du fournisseur des fournisseurs au client des clients suivant le modèle d’implémentation des SC appelé SCOR (Supply chain operations reference).

L’optimisation logistique se fait au sein d’un système. Elle est plus complexe qu’elle n’a été habituellement présentée, car elle prend en considération trois dimensions : taux de service, productivité et rentabilité financière. En effet, la logistique est une démarche systémique dans laquelle le système est variable selon l’objectif et l’optimisation à effectuer.

In fine, l’objectif des entreprises est de repenser le réseau tout entier pour établir des groupes de sociétés étroitement reliées entre elles et focalisées sur un segment de marché ou un secteur industriel. Ces constellations mettent en commun leurs ressources pour établir un avantage concurrentiel construit ensemble. A ce stade, les entreprises ont compris que la recherche de partenaires est la clé du succès pour développer un avantage compétitif. Bien que le management de la supply chain interne ait apporté de nombreux bénéfices, les entreprises partout dans le monde considèrent maintenant que le véritable bénéfice résultera d’un management global de la Supply Chain du fournisseur jusqu’au client final.

Dans ce modèle, l’efficacité et l’efficience de la Supply Chain reposent sur la conception et la mise en œuvre de processus transversaux. Le référentiel SCOR part du principe que toute Supply Chain se compose de cinq processus métiers : processus de planification (plan), d’achat/approvisionnement (source), de fabrication (make), de livraison (deliver) et de la gestion des retours amont et aval (return). Ces processus et sous-processus s’interagissent de façon dynamique pour répondre aux besoins interne et externe de la chaîne, l’interaction et la coordination se réaliseront par l’existence d’un système d’information logistique, aligné stratégiquement, d’une part, sur les processus métiers, et, d’autre part, sur les objectifs de l’entreprise.

Donner plus d’importance à l’alignement du SI sur la stratégie au lieu de se focaliser sur le côté technique

Pour réaliser son objectif, le système d’information (SI) doit tenir compte de trois aspects fondamentaux : l’organisation de l’entreprise, la technologie appliquée et le type de management.

En effet, un système d’information intégré de type ERP par exemple ne peut pas être opérationnel dans une organisation purement hiérarchique, caractérisée par un réel manque de communication entre les processus et une architecture fonctionnelle cloisonnée. La phase de paramétrage désignée par «le blueprint», l’étape de définition des processus métiers en coordination avec les objectifs de l’entreprise et du système d’information pris de façon systémique, est fondamentale pour la réussite du projet d’intégration du système dans la chaîne logistique. Dans le cas inverse, l’échec de ces projets serait inéluctable. D’après des études de Standish Group, Harvard Business Review, McKinsey et l’université d’Oxford, environ 70% de ces projets IT subissent des échecs, d’où l’intérêt de donner plus d’importance à l’alignement du SI sur la stratégie au lieu de se focaliser sur le côté technique. Le modèle SCOR soutient cet alignement.

Le système d’information logistique est également garant du bon fonctionnement de la chaîne logistique étendue, car il permet une intégration des processus métiers pour arriver ensemble à satisfaire les besoins du client en livrant le bon produit au bon endroit et au bon moment avec une qualité souhaitable et des coûts optimisés de façon rationnelle. L’intégration se manifeste en amont en connectant notre chaîne avec celle des fournisseurs par le module ERP-SRM (Supplier Relationship Management) et en aval avec celle des clients, par le biais du module ERP-CRM (Customer relationship management) suivant le schéma de notre réseau de distribution. Les modules de ce système intégré sont connectés aux processus métiers et les processus de soutiens de l’entreprise suivant un plan d’urbanisation informatique et une architecture technico-fonctionnelle prédéfinis.

Au niveau de cette architecture, les systèmes d’informations de niveaux Exécution (SCE pour Supply Chain Exécution), Opérationnel (ERP pour Enterprise Ressource Planning) et Tactique et Stratégique (APS pour Advanced Planning Scheduling) sont intégrés moyennant des interfaces de communication qui permettent le partage de l’information et l’échange de flux intra et interentreprises de la même chaîne logistique, et qui en plus d’être lean (gestion allégée ou au plus juste), rendront ces chaînes plus agiles et plus performantes dans le long terme.

(*) Article publié dans l’édition du 20 mai 2016.