Carrière
Siham Ennajbi : La priorité doit être donnée à la guérison du malade
Des contrats d’assurance couvrant les maladies chroniques et une partie des dépenses qu’elles engendrent sont nécessaires et permettent de mieux faire face aux maladies longue durée. Les managers opérationnels, avec l’aide de la DRH, ont un rôle considérable à jouer auprès du collaborateur/patient.
Tolérance, flexibilité et arrangement constituent les meilleurs moyens pour gérer les maladies de longue durée. Siham Ennajbi, DRH de Sodexo Maroc, nous raconte comment l’entreprise a géré ces cas.
Quelle attitude faut-il adopter face à un cas de maladie longue durée ?
D’abord, laissez-moi vous rappeler que Sodexo se définit avant tout comme la communauté de ses collaborateurs, de ses consommateurs et de ses actionnaires. Notre raison d’être : satisfaire leurs attentes. Notre croissance doit avoir un sens pour toutes ces parties prenantes. C’est pour cette raison que nous restons fidèles à notre vocation, nos valeurs et nos principes éthiques qui nous guident depuis 1966.
Parmi ces derniers, le respect de la personne qui a une place prépondérante. Chez Sodexo, il se définit ainsi : «Quels que soient leur race, leur origine, leur âge, leur sexe, leurs croyances, leur religion, leur choix de vie, tous les collaborateurs de Sodexo ont une égalité des chances à compétences égales. Améliorer la qualité de vie, c’est aussi accorder à chacun respect, dignité et considération».
L’être humain étant au cœur de notre entreprise, il ne peut en être autrement pour nous.
Pour revenir aux maladies longue durée, ces dernières sont souvent des maladies chroniques engendrant un bouleversement psychologique du collaborateur/patient ainsi que des frais imprévisibles. Face à un cas de maladie longue durée, l’entreprise peut soit :
avoir anticipé ce type de situation afin de pouvoir ainsi assurer une certaine sécurité ; à travers des contrats d’assurance couvrant les maladies chroniques et une partie des dépenses liées ;
être capable de réagir en urgence pour solutionner un cas non prévu.
Chez Sodexo, nous avons essayé de parer à ces deux cas de figure.
Nous avons d’abord procédé à une amélioration régulière de notre contrat d’assurance. Ensuite, nous essayons de faire preuve d’une bonne réactivité au moment opportun.
Les managers opérationnels, avec l’aide de la direction des ressources humaines, ont un rôle important à jouer auprès du collaborateur/patient. Que ce soit par le biais de soutien psychologique ou financier, de disponibilité et d’écoute, de réactivité, voire de la mise en place d’une flexibilité en termes de temps de travail durant les heures, ou jours, de traitement.
Sodexo Maroc a eu récemment le prix de la diversité (catégorie inclusion et retour à l’emploi-malade longue durée). Quelle a été la problématique plus exactement et comment l’entreprise a pu la gérer ? C’est avec une grande fierté et joie que nous avons appris que nous étions les gagnants de ce trophée de la diversité pour la catégorie Intégration et retour à l’emploi maladie longue durée. Cela vient récompenser des efforts que nous mettons en œuvre depuis plusieurs années pour être à l’écoute de nos collaborateurs.
Je citerais, à cette occasion, une phrase d’Elisabeth Carpentier, DRH du groupe Sodexo, qui illustre fort bien notre souci pour nos collaborateurs : «Nous avons la conviction qu’améliorer la santé, le bien-être et plus généralement la qualité de vie contribue au progrès de nos collaborateurs et renforce leur engagement».
Pour vous expliquer d’où vient cette problématique, nous allons remonter à 2008. Cette année, l’une de nos collaboratrices nous a informés qu’elle était atteinte d’une insuffisance rénale nécessitant deux dialyses par semaine. Elle nous a également fait part de son inquiétude quant au financement de son traitement et à l’incidence que cette affection pourrait avoir sur son travail. Dans un premier temps, nous l’avons, bien entendu, rassurée : il était hors de question qu’elle perde son travail pour cause de maladie longue durée. Cela ne fait absolument pas partie de nos valeurs et n’entre pas dans le cadre de notre politique de ressources humaines.
Nous avons ensuite contracté une assurance complémentaire dont la couverture pouvait aller jusqu’à un million de DH par an et par employé. Après les premiers soins, cette collaboratrice a pu reprendre rapidement son travail. Aujourd’hui, elle bénéficie de deux jours payés par semaine pour suivre son traitement.
Ce cas n’est qu’un exemple parmi d’autres. Mais il a été l’un des premiers qui nous ont amenés à avoir une réflexion approfondie en matière de maladie longue durée.
Etant une entreprise de plus d’un millier de collaborateurs, nous avons fort malheureusement eu d’autres cas de maladie longue durée qui se sont présentés avec des durées d’absence allant jusqu’à deux années complètes. Ces collaborateurs/patients ont tous bénéficié d’un accompagnement et nous avons garanti leur contrat de travail.
Les collaborateurs/patients souffrant de ce type de maladie longue durée accueillent très positivement cette initiative et les autres se sentent également rassurés par l’existence de cette disposition.
Quelles sont les dispositions juridiques prévues pour aider le malade à se maintenir dans son travail ?
A notre connaissance, il n’existe pas de dispositions juridiques traitant directement de la question d’aide au malade à se maintenir dans son travail. Les textes relatifs aux services médicaux au travail évoquent le rôle du médecin en tant que conseiller auprès de la direction de l’entreprise. Mais il serait en effet opportun d’instaurer quelque chose dans ce sens.
Y a-t-il une procédure particulière pour les maladies longue durée ?
Nous n’avons pas de procédure spécifique aux maladies longue durée mais notre process est bien maîtrisé par le département des ressources humaines et par le management de proximité qui en est informé et qui nous soumet toute demande de manière très réactive.
De son côté, comment l’employé concerné peut-il gérer cette situation ?
Généralement, être dans une telle situation déclenche souvent un choc psychologique et suscite beaucoup de questionnements.
Au-delà de la période nécessaire à l’acceptation de la maladie, de la communication avec son médecin et son entourage familial, il est important pour ce collaborateur de ne pas s’isoler et de ne pas hésiter à en parler à son manager. Ensemble, nous pouvons revoir ses objectifs en fonction de sa situation, l’accompagner pendant sa période de soins, l’aider si besoin est pour faire face à certaines situations imprévues…
Sodexo est une entreprise à très forte intensité humaine et, Pierre Bellon (fondateur du groupe) a pour habitude de dire : «Ce n’est pas un homme, ou une femme, qui gagne mais c’est une EQUIPE qui gagne». Notre réactivité, notre souci pour nos collaborateurs et notre suivi sont primordiaux pour arriver à maintenir cette équipe.