Carrière
Se déconnecter durant les vacances
Difficile de se déconnecter ? Certains optent pour les centres de workation, des espaces communs pour favoriser l’échange. Certains choisissent une nouvelle forme de tourisme : passer ses vacances dans des hôtels sans connexion.
Pour passer des vacances reposantes, il faut s’organiser. La cure démarre avant de partir en vacances, dès que vos congés sont accordés, faire un planning des tâches à effectuer.
Par exemple, faites des «TO-DO LIST» pré-congés. Vérifiez où vous en êtes au fur et à mesure pour ne pas vous retrouver les pieds dans l’eau en train de stresser sur un dossier urgent, s’assurer que les dossiers prioritaires sont suffisamment avancés et qu’il n’y aura pas d’urgence majeure en votre absence…
Pensez aussi à informer vos clients et collaborateurs de votre absence, pour qu’ils puissent s’organiser. Par exemple, en indiquant la date de vos congés dans votre signature de mail et briefer ses collègues, en leur indiquant où vous en êtes sur chacun de vos projets.
Créer un message d’absence automatique. Précisez vos dates de vacances et la personne à contacter en cas d’urgence. Et pour vraiment se déconnecter du travail, il faut en plus de changer de cadre, changer ses habitudes du quotidien et ne pas travailler pendant son temps libre.
Pour ne pas être sollicité lors de ses vacances, en tant que manager, il faut montrer l’exemple à ses salariés en se déconnectant.
Durant les vacances, choisir un lieu sans réseau ou avec très peu de débit. Au pire, vous recevrez les appels voire les SMS de boulot, mais pas vos mails et autres fichiers hyper-lourds.
Se déconnecter volontairement
Une fois en vacances, éteindre les portables, débrancher les chargeurs ?
Tous connectés en mode «FOMO» (Fear Of Missing Out).
Les motivations ? D’abord la peur de rater une info importante. Et surtout le smartphone qui leur notifie la moindre nouvelle, le moindre message, des outils numériques qui les tiennent en haleine… et en stress.
Selon l’étude Mobile Report 2019, le mobile est la première source d’accès à internet au Maroc en 2019. Avec une généralisation sur le territoire de l’utilisation des téléphones portables de 99,8% chez les ménages, que ce soit au niveau urbain ou rural.
Toute personne qui côtoie un adolescent aujourd’hui pourra le confirmer. Ces consommateurs de demain pianotent à longueur de journée, décrivant leur vie sur les réseaux sociaux. Très gros utilisateurs de SMS, ils sont très fréquemment connectés à l’internet mobile, regardant constamment s’ils ont un message.
La contagion est aussi forte chez les 30-60 ans qui sont en quelque sorte «multi-addicts»: ils passent de l’ordinateur au mobile, à la tablette en une journée. Combien de cadres consultent leurs messageries et mails professionnels le week-end et pendant leurs congés.
Un besoin encore plus flagrant pour les voyageurs d’affaires qui ont quasiment leur bureau à portée de main; donc, pouvoir se déconnecter dans un monde hyperconnecté, est-ce un luxe ?
Concilier travail et vacances
La difficulté à se déconnecter du travail pendant les vacances concerne principalement les fonctions à hautes responsabilités et les managers : pour concilier travail et vacances, ceux qui ne peuvent pas se déconnecter choisissent d’aller dans des centres de workation, toujours implantés dans des lieux dépaysants. Ce mix entre «work» et «vacation» est né il y a 10 ans aux Etats-Unis. Le principe : se rendre dans un lieu paradisiaque en bord de mer, dans une ferme, à la montagne, rencontrer de nouvelles personnes qui veulent à la fois travailler et profiter d’un cadre dépaysant et faire des activités que l’on ne fait pas au quotidien.
Il y a entre 130 et 150 espaces dédiés au workation dans le monde. Ils proposent des espaces communs pour favoriser l’échange, des activités pour découvrir d’autres personnes. Cela permet d’être plus créatifs et de nouer de nouvelles relations.
Addict au travail ?
Le workaholisme est une relation pathologique d’une personne à son travail. Cette relation se caractérise par une compulsion à consacrer de plus en plus de temps et d’énergie à son métier, au détriment des autres aspects de sa vie. Elle persiste même si les conséquences sur la santé, la vie familiale et les relations sociales sont négatives.
Cette dépendance qui suscite souvent l’admiration, peut avoir des conséquences très graves. C’est la seule dépendance valorisée.
Il faudrait se demander si se réfugier au travail n’est pas une manière de fuir une discussion de couple ou avec les enfants ; les vacances sont une occasion en or pour échanger, discuter et démarrer une relation plus saine avec de nouvelles bases et arriver à concilier vie professionnelle et vie personnelle.
Etre «workaholic» engendre un phénomène de blurring (effacement des frontières entre la vie pro et la vie perso). On risque le burn-out et aussi de voir son stress augmenter, tout l’inverse de vacances reposantes.
C’est pour cela que d’autres décident de se déconnecter complètement.
Une «Detox Digitale» pour profiter de ses pauses avec sa famille et ses amis.
Les cadres dirigeants dont le mobile est un outil de travail choisissent une nouvelle forme de tourisme : passer ses vacances dans des hôtels sans connexion ;
Ainsi, la marque hôtelière «Out of Nowhere Geolodges» est conçue pour une clientèle désireuse de se retrouver seule, entre amis, ou en famille, dans des espaces où la coupure est assurée.
Implantée en Mongolie, Out of NowHere surfe sur cette tendance, et envisage de franchiser sa marque ; une franchise qui intéresse des hôtels au Maroc selon la responsable marketing du concept ;
A Dakhla, le Dakhla-Club se place en précurseur avec un premier choix sur la désintoxication numérique imaginé comme une détente du corps et de l’esprit, au bord de la lagune avec des randonnées, des séances de méditation, des ateliers de création…
C’est aussi le but du Restival (néologisme de retraite et festival), le Taragalte 2019 qui aura lieu les 2 et 3 novembre 2019 dans le désert marocain. Au menu, écouter de la musique, de la poésie, participer à des ateliers sur l’environnement fragile du désert.
Une retraite spirituelle et un programme artistique et musical pour un relâchement total, dans le cadre très propice et garanti sans wifi des dunes de Zagora.
Ou faire comme les «geeks» de la Sillicon Valley : adopter la «digital detox».
Ce concept de détox digital est une retraite vacances axée sur le «slow down» dont le principe est sans écran, sans réseau ; avec des séances de méditation, de yoga, alliés à des menus healthy, du coaching, des retraites entre amis ou en famille, en vue de permettre une meilleure connexion à la vie, aux amis, à la famille.
Des vacances pour se reconnecter à l’essentiel. Et à votre retour, veillez à ne pas retomber dans le «total digital» dès le premier jour.
Privilégiez la relation avec les collègues plutôt que le traitement de vos centaines de messages. C’est au cours de ces conversations informelles que les sujets les plus urgents vont émerger.
Mouna Sqalli, coach certifiée