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Réussir une formation : Entretien avec Mohamed Tazi, Directeur de LMS Formation

Beaucoup d’entreprises ne savent pas gérer leur plan de formation. Il est nécessaire pour chaque société de se maintenir au même niveau que ses concurrentes en termes de budget formation de façon à ne pas se faire distancer en termes de qualité de service et de compétence du personnel

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Formation Professionnelle
Mohamed Tazi Directeur de LMS Formation

Mohamed Tazi
Directeur de LMS Formation

Pour Mohamed Tazi, directeur de LMS Formation, les cabinets sont fortement sollicités en cette fin d’année pour boucler leurs actions de formation mais aussi préparer l’ingénierie de formation pour la prochaine année.Malheureusement, les entreprises, dont beaucoup de PME, ne sont pas imprégnées de culture «formation» et ne sont pas au courant des différents mécanismes des contrats spéciaux de formation.

Généralement, ce dernier trimestre marque le bouclage des dernières actions de formation. A votre avis, quand faut-il procéder au dépôt des dossiers d’ingénierie de formation ?

Les entreprises doivent en principe procéder au dépôt des dossiers d’ingénierie fin juillet. Ceci dit, l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) accorde chaque année un délai supplémentaire pour leur permettre de le faire. Pour cette année, le dernier délai a été fixé à fin octobre.

De manière générale, elles s’y prennent donc tardivement ?

Etant donné la grande hétérogénéité des entreprises marocaines, la sensibilisation à cette question reste très contrastée. On rencontre deux cas de figure. D’abord, les entreprises qui ont compris l’importance du développement des compétences de leurs collaborateurs. La formation est au cœur de leurs préoccupations. Preuve en est, elle est soit confiée à un vice-président, soit à un service ou carrément à une direction. Généralement, ces entreprises sont bien organisées et n’ont pas de difficultés à mettre en place leur ingénierie de formation. Le deuxième cas de figure est plus courant. La formation est souvent le parent pauvre de l’entreprise et fait parfois à peine l’objet d’un dossier souvent confié à une personne non qualifiée.

Ceci dit, il est vrai que beaucoup d’entreprises attendent l’approche de la fin de l’année pour réaliser le maximum d’actions de formation. D’ailleurs, nous sommes fortement sollicités en cette période pour les accompagner.

Nous avons également observé une tendance dans le secteur public. Auparavant, les entreprises de ce secteur avaient la possibilité de réaliser des plans de formation sur trois ans. Aujourd’hui, tout plan de formation doit être lancé et clôturé dans la même année.

Comment fixer le budget de formation ?

Les sociétés de plus de 10 salariés consacrent 3,2% de leur masse salariale à la formation (alors que les cotisations de formation obligatoires représentent 1,6% de la masse salariale).

Il est nécessaire pour chaque société de se maintenir au même niveau que ses concurrentes en termes de budget formation de façon à ne pas se faire distancer en termes de qualité de service et de compétence du personnel.

Depuis quelques années, les contrats spéciaux de formation (CSF) proposent un nouveau cadre simplifié et sécurisé. Est-il concluant ?

Il est vrai que nous assistons régulièrement à des simplifications de procédures. La formation s’est développée ces dernières années à un rythme très soutenu. Et comme dans tous les métiers, certains en ont profité pour la détourner à leur profit.

Il ne faut cependant pas s’arrêter à cette minorité de brebis galeuses ! Beaucoup d’opérateurs de la formation continue (y compris les établissements de l’OFPPT) sont des acteurs sérieux qui réalisent un travail dans les règles de l’art et contribuent au développement des entreprises marocaines par leur expertise et leur savoir-faire. Il est vrai que les mécanismes sont simplifiés aujourd’hui et qu’un effort de sensibilisation doit être fait pour attirer surtout les PME.

Des nouvelles prestations sont financées dans le cadre du nouveau dispositif. Tel est le cas des bilans de compétences, de la validation des acquis de l’expérience et bien d’autres. Sont-ils pris en compte par les entreprises ?

Malheureusement non ou très peu. Comme je viens de le signaler, il faut davantage de sensibilisation sur ces mécanismes des contrats spéciaux de formation.

Les entreprises doivent avoir le réflexe de consulter les responsables de l’OFPPT; ils peuvent également se renseigner auprès des groupements interprofessionnels d’aide au conseil (GIAC), qui d’ailleurs ont mené une campagne de communication nationale au cours de l’année.

D’autre part, beaucoup de PME n’entreprennent pas d’actions de formation par crainte de ne pas être remboursées par l’OFPPT. Pourtant, la procédure est claire.

La plupart des entreprises qui ne sont pas remboursées ont soit déposé un dossier incomplet, soit omis de retourner leur copie du contrat de formation dûment signée dans les délais. Pour les autres, les remboursements se font, sans exception, dans les délais réglementaires.

Parfois, le simple fait de changer de date, de lieu ou de prestataire dans une action de formation sans le signaler à l’office peut entraîner le rejet du dossier. Tout changement doit se faire dans les 5 jours avant la tenue de la formation.

En gros, quel est le problème de la formation professionnelle au Maroc ?

Le problème est que depuis quelques années, on assiste à des coupes budgétaires qui affectent les plans de formation, mais aussi au manque de prestataires de qualité. On observe beaucoup de concurrence sur la place, pas de barrière à l’entrée et les prix des prestataires sont dérisoires.

On compte près de 2 000 cabinets sur la place, en tenant compte des ouvertures  et des fermetures que l’on enregistre régulièrement. Aujourd’hui, on assiste à une tendance de formation «clés en main». L’entreprise confie ses actions de formation à un prestataire qui s’occupe aussi bien de la formation, de la logistique, de l’hébergement, de la restauration que du transport.