Carrière
Réussir ses premiers pas dans l’entreprise : Entretien avec Jihane Labib, Executive coach du cabinet CoachingLab
« Les premiers jours doivent être consacrés à l’observation et à l’analyse des comportements ».

Le nouveau venu est toujours attendu, son comportement et ses compétences disséqués minutieusement. Toute fausse note peut avoir des conséquences sur son intégration, surtout s’il a des collègues qui craignent pour leur poste ou qui ne veulent pas qu’on leur fasse de l’ombre. Sans repère, la recrue fraîchement diplômée est souvent démunie surtout si elle est mal ou pas accompagnée. On peut cependant partir du bon pied en prenant un certain nombre de précautions. Explications de Jihane Labib, Executive coach du cabinet CoachingLab
Quels types de problèmes peut-on rencontrer dans un premier emploi ?
Nous pouvons les classer en deux grandes familles. D’abord, les difficultés d’ordre relationnel liées aux comportement et attitudes de la nouvelle recrue qui peuvent conduire à des soucis d’intégration, une mauvaise communication et incompréhension, une frustration…, ou encore des difficultés d’ordre technique ou des problèmes de compétence liés à une inadaptation du profil, un descriptif du poste non clarifié, un chevauchement de plusieurs ressources sur les mêmes tâches, un décalage entre ce qui est demandé à la recrue pendant l’entretien et la réalité opérationnelle.
Une recrue traverse-t-elle toujours une période d’anxiété ?
Le changement survenu dans la vie des nouvelles recrues ou même une personne ayant de l’expérience professionnelle et qui change de poste génère une période de stress, surtout pendant la période d’essai qui peut s’étaler sur 3 à 6 mois. Durant cette période la personne est considérée en observation, ce qui la met sous une pression de performance technique et relationnelle. Elle sait qu’elle risque son poste, l’enjeu est tellement important que ses capteurs émotionnels sont en mode «warning». Par conséquent, un jeune débutant doit bien faire attention durant la phase d’observation et d’analyse de son nouvel environnement. Il ne faut pas qu’il hésite à poser les questions, à se renseigner sur les moindres détails de la société… De ce fait, il clarifie aussi bien sa position dans l’entreprise que les attentes des dirigeants. Cela nécessite une préparation mentale et psychologique. C’est aussi le fait de travailler sur son assertivité ; une personne qui a confiance en elle s’accepte et accueille les autres avec leurs remarques positives et moins positives.
Peut-on dire qu’une recrue est seule responsable de sa réussite ou de son échec ?
Partir de l’idée que chacun est responsable de sa vie, dispose de sa propre vision et de la façon avec laquelle il souhaite la décliner permet aux jeunes de réaliser un excellent départ ! L’échec est le résultat d’une culture de non-responsabilité : «la faute aux autres», et la réussite est la résultante des expériences, planifiées, préparées et d’actions concrètes et suivies. Une carrière est un processus qui se programme avec le choix des études, des stages et des compétences et habiletés individuelles. C’est le travail de sensibilisation avec les jeunes étudiants que je recommande, les aider à prendre conscience pour préparer sérieusement leur avenir professionnel et assumer leur responsabilité une fois le poste décroché.
Y a-t-il des petits détails qui font la différence, lors des premiers jours ?
Se renseigner sur l’entreprise auprès des contacts professionnels ou personnels, connaissances (par exemple : le réseau des membres d’associations des anciens étudiants, ou anciens stagiaires) ou bien faire des recherches sur le net et dans la presse écrite, sur l’organisation, le département où la personne est affectée, les enjeux économiques et organisationnels…, donnent une idée et permettent aux jeunes de démystifier l’iceberg qu’ils appréhendent, et les aident à traduire le stress par un challenge positif et stimulant.
Comme je l’ai souligné, les premiers jours sont avant tout ceux de l’observation et de l’analyse. Il s’agit de repérer rapidement le modèle type du bon cadre dans l’entreprise et d’analyser son comportement : sa manière de répondre au téléphone, de s’adresser à ses collègues ou son supérieur direct, sa façon de s’habiller. L’intérêt de cette démarche est d’adopter des méthodes de travail propres à l’entreprise, tout en y ajoutant une touche personnelle. Ce cadre modèle est aussi un point d’ancrage ou de réconfort pour une nouvelle recrue
C’est aussi se rendre indispensable dans son travail, être vigilant par rapport à sa communication, repérer les collègues hostiles et alliés et aussi faire preuve de tact.
Quelles sont les erreurs à éviter ?
Ne pas afficher trop d’assurance mais aussi faire des interventions inadéquates, ne pas effectuer son travail ou encore rester renfermé sur soi.
