Carrière
Recrutement seniors : Avis de Bouchaib Serhani, DG du cabinet Gesper Services
«C’est plus une question d’adéquation entre
le descriptif de poste et le profil qu’une question d’à¢ge»

La discrimination liée à l’âge existe certes sur le marché de l’emploi, mais, à mon sens, elle n’a rien d’illégal car tout dépend du poste à pourvoir. S’il s’agit d’un poste de direction, il est clair que l’entreprise privilégiera des quadragénaires ou un peu moins les quinquagénaires, parce que c’est l’expérience qui prédomine chez ces candidats. En règle générale, l’expertise, les compétences relationnelles, la maturité et la crédibilité dans l’environnement professionnel sont valorisées. Pour des postes d’exécution, l’entreprise privilégiera en revanche les 25-35 ans. C’est la réalité du marché. C’est aussi le cas ailleurs qu’au Maroc.
Il est clair que l’entreprise est à la recherche de compétences distinctives, que ce soit du domaine des connaissances, de l’expérience ou du potentiel. Il est vrai qu’un junior, en plus de coûter moins cher, est plus facilement adaptable qu’un senior. Cependant, le salaire et l’âge ne sont pas les seuls paramètres. Il existe une multitude de critères qui orientent un choix. Brièvement, c’est plus une question d’adéquation entre le descriptif de poste et le profil qu’une question d’âge.
Par ailleurs, si l’âge n’apparaît jamais ou presque dans les discours des pratiques RH, les entreprises font même un effort considérable pour nier ce critère en public. De nombreuses études ont montré que les augmentations individuelles de salaire, la probabilité de bénéficier d’une promotion, ou encore la chance de suivre une formation diminuaient fortement avec l’âge.
Ceci dit, beaucoup d’entreprises travaillent de plus en plus sur la gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) pour gérer le maintien des seniors. En clair, la grande partie du problème se situe en amont. Une personne dont les connaissances sont régulièrement remises à niveau, qui accepte la mobilité (si on lui en donne la possibilité) et montre à tout instant une volonté de bien faire peut toujours s’adapter à une nouvelle situation, qu’elle soit jeune ou d’âge mûr. Dans le cas contraire, on devient une des premières victimes suite à un plan social ou un changement stratégique.
D’un point de vue opérationnel, certaines entreprises procèdent à l’adaptation ergonomique des emplois de travail et l’aménagement de l’horaire pour améliorer les conditions de travail.
Il n’en demeure pas moins que l’implication des concernés est essentielle. Et si l’employeur faillit à sa mission, rien n’empêche de se prendre en main pour se rendre indispensable. Il est nécessaire que les seniors communiquent sur leurs compétences et sur leur valeur ajoutée dans l’entreprise.
