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Carrière

Ramed : l’organisme de gestion se fait toujours attendre

Les discussions sont en cours au niveau du comité interministériel chargé de la réforme de la couverture médicale de base. En attendant, le financement de 1 milliard de dirhams aux hôpitaux publics ne suffit pas à absorber le déficit. Depuis la mise en place du régime, les recettes des hôpitaux publics ont chuté de 10 % et la consommation de soins a augmenté de 250%.

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Annoncé depuis bientôt quatre ans, l’organisme gestionnaire du Ramed (Régime d’assistance médicale) n’est toujours pas créé. D’après une source à l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), les discussions sont toujours en cours au sein du comité interministériel chargé de la réforme de la couverture médicale de base coiffé par les services du chef du gouvernement. Ce comité a pour objectif d’arrêter les préalables et les mesures à mettre en place pour la création de l’organisme. Aucune information concrète sur l’avancement des travaux ne filtre, mais le rythme fait penser qu’il n’y a pas d’urgence pour les différentes parties prenantes au dossier. Pourtant, les experts sont d’avis que l’organisme de gestion est plus que nécessaire pour assurer la pérennité du régime.

Pour le moment, le budget annuel de 1 milliard de DH octroyé depuis 3 ans par le fonds d’appui à la cohésion sociale, géré par le ministère de l’économie et des finances, pour la mise à niveau du système de santé est jugé insuffisant. D’ailleurs, il n’est pas dédié au financement du Ramed, mais à l’allègement des charges des hôpitaux publics qui accueillent de plus en plus de bénéficiaires estimés à 11,6 millions à fin octobre 2017. Cette enveloppe n’a pas permis de réduire le déficit des hôpitaux publics qui risque de devenir abyssal. «Depuis la mise en place du régime jusqu’à maintenant, les recettes des hôpitaux publics ont chuté de 10 %. La consommation des soins a, elle, augmenté de 250%. Vu la gratuité des prestations, les patients bénéficiaires ne paient plus. Nous avons supporté ces frais depuis trois ans», déclare Dr Hassan Semlali, chef de la division du suivi de la mise en œuvre du Ramed à la Direction de la planification et des ressources financières au ministère de la santé. De plus, ces hôpitaux ne disposent pas d’équipements dédiés aux examens radiologiques et biologiques. Pour y remédier, une opération d’achats d’équipements financée par le Fonds d’appui à la cohésion sociale et visant à doter chaque hôpital régional d’IRM et chaque hôpital provincial de scanner vient d’être entamée. «Certains hôpitaux bénéficient aussi de subventions, à l’instar de l’hôpital de Fès qui obtient un financement de près de 6 MDH par an. Mais ce montant est insignifiant en comparaison avec les charges de mise à niveau, d’entretien ou encore d’achat d’équipements», ajoute Dr Semlali.

Structures de soins publiques insuffisantes

Compte tenu de la faible qualité des prestations, de l’absence de certaines spécialités et du manque d’équipements, les bénéficiaires du Ramed boudent les centres de santé et les hôpitaux provinciaux et préfèrent se diriger directement vers les CHU qui sont un peu mieux lotis. Naturellement, cette affluence a des conséquences sur le niveau des prestations.

Le circuit des soins est pourtant bien réglementé. «Le malade doit d’abord se diriger vers le centre de soins rattaché à la zone spécifiée sur sa carte. Après le diagnostic et si le médecin estime que l’affection ne peut être traitée sur place, le malade est dirigé vers l’hôpital provincial ou régional. S’il ne peut être pris en charge dans ce type de structures de soins, il est réorienté vers le CHU. L’objectif est de cadrer la consommation de soins», explique DrSemlali.

Reste que le nombre d’hôpitaux publics est insuffisant. D’après les données publiques de l’administration arrêtées à avril 2014, on en compte 145 dans tout le Maroc, soit 25 hôpitaux locaux, 62 hôpitaux provinciaux, 12 hôpitaux provinciaux spécialisés, 18 hôpitaux spécialisés universitaires, 15 hôpitaux régionaux, 8 hôpitaux spécialisés régionaux et 5 CHU. Ceux d’Agadir et de Tanger ouvriront respectivement en 2018 et 2019. L’objectif est de doter chaque région d’un CHU.

Les pauvres absolus sont majoritaires

Le système du Ramed serait viable grâce à un financement annuel de 5,5 milliards de DH, d’après une étude actuarielle réalisée en 2013. Cette étude avait fait ressortir un taux de 45% de pauvres absolus et 55% de personnes vulnérables. Vu leur situation, les pauvres absolus sont exemptés de paiement de cotisations. Par contre, les personnes vulnérables doivent verser une cotisation de 120DH par an, plafonnée à 600 DH par famille. «Après 5 ans, on se retrouve avec 17% de vulnérables et 83% de pauvres. Ces données ont faussé les calculs. Mais désormais, l’éligibilité au Ramed sera bien plus rigoureuse», assure Dr Semlali. A fin octobre 2017, d’après les données de l’ANAM, 90% des bénéficiaires se déclarent pauvres absolus et 10% sont vulnérables. Soit 1,16 million de personnes en mesure de verser la cotisation annuelle de 120 DH. Le financement de l’Etat demeure donc plus que nécessaire.

[tabs][tab title = »Les Ramédistes sont plutôt des femmes urbaines ou rurales et pauvres absolues« ]Selon l’ANAM, le nombre de bénéficiaires du Ramed est de 11,6 millions à fin octobre 2017. Le plus grand nombre de bénéficiaires réside dans la région de Casablanca-Settat (1,77 million). Suivent Fès-Meknès (1,75 million), Rabat-Salé-Kénitra (1,6 million) et Marrakech-Safi (1,5 million). Beni-Mellal-Khénifra et l’Oriental abritent respectivement 1,1 million et 1 million de bénéficiaires. 51% des détenteurs de carte sont des urbains pour 49% des ruraux. Les femmes constituent 53% de l’effectif total. D’après les chiffres arrêtés à fin octobre 2017, 90% des bénéficiaires se déclarent pauvres et 10% vulnérables. 38% ont moins de 20 ans et 54% entre 20 et 60 ans. Les personnes les plus âgées (entre 60 et 80 ans) ne représentent que 8% du total.[/tab][/tabs]