Carrière
Quelle formation académique dans une économie globalisée ?
Avec une économie libérale, une remise à jour des compétences doit se faire de manière permanente. Travailleurs spéciaux, travailleurs spécialisés, travailleurs ancrés ou encore travailleurs adaptables, le monde exige aujourd’hui de faire partie de ces quatre catégories.

A la veille d’un choix décisif pour la prochaine rentrée scolaire, quelle orientation universitaire, quelle formation conseiller aux enfants nouveaux bacheliers ou non dans un monde où la globalisation de l’économie ne connaît pas de répit ?
Des nouveaux métiers qui apparaissent d’autres qui disparaissent. Des multinationales leaders dans leur marché ont cessé leur activité, faute d’adaptation aux nouvelles données dictées par la globalisation, exemple : Kodak, Nokia, Moulinex… Que sont devenus les employés de ces grandes entreprises ? Et que vont devenir ceux des entreprises qui vont dans un futur proche cesser d’opérer sur leur marché suite à une joint-venture ou à un dépôt de bilan ?
Dans une économie globalisée, une remise à jour des compétences est obligatoire et de façon permanente si on ne veut pas se retrouver parmi les laisser-pour-compte. Le gros problème auquel on fait face aujourd’hui c’est que la compétition académique ne doit plus se limiter au cousin, voisin, compagnon de classe ou même au compatriote, elle doit être appréhendée à une échelle internationale.
Jadis on opérait dans des sociétés protectionnistes avec des frontières et des murs, la médiocrité pouvait y trouver sa place et on pouvait même gagner sa vie avec. Aujourd’hui avec une économie libérale ce n’est plus le cas. Nos parents exerçaient leur travail dans la même entité jusqu’à la retraite, les changements étaient rares. Aujourd’hui c’est entre deux et trois employeurs durant la carrière ; pour nos enfants, ça sera encore plus d’emplois avant qu’il ne fassent valoir leurs droits à la retraite dont l’âge ne cesse de s’allonger, ceci sans parler des changements du lieu où on exerce son travail.
Un exemple pour mieux comprendre la situation est celui rapporté par Thomas Friedman dans son bestseller : «The world is flat». Il dit à ses filles que lorsqu’il était petit, ses parents insistaient pour qu’il termine son assiette car en Chine et en Inde des gens ont faim ; mon conseil à vous les filles: finissez vos devoirs, des gens en Chine et en Inde ont faim de vos emplois ! Alors comment et quoi faire pour avoir sa place dans cette économie mutante ? Toujours d’après Thomas Friedman, il faut figurer parmi les intouchables: ici on ne parle pas du système de caste connu en Inde où les intouchables sont la classe sociale qui se trouve en bas de l’échelle de la société mais d’un système qui remet totalement en cause cette hiérarchie sociale. Pour que les enfants soient plus tard intouchables, ils doivent figurer dans une des 4 catégories : les travailleurs spéciaux, les travailleurs spécialisés, les travailleurs ancrés, les travailleurs adaptables.
Les travailleurs spéciaux
Ce sont des gens comme Steve Jobs, Bill Gates, Messi, Usain Bolt, Elton John, Adéle…, ils produisent pour le marché mondial, leur travail ne peut jamais être ni sous-traité, ni externalisé, ni délocalisé.
Les travailleurs spécialisés
Si votre enfant ne peut pas être un travailleur spécial, et très peu peuvent l’être malheureusement, alors il doit être spécialisé afin que son travail ne soit pas délocalisé vers un autre pays. Cette 2e catégorie comprend plusieurs emplois : les avocats, les juges, les experts comptables, les chirurgiens, les ingénieurs en logiciels et architectes de systèmes informatiques, les opérateurs de robots et de machines sophistiquées…. Ces compétences seront toujours en demande et ne peuvent pas être délocalisées ailleurs du moins en grande partie. Ces compétences ne peuvent pas être numérisées et rendues transférables ailleurs pour être exécutées par des travailleurs payés avec des bas salaires.
Les travailleurs ancrés
Si on ne peut être ni spécial, ni spécialisé, alors il faut essayer d’acquérir des compétences qui débouchent sur un emploi fixé, celui de la 3e catégorie. Parmi les emplois fixés on a le serveur au restaurant, le coiffeur, le chef cuisinier, le plombier, le technicien de laboratoire, l’électricien, le mécanicien automobile, l’infirmier, plusieurs spécialités de médecine, le paramédical, le coach, la femme de ménage…, ces emplois doivent être exécutés dans des lieux bien précis et demandent un contact de face-à-face avec le client, le patient ou l’audience. Ces emplois ne peuvent jamais être numérisés et transférés ailleurs bien qu’une partie peut être externalisée dans un autre pays ou bien externalisé au passé : par exemple, une réservation de table dans un restaurant peut pour certains établissements passer par un centre d’appel situé à l’étranger. L’emploi de standardiste a été remplacé par un robot informatique.
La majorité de ces emplois fixés se trouveront essentiellement dans le bâtiment et travaux publics, le commerce, l’artisanat, le transport, la logistique, la santé, l’hôtellerie, la restauration…
Les travailleurs évolutifs
La 4e et dernière catégorie d’emploi à laquelle peut aspirer un jeune diplômé est celle d’être une personne adaptable, une personne qui acquiert constamment des nouvelles compétences et des nouvelles connaissances pour créer une valeur ajoutée. Créer quelque chose de spécial, par exemple : une nouvelle recette de cuisine, une nouvelle application informatique…. «Il faut apprendre comment apprendre» c’est le meilleur atout qu’un employé doit avoir. La vitesse avec laquelle l’innovation a lieu rendra les emplois de plus en plus mobiles et changeables.
Le seul moyen de survivre dans ce monde globalisé est d’être doté de moyens pouvant faciliter l’adaptation dans un environnement en permanence changeant. Ce sont les seules personnes qui peuvent trouver une place dans un environnement ou les limites scientifiques et technologiques sont poussées à chaque fois plus loin.
Les machines fruits de ces changements technologiques seront de plus en plus complexes et seules les personnes spécialisées ou ayant appris comment apprendre seront en demande pour faire fonctionner ces machines.
Les avancées technologiques rendent le travail de l’année passée une commodité, c’est pour cela qu’il faut constamment procéder à une requalification et un perfectionnement des compétences pour pouvoir se maintenir dans des emplois ne pouvant être délocalisés.
Sommes-nous réellement conscients de la nécessité d’investir dans la formation de nos enfants pour les préparer à une compétition future avec des pays qui ont déjà pris de l’avance ? Pour être honnête, je ne pense pas.
