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Carrière

Prendre la parole en public : Entretien avec Malgorzata Saadani, Coach international ICC

«Trois facteurs-clés pour être un bon orateur : engagement, confiance en soi et authenticité»

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Malgorzata Saadani 2013 08 12 2013 10 22

Loin d’être une phobie, prendre la parole devant un auditoire, aussi restreint soit-il, n’est pas de la sinécure pour bon nombre d’individus. Malgorzata Saadani, coach international ICC et DG du cabinet ANC Communications, dresse les insuffisances remarquées chez les orateurs ainsi que les techniques utilisées pour y remédier.

Certaines personnes s’expriment difficilement en public. Pourquoi à votre avis ?

Dans chaque prise de parole en public, il y a deux aspects principaux. Le premier, c’est la pertinence du contenu et des supports utilisés pour le communiquer ; le deuxième concerne la maîtrise des techniques d’expression.
D’après mon expérience, les insuffisances les plus fréquentes sont : l’absence d’objectif précis de l’intervention qui conduit à un discours chaotique ; l’argumentation qui ne correspond pas à l’auditoire et qui l’ennuie sans le convaincre ; les supports trop chargés ou illisibles.
En ce qui concerne les défaillances chez le présentateur, celle qui me paraît la plus fréquente, c’est la mauvaise expression orale (diction, timbre, tempo, volume, scansion et mélodie). Un autre volet extrêmement important étant la bonne gestuelle et le contact visuel avec le public, sans parler d’un point faible commun de la grande majorité des orateurs, qui est la non-maîtrise du temps de parole (avec une nette tendance à prolonger au-delà du temps alloué, ce qui provoque des retards en cascade s’ils sont plusieurs à intervenir l’un après l’autre).
Le problème évoqué le plus souvent par les personnes prenant la parole est le trac et ses symptômes que j’aborde en deux modes parallèles : psychologique et physique.

Toutes ces questions peuvent être traitées et parfaitement solutionnées, à condition d’y mettre de la bonne volonté et de recourir aux techniques adaptées pour chaque cas.

A partir de quand peut-on parler de phobie  ?

Si la personne a bien préparé son intervention, fixé un objectif précis, analysé son auditoire, envisagé les réponses aux questions les plus compliquées, vérifié le matériel, etc., et si elle perd totalement ses moyens au point de ne pas être capable de prononcer un seul mot, nous pouvons parler de problème plus profond qu’un simple trac. Si en plus, la situation ne s’améliore pas malgré les tentatives répétées de prendre la parole, nous avons affaire à une vraie phobie. Fort heureusement, ce scénario noir n’arrive que très rarement. En tant que coach et formateur en prise de parole, je rencontre des profils très variés qui souhaitent s’améliorer dans ce domaine et je constate avec satisfaction que le progrès (plus ou moins rapide, plus ou moins spectaculaire) est le dénominatif commun de leur démarche.

Quelles sont les techniques les plus utilisées pour l’amélioration des capacités d’intervention?

A vrai dire, chaque type de difficulté éprouvée lors de la prise de parole en public, a sa (ou ses) solution(s). La première règle, bien connue de tout le monde et très peu appliquée, c’est de préparer son intervention à l’avance et procéder à une répétition générale, si possible enregistrée. Cela permet non seulement de repérer les points à améliorer, mais constitue aussi une sorte de rodage pour le présentateur : le jour «J» il pourra démarrer son discours plus fluidement, malgré le trac ou les imprévus de dernière minute.
Le volet de l’expression vocale est traité comme un entraînement sportif et constitué d’exercices de respiration, d’échauffement et d’articulation qui améliorent immédiatement le niveau de diction et la portée de la voix. Si ces mêmes exercices sont effectués régulièrement, le progrès devient durable.

Comment intervenez-vous auprès des personnes intéressées par la formation en matière de prise de parole ?

La nature de l’intervention dépend des besoins spécifiques, de l’expérience et du profil du bénéficiaire. Pour quelqu’un qui débute sa carrière d’orateur, il est intéressant de profiter de la dynamique du groupe et de suivre une formation traitant d’une manière large tous les aspects de la prise de parole. Par contre, pour les personnes ayant déjà un certain bagage et désireuses d’agir plus en profondeur sur les origines de leurs contre-performances, je propose plutôt le coaching individuel, conçu «sur mesure». Dans les deux situations, le recours aux outils audiovisuels et les mises en situations pratiques sont indispensables.

Les résultats sont-ils tangibles rapidement ?

En poursuivant son objectif d’amélioration, il faut persévérer et se donner le temps. Quel que soit le mode d’intervention choisi, la prise de conscience du bénéficiaire par rapport à ses atouts et ses zones d’amélioration est pratiquement immédiate. Le résultat global peut être évalué en fonction de l’objectif préalable : pour quelqu’un qui participe à une formation de deux journées en groupe, ça sera l’apprentissage des techniques et le progrès personnel selon les défaillances relevées le premier jour. Le bon ancrage de cet acquis demandera une pratique régulière et disciplinée, dans des situations réelles. Pour les personnes ayant opté pour le coaching individuel, les objectifs peuvent être plus ambitieux et nécessiter plus de temps et de travail sur soi: développer son charisme, dialoguer aisément avec le public, maîtriser son image publique, gérer la communication de crise. A la fin d’un processus de coaching bien exécuté qui dure en moyenne entre 5 et 7 mois (8-10 séances), les résultats sont toujours au rendez-vous. Ce changement est ressenti et remarqué aussi bien par la personne intéressée que par son entourage.

Quels sont des éléments incontournables à une bonne prise de parole en public ?

Sans revenir sur les questions techniques que je viens d’évoquer, je dirais en trois points : l’engagement personnel, la confiance en soi et l’authenticité.