Carrière
Portable, voiture, prêt personnel… des classiques à votre portée
Quand ils ne sont pas entrés dans l’usage, l’employeur peut supprimer certains avantages quand il le veut.
Avantages en nature, frais de représentation… Le fisc veille au grain.

Le salaire fixe de Mohcine B., cadre dans une société informatique, est légèrement en-dessous de ce que gagnent ses anciens camarades d’école qui émargent dans des sociétés du même secteur. Cependant, il ne s’en plaint pas trop. Depuis deux ans, ses notes de téléphone (plafonnées à 800 DH/mois) sont prix en charge par sa société ; quatre fois par mois, il peut inviter une relation d’affaires dans un restaurant et une dotation de carburant lui permet de faire ses courses personnelles souvent sans dépassement, sans compter la prime annuelle de productivité.
En matière d’avantages, il n’y a pas de limites. Tout dépend de l’imagination des entreprises et de la vôtre. En voici quelques exemples.
Pas d’augmentation ? Suggérer alors une prime
Certaines primes sont prévues par le contrat de travail, la convention collective ou une circulaire. On peut également admettre qu’elle découle d’un usage. Mais pour cela, il faut qu’elle ait été accordée au moins trois fois consécutives, qu’elle ait toujours été calculée selon les mêmes modalités et qu’elle ait été versée à au moins toute une catégorie de personnel. Une prime contractuelle peut être calculée au prorata des jours de présence dans l’entreprise.D’autres sont à la discrétion de l’employeur. Celui-ci peut supprimer la prime unilatéralement.
Voiture de fonction
Cet avantage est accordé à partir d’un certain niveau hiérarchique. Dans beaucoup de sociétés, il ne profite qu’au DG. Dans le second cas, la voiture est considérée comme un outil de travail. Montrez que vous en avez besoin pour améliorer votre rendement. Certaines entreprises appliquent une procédure d’attribution très stricte : à chaque niveau hiérarchique correspond un type de modèle dont le prix d’achat se situe généralement entre 150 000 et 250 000 DH pour les cadres, et peut aller jusqu’à 500 000 DH pour les DG.
Un responsable de service après-vente et/ou un commercial n’auront pas beaucoup de problèmes pour convaincre l’employeur. Vous pouvez aussi en bénéficier si vous êtes appelés à effectuer beaucoup de déplacements à l’intérieur du pays.
Si la charge s’avère lourde pour votre employeur, rabattez-vous sur les bons de carburant. Ils peuvent être très intéressants, si l’on en croit ce cadre d’une société de textile qui, depuis qu’il a acquis sa voiture, n’a «jamais déboursé un centime» pour remplir son réservoir, la dotation qu’il reçoit lui permettant de faire toutes ses courses personnelles.
Matériel high-tech
Pour certains, le téléphone ou l’ordinateur portable sont importants. «Le jour où j’ai réalisé que j’avais des dépassements de forfait, je suis allé voir mon chef avec ma note de téléphone. Il m’a proposé de prendre en charge mon forfait et mes communications», explique un cadre supérieur dans un centre d’appel. Outre le téléphone, vous pouvez aussi négocier un ordinateur portable, un agenda électronique ou un abonnement ADSL. Fiscalement, il est difficile de distinguer entre les usages professionnels et privés. Et dans la réalité, les sommes en jeu sont trop faibles pour que le fisc s’y intéresse.
Formation haut de gamme
Si vous n’avez pas accès à ces compléments, vous pouvez essayer la formation. Avec les systèmes de remboursement de l’OFPPT (Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail), les entreprises peuvent toujours faire un effort pour leurs salariés. Ceux qui préfèrent parier sur leur potentiel peuvent alors choisir un diplôme de troisième cycle, un MBA ou un DESS. Karim S., cadre RH dans une multinationale de services informatiques, a suivi une formation de type MBA. Une fois ses études achevées, il s’est vu proposer un poste plus important, accompagné d’une augmentation de salaire de 25%. «Tout est pris en charge par la société. Seul bémol, parfois, l’entreprise fait signer au bénéficiaire une clause de dédit qui l’oblige à rester un certain nombre d’années après le diplôme, faute de quoi il sera tenu de rembourser. Aujourd’hui, beaucoup de grandes entreprises acceptent de faire des efforts dans ce sens. Il faut juste faire attention à ne pas tomber sur des formations bidon».
Notes de frais L’idéal est d’obtenir une carte bancaire adossée au nom de l’entreprise. Il y a des entreprises qui l’accordent à certains de leurs cadres. Vous n’échapperez pas pour autant au cérémonial des notes de frais en fin de mois. Attention toutefois aux abus ! «Un cadre supérieur d’une grande société de la place s’est fait tirer les oreilles récemment parce qu’il avait prêté sa carte à sa femme, partie faire les magasins à Paris», raconte un consultant en RH. Quant à l’employeur qui ferme les yeux pour des gros montants, il peut s’exposer à un redressement fiscal. Exemple : s’il offre des vacances à des cadres méritants ou fait passer une soirée d’anniversaire pour un séminaire professionnel, il y a danger.
Autres
La liste des avantages n’est pas exhaustive. Il est toujours possible d’en négocier d’autres, notamment le prêt à taux bonifié, les tickets restaurant, l’inscription dans des clubs de sport. Les forfaits pour les frais de déplacement peuvent aussi rapporter gros, dès lors qu’il n’y a pas d’abus. N’oubliez pas non plus la retraite complémentaire. Outre les affiliations classiques (CNSS, CIMR), les compagnies d’assurance offrent des produits permettant d’augmenter la rente.
Dans tous les cas, il convient de rappeler que le fisc veille au grain sur l’utilisation de ces avantages qui doivent répondre à certaines règles. Certains d’entre eux sont considérés comme compléments de salaire et donc soumis à l’imposition. C’est le cas de la voiture de fonction ou des frais de représentation, quand le montant dépasse un certain niveau.
