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Carrière

Peut-on se fier aux sites de recrutement ?

Les portails de recrutement se multiplient, mais ceux véritablement opérationnels et fiables ne dépassent pas la dizaine.
L’utilité est plus importante pour les profils généralistes.
Le tri est parfois difficile à  cause de CV envoyés sans tenir compte du descriptif du profil recherché.

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Les portails de recrutement ont le vent en poupe. Depuis ces deux dernières années, de nombreux sites ont vu le jour. Rien qu’en 2009, pas moins de cinq nouveaux ont été créés. On peut citer à titre d’exemple Attijarajob.com, Embauche TV, Centralecv, Moustaqbali.ma, ou encore le tout dernier Carrieres.ma. Certains sont généralistes alors que d’autres sont spécialisés à l’image de Moustaqbali.ma qui a pour objectif de faciliter l’intégration des jeunes de 12 à 25 ans dans le monde de l’emploi.
«Aujourd’hui, plus qu’une tendance, internet est devenu une étape essentielle dans les processus de recrutement y compris au Maroc. Les recruteurs bénéficient de services performants pour mieux gérer leurs recrutements en ligne», souligne Philippe Montant, Dg du portail Rekrute.com.
Au départ, le service était offert dans des rubriques de portails généralistes tels que Menara et l’ex-Wanadoo. La maturité du marché a par la suite favorisé l’éclosion de sites thématiques qui se positionnent exclusivement sur la niche de recrutement. On peut citer, entre autres, Rekrute.com, Amaljob.com ou encore Bayt.com.
Et les chiffres le démontrent. Le pionner en la matière, en l’occurrence Rekrute.com, déclare avoir drainé pas moins de 1,45 million de candidatures en 2009 et quelque 5 500 annonces. Pour sa part, le portail Bayt.com, qui a démarré son activité au Maroc en 2008, revendique 31 000 utilisateurs «entreprises» aussi bien à l’international qu’à l’échelon national.
Plusieurs facteurs expliquent cet engouement pour le e-recrutement. En premier lieu, il permet une réduction des délais de rédaction, de mise en forme de l’annonce et de sa publication par rapport aux supports traditionnels (presse écrite) avec une disponibilité 24h/24 et une diffusion beaucoup plus large pour ne pas dire à l’échelle planétaire.
Mieux encore, l’internet a réduit les délais de réception de la première candidature: cinq minutes contre un jour minimum sur d’autres médias. Ces atouts, liés en partie à l’interactivité du net, ont permis de diviser par trois la durée moyenne d’un recrutement.

Certains sites n’actualisent pas leurs annonces

Cependant, il ne faut pas se leurrer. La fiabilité de ces sites est souvent remise en cause sur le plan opérationnel. «Beaucoup de sites ont fini par disparaître faute de n’avoir pas pu maintenir un contenu actualisé», poursuit le Dg de Rekrute.com. Pour lui, le sérieux d’un portail repose sur une équipe dédiée qui offre constamment à ses abonnés des informations utiles et surtout actualisées.
D’autre part, certains sites de recrutement en ligne sont efficaces pour les profils basiques et les recrutements de masse sans aucune exigence de qualification. Certains DRH attestent que dès qu’il s’agit de profils pointus, la recherche devient moins aisée.

Le tri des CV s’avère parfois laborieux

C’est que les chasseurs de têtes préfèrent encore recourir aux méthodes classiques déjà éprouvées, notamment le passage par les cabinets de recrutement.
Il y a aussi le souci de discrétion exigé par les clients. En effet, «certains recruteurs ne souhaitent pas que leur recherche de ressources humaines soit rendue publique et préfèrent, dans ce cas, confier la recherche à un cabinet de chasse à qui il réclamera de ne pas dévoiler son identité ; ceci est valable autant pour le web que pour la presse. Ces raisons viennent en partie expliquer les réticences de certains directeurs de ressources humaines à faire des annonces sur internet», relève un DRH. En outre, les sites de e-recrutement sont confrontés au manque de professionnalisme des candidats. En effet, sous l’effet de la facilité d’accès, certains candidats inscrits dans les différents portails répondent automatiquement aux annonces affichées indépendamment des exigences de l’employeur et des prérequis indiqués dans l’annonce en ligne. Conséquence, malgré les outils de e-recrutement mis à la disposition des DRH par ces plateformes, le tri s’avère laborieux. Il faut reconnaître, en outre, qu’en l’état actuel du marché marocain, les sites de e-recrutement sont efficaces pour la recherche de candidats, mais la phase de sélection et de qualification reste un travail de traitement interne propre à une direction des ressources humaines ou un cabinet spécialisé.
Côté candidats, les reproches ne manquent pas.  «Il faut souvent tester les services et observer les résultats. Rien ne sert d’envoyer son mail s’il n’y a pas de retour. C’est comme jeter une bouteille à la mer. Le candidat doit souvent effectuer un travail de suivi des offres d’emploi en ligne pour ne pas rater d’opportunités», note Meriem Mellouki, cadre RH dans une entreprise de services.
Dans tous les cas, pour les DRH au Maroc, le e-recrutement est un moyen parmi d’autres. C’est dire que beaucoup de recrutements continueront encore à se faire au travers d’autres canaux traditionnels et bien rôdés : les associations professionnelles, les Chambres de commerce, le réseau personnel des dirigeants et des collaborateurs.

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