SUIVEZ-NOUS

Carrière

Oui à  la communication, mais évitez la surmédiatisation !

Un contact régulier avec la presse permet d’instaurer un climat de confiance.
La règle de base est de connaître le profil du journaliste, le
support pour lequel il travaille et le thème exact qu’il compte
aborder.
Le meilleur moyen de ne pas se faire d’ennemis est de rester sincère.

Publié le


Mis à jour le

rub 4143

Thami ghorfi Animateur télé, DG de la radio Aswat
C’est d’abord le contenu et la forme du message qui comptent. Les techniques, elles, vont aider à mieux orchestrer le contenu, à le rendre plus fluide.

Réussir une interview ou gérer une conférence de presse n’est pas toujours facile. Il ne suffit pas d’épater son auditoire, les journalistes (surtout s’ils sont mordants) avec de beaux discours. Il faut du contenu. En d’autres termes, on doit maîtriser son sujet et tenir compte du lectorat ou auditoire cible pour bien transmettre le message dans un langage compréhensible. Les explications avec Thami Ghorfi, animateur télé et DG de la radio Aswat.

La Vie Eco : En tant qu’animateur télé, pensez-vous que les managers sont encore peu habitués à s’exposer devant les médias ?
Thami Ghorfi : Au contraire, je pense que les managers sont devenus «consommateurs» de médias ces dernières années. En 10 ou 15 ans, le monde de l’entreprise s’est petit à petit ouvert au monde des médias et vice-versa. Les entreprises ont compris que les médias sont importants pour communiquer sur leurs projets, leurs attentes…
Autre élément important, on constate que la prise de parole en public n’est plus réservée aux plus «audacieux» ou aux personnes médiatisées. Au contraire, on voit de plus en plus de managers et responsables qui osent s’exprimer devant les médias.
Toutefois, les managers doivent éviter de se surexposer ou de devenir un «bon client» pour les journalistes. C’est une prise de risque aussi bien pour soi-même que pour l’entreprise que l’on dirige. A force de se surexposer, on finit en fin de compte par lasser les lecteurs. La conséquence est que, dans les moments importants, on vous écoutera moins.

La prise de parole obéit-elle à des règles précises ?
Tout à fait ! Il n’y a pas de place pour l’improvisation. Ceux qui estiment qu’on peut être bon communicateur en maîtrisant les techniques de prise de parole se trompent. C’est d’abord le contenu et la forme du message à transmettre qui comptent. Les techniques,elles, vont aider à mieux orchestrer le contenu et à le rendre plus fluide. Autre élément important, la sincérité qu’on met dans la transmission de l’information.

Comment, par exemple, gérer une interview ?
Règle basique : vous devez connaître le profil du journaliste, le support pour lequel il travaille, le thème exact qu’il compte aborder ainsi que les différents angles. Ensuite, il faut savoir préparer l’entretien dans les détails pour avoir une discussion ouverte. Une des règles pour réussir une interview est d’écouter les questions du journaliste pour y répondre avec précision. Il ne faut pas oublier que les journalistes ont horreur du vide ou de la langue de bois. Il s’agit de se concentrer sur le message principal à faire passer et ce sur deux ou trois points clés. Il n’est pas question de noyer son interlocuteur dans des détails trop techniques. Si le journaliste ne connaît rien à l’activité ou au secteur, il suffit d’utiliser des mots simples sans rien changer à sa manière de parler, en étayant avec des exemples concrets, des chiffres ou statistiques.

Comment procéder dans un contexte de crise ?
L’exercice de la communication est plus délicat dans ces cas. Fuir ses responsabilités ou pratiquer la politique du no comment est à éviter. Car le manager ne sera pas épargné. Quelle que soit la nature du problème, le manager doit exposer les causes et les conséquences de la situation. Et dans le déroulement du processus, je pense que, quels que soient les faits, la sincérité peut jouer un rôle important. Le public, le lecteur ou le citoyen n’admettront pas, de toute façon, les vérités établies s’il n’y a pas de sincérité. Il suffit de se rappeler certains exemples de communication de crise, à l’image de l’affaire Totalfina ou du naufrage du pétrolier Erika, qui ont été gérés de façon désastreuse. Gérer l’après-crise est aussi important. Il est du devoir du manager de rassurer son public sur l’état d’avancement des choses et de communiquer en temps voulu.

Faut-il selon vous entretenir des contacts réguliers avec les médias ?
Toujours. Ce genre d’initiative permet d’instaurer un climat de confiance. En plus, cela permet aux médias de mieux comprendre le fonctionnement des entreprises, leur secteur et leur environnement de manière générale. Il suffit de voir par exemple le monde de la finance, où les journalistes spécialisés sont alimentés de manière permanente sur le fonctionnement des entreprises cotées en Bourse, leurs projets en cours… Pour les managers, c’est aussi profiter de l’occasion pour communiquer sur certains projets nouveaux ou anciens et, par conséquent, de ne pas tomber dans les oubliettes après un coup médiatique.

Avis d’expert
«Le media training permet d’être plus à l’aise devant son public»

Yasmina Chbani DG de Dale Carnegie Maroc

«Les managers ont de plus en plus recours à des formations de “media training” ou de développement personnel de manière générale.
La raison en est qu’ils souhaitent de plus en plus communiquer, que ce soit en interne ou en externe.
Avec le «media training» on gagne en confiance.
Il faut préciser, toutefois, qu’il ne s’agit pas d’enseigner aux cadres quelques techniques pour mieux se comporter devant un auditoire ou de les faire entrer dans un moule. La démarche est plus profonde : on cherche la cohérence entre ce qu’est la personne et ce qu’elle projette.
Par exemple, on travaille beaucoup sur l’image de soi et les croyances parce que, souvent, on craint de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir réagir face aux remarques des autres…
Ce sont des répétitions pour créer un certain automatisme et donc renforcer la confiance en soi.
A travers les exercices, les participants apprennent aussi à se détacher du texte, à le faire vivre, à faire passer des sentiments.»