Carrière
Mooc : entretien Noureddine Al Achari DG du cabinet Digital World
Certaines entreprises programment des Mooc externes ou internes qui, malheureusement, ne rentrent pas toujours dans le cadre de parcours pédagogiques clairement définis. Les Mooc peuvent constituer l’une des réponses possibles aux besoins en termes de formation continue s’ils sont inscrits dans une réflexion globale et cohérente sur les connaissances à acquérir.
Alors que les Mooc prennent de l’importance un peu partout dans le monde, ils peinent encore à s’imposer au Maroc. Pourtant, ces formations digitales peuvent constituer une aubaine pour certains métiers techniques de par l’accès à des contenus de haut niveau. Les explications de Noureddine AlAchari, DG du cabinet Digital World.
Depuis quelques années, la formation par Internet bouleverse le paysage éducatif avec l’apparition des Mooc (Massive Open Online Courses). Arrivent-ils à séduire aujourd’hui ?
Au vu des chiffres relatifs au nombre de participants, les Mooc semblent séduire. Coursera, FUN, ou edx revendiquent des millions de participants aux Moocs, des centaines de formations. L’intérêt pour les Mooc semble bien réel. Bien entendu, chaque innovation a ses détracteurs et ses fans. La presse occidentale, notamment française, avait titré récemment sur ces modèles de formation. Nous sommes face un classique du genre, les pour, les contre et les adeptes d’une transition à gérer.
Une expérience est là, elle en est à ses débuts et n’est certainement pas parfaite, elle reste à améliorer, ou peut-être même à repenser. Est-ce que les Mooc vont remplacer les universités ? Ce n’est certainement pas pour demain. Est-ce la fin de la formation en présentiel et l’ère du tout-digital ? L’affirmer serait aller vite en besogne. Il s’agit d’une transition, d’une évolution dans le cadre de la fameuse révolution numérique.
Pour parler du contexte marocain, il est indéniable que certains Mooc sont une aubaine pour nombre de salariés, d’ingénieurs qui, dans le cadre de leur formation continue, accèdent à des contenus de haut niveau pour mettre à jour leurs connaissances…
Des expériences, certes timides pour l’instant, ont été réalisées par l’Université Cadi Ayad et l’Université Mohammed V. Elles sont perfectibles. Mais si aujourd’hui elles viennent en complément des formations en présentiel, si elles permettent aux étudiants de se former quand ils veulent, où ils veulent et à leur rythme, je ne peux que les saluer.
Les entreprises arrivent-elles à intéresser leurs employés à ces plateformes ?
Les initiatives sont plutôt personnelles. D’une manière générale, en matière de formation, le digital reste l’exception, la règle est toujours le présentiel et quelques actions de Blended learning. Le marché est certes porteur, mais il est encore très timide.
Certaines entreprises programment en effet des Mooc externes ou internes mais, bien des fois, nous sommes plutôt face à une juxtaposition de formations qui ne rentrent pas toujours dans le cadre de parcours pédagogiques clairement définis, fruit d’une ingénierie de formation et d’une ingénierie tutorale définissant les différentes actions pour accompagner les apprenants….
Donc le e-learning peine à s’imposer de manière générale ?
Cette remarque sur l’échec du «e-learning» au Maroc est assez récurrente. Permettez-moi d’apporter quelques précisions à ce sujet. Tout d’abord, qu’est-ce qu’on entend par «e-learning»? Cette appellation est un fourre-tout! Il ne s’agit pas de numériser les contenus dispensés en présentiel et de parler de digitalisation de la formation. La formation digitale nécessite une refonte de ces contenus pour les adapter aux outils du numérique. Il ne s’agit pas non plus de «balancer» une vidéo, un power point en ligne pour parler de formation digitale. Ni de produire des «didacticiels» techniquement très bien réalisés avec de belles voix off, peut-être même trop belles pour une action de formation, sans que le contenu n’obéisse aux règles de la formation digitale.
Une formation digitale, c’est d’abord de la formation et doit donc obéir à certaines exigences connues et reconnues : ingénierie des compétences, ingénierie pédagogique, critères d’évaluation, suivi de la formation….Le numérique n’est qu’un outil au service d’une action de formation. De même, réduire la digitalisation de la formation à un apprenant face à une machine, c’est prendre le risque d’aller vers l’échec.
Ne pas penser, en amont, les règles de suivi, de tutorat ou de coaching des apprenants renforce également les risques de l’échec.
Comment mesurer l’efficacité de ces formations ? Peuvent-ils répondre aux besoins de la formation continue ?
La question de l’efficacité de ces formations renvoie aux principes de l’évaluation de toute action de formation et donc à la nécessité de bien identifier en amont les objectifs de formation, les objectifs pédagogiques et les indicateurs d’atteinte de ces objectifs.
Les Mooc peuvent constituer l’une des réponses possibles aux besoins en termes de formation continue s’ils sont inscrits dans une réflexion globale et cohérente sur les connaissances à acquérir, les compétences à développer ou à construire, les modalités de coaching et de tutorat des apprenants, les modalités d’évaluation ou encore leur éventuelle complémentarité avec des formations en présentiel.
Sont-ils remboursables par l’OFPPT ?
Pas à ma connaissance. La réflexion est, paraît-il, en cours, mais rien de concret pour le moment.