Carrière
L’éthique dans l’entreprise,une nouvelle façon de manager
Agir de manière éthique n’est plus affaire de mode mais est imposé par l’évolution de l’environnement
de l’entreprise.
Les entreprises qui se comportent de façon contraire aux règles morales communément acceptées prennent un risque de plus en plus important.
Ceux qui prônent l’éthique doivent être
eux-mêmes irréprochables.

Sous la pression de l’opinion publique et des ONG, de nombreuses entreprises, soucieuses de contribuer au développement durable et de la responsabilité sociale, ont entrepris ces dernières années de rédiger des politiques internes relatives à l’éthique. Censées répondre aux scandales financiers de ces dernières années (Enron, Arthur Andersen…), ces politiques se traduisent soit par de simples sermons généraux, souvent appelées «principes éthiques de l’entreprise», soit par des consignes plus détaillées comportant des exigences de comportement spécifiques, et souvent baptisées «codes éthiques de l’entreprise» ou «chartes de déontologie».
Principal objectif : exprimer les attentes envers les collaborateurs en leur proposant, par exemple, une sorte de guide détaillant la façon de gérer les problèmes éthiques les plus courants pouvant survenir dans la pratique des affaires.
Mettre en exergue les comportements en phase avec les valeurs prônées
Chez Lafarge Maroc, par exemple, le code de conduite publié il y a quelques années fixe, en une dizaine d’articles, les règles que chaque salarié doit observer pour sa propre conduite et pour orienter ses choix dans les actions qu’il entreprend. Même volonté chez Ona, Axa Assurances Maroc, BMCE Bank, Attijariwafa bank, CDG et bien d’autres institutions de la place qui cherchent à montrer à leurs salariés comment maintenir les principes éthiques les plus élevés. Dans certaines entreprises, le code de déontologie est remis officiellement à chacun des arrivants sous la forme d’un livret, consultable également sur internet.
«Cette démarche oblige les dirigeants à être transparents dans leurs pratiques quotidiennes, à faire preuve de plus de moralité, à travailler leur exemplarité», souligne Rollande Allene, DG du cabinet Formaction. Cette mise en garde n’est pas anodine. Une charte de bonne conduite, quelle que soit sa pertinence, n’a aucune valeur si ceux qui sont chargés de la «vendre» se montrent eux-mêmes indélicats. Régulièrement, des scandales secouent le monde des affaires.
Quand ce ne sont pas des affaires de corruption à l’échelle internationale (exemple des grandes entreprises pétrolières qui se sont souvent fait épingler) ou de gros bonnets qui se paient du bon temps avec des call girls de luxe (affaire Volkswagen), on surprend parfois de grands patrons en flagrant délit de conflit d’intérêt, comme ce fut récemment le cas à la Banque mondiale où le président, en l’occurrence Paul Wolfowitz, a été poussé à la démission pour avoir donné un magistral coup de pouce à la rémunération de sa compagne, elle-même employée de l’institution.
En d’autres termes, chaque manager ou dirigeant porte une responsabilité notable, tant par son comportement que par l’influence qu’il exerce sur celui de son entourage. Il est, dans une grande mesure, le garant de la moralité de ses collaborateurs. Mais «pour que les salariés adoptent et respectent une charte d’éthique, le préalable est qu’ils en aient une bonne compréhension, qu’ils y adhèrent et qu’ils aient de la lisibilité sur ce qu’il y a lieu de faire au quotidien pour être en phase avec la charte d’éthique», fait remarquer Assia Aiouch, DG du cabinet BPI Maroc.
Il faut se donner les moyens de faire appliquer les dispositions sinon elles restent lettre morte
«Il faut clairement expliciter les valeurs de l’équipe ou de l’organisation et, pour cela, ne pas se contenter d’énoncer quelques valeurs génériques – intégrité, transversalité, souci du client… Cette démarche peut s’inscrire dans la durée», précise Mme Allene. De manière plus prosaïque, il s’agit surtout de mettre en exergue les comportements qui sont en phase avec ces valeurs, de voire comment les conflits de priorités doivent être gérés. Par exemple, il est impératif d’expliquer que le souci du résultat ne doit jamais s’exercer au détriment de l’intégrité, qu’il ne faut jamais abuser du client pour faire du chiffre d’affaires, qu’on doit refuser la corruption, ne jamais user de sa position pour s’attirer les faveurs d’un partenaire externe de l’entreprise…
Au quotidien, faire preuve de moralité est moins simple qu’il n’y paraît. En effet, si le respect de la morale est simple lorsqu’il s’agit de choisir entre le bien et le mal, il l’est beaucoup moins lorsque l’on est confronté à des choix cornéliens. Par exemple, un dirigeant doit-il ou non licencier un collaborateur qui connaît d’importantes difficultés personnelles et dont les mauvaises performances ont des retombées directes sur le reste de l’équipe ?
Face à de tels dilemmes, il ne suffit pas de respecter certains principes moraux universels. «Il faut aussi affirmer sa propre hiérarchie des valeurs, et vivre en cohérence avec cette moralité», ajoute Rolande Allene.
Promouvoir l’éthique passe aussi par une réelle fermeté : il est important que chacun sache que l’entreprise ne laissera pas passer des comportements contraires à ses valeurs, même si cela peut signifier à court terme une perte de chiffre d’affaires ou celle d’un collaborateur par ailleurs performant.
«Pour être crédible, il faut se donner les moyens de faire appliquer les règles que l’on édicte. Si la charte n’est destinée qu’à être affichée, les salariés, les dirigeants et les clients seront dubitatifs et peu enclins à adhérer au projet de l’entreprise», résume Rachid Melliani, responsable stratégie à la Trésorerie générale du Royaume (TGR).
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Respect de la loi et de la réglementation Prévention des conflits d’intérêts Respect de la personne et de l’environnement Protection des actifs du groupe Transparence financière Importance du contrôle et audit interne |
