Carrière
Les nouveaux profils qui ont le vent en poupe
Développement durable, réseaux télécoms, logistique, animation d’image, conduite de grue, les entreprises
sont en quête de nouveaux profils.
Vu la rareté de certains profils sur le marché, les entreprises
initient elles-mêmes des programmes de formation en association avec des établissements
spécialisés.
Quel est le point commun entre un infographiste, un responsable de développement durable, un qualiticien ou encore un architecte de réseaux télécoms ? Ce sont des spécialités qui n’existaient pratiquement pas sur le marché il y a quelques années. Pour répondre d’une autre manière à la question, on peut dire que les demandeurs d’emploi présentant de tels profils sont sûrs de trouver un emploi pour peu qu’ils se mettent à l’écoute du marché. L’environnement de l’entreprise change constamment et les besoins en ressources humaines avec. Du personnel de support destiné aux travaux d’exécution aux managers chargés de prendre en charge de grands projets, certains secteurs offrent un large éventail de nouveaux métiers aussi passionnants que méconnus.
Il en va ainsi des nouvelles technologies de l’information et de la communication. A ce niveau, le secteur de l’informatique reste un gros créateur d’emplois. Des projets comme ceux du e-gouvernement, la libéralisation de la téléphonie ou encore la mise à niveau des entreprises en technologie de l’information donnent un second souffle au secteur, après le léger tassement qui a suivi la forte tension observée lors du passage à l’an 2000. A titre d’exemple, les administrateurs réseaux, ingénieurs en télécommunications et en informatique industrielle sont des profils qui ne chôment pas.
Ce n’est donc pas un hasard si, après avoir tergiversé pendant plusieurs années, l’Etat s’est décidé à dégager un peu plus de moyens pour former 10 000 ingénieurs par an à compter de 2010, surtout pour accompagner la nouvelle stratégie de développement dont un des axes est l’offshoring. Compte tenu de leur polyvalence, les ingénieurs sont également très recherchés par l’industrie, l’ingénierie, le conseil et le commercial.
Certains métiers connaissent une mutation, d’autres abordent une nouvelle vie
Un cran en dessous, d’autres profils sont appelés à se développer : ce sont en particulier les techniciens (Bac +2) très demandés pour les activités de maintenance et de développement de logiciels, l’animation d’images et le développement de produits multimédia.
L’évolution du cadre institutionnel et le besoin de renforcer la compétitivité requiert également de nouvelles compétences. Les entreprises ont ainsi des besoins en matière de responsables de stratégie, de spécialistes en droit des affaires ou en fiscalité, mais aussi en droit international.
Le marché enregistre en outre, et plus que d’ordinaire, des offres pour les gestionnaires de projets. Il en est de même pour les responsables de veille stratégique, plus connus aujourd’hui sous le vocable d’«intelligence économique» dans la littérature spécialisée. Ce domaine, quasiment méconnu au Maroc il y a quelques années, prend de plus en plus d’importance dans les grandes institutions. Une grande banque de la place est d’ailleurs en train de monter une structure dédiée, directement rattachée à sa direction générale.
Le même engouement vaut pour les qualiticiens. Longtemps, ces professionnels n’avaient de débouchés que dans l’industrie. Aujourd’hui, les sociétés de services recrutent de plus en plus ces spécialistes de la qualité pour soigner leurs offres et les relations avec la clientèle.
La logistique suit la même tendance. Concurrence oblige, les entreprises fonctionnent de plus en plus à flux tendu pour réduire les coûts de stockage des marchandises ou de matières premières. Si la grande distribution a été une des premières à saisir l’importance de cette spécialité, partout, le métier de logisticien est aujourd’hui appelé à évoluer rapidement. A ce jour, les diplômés des écoles d’ingénieurs sont les plus prisés pour prendre en charge la fonction, même si on retrouve sur le marché des titulaires de DEA, de DESS ou de mastère en logistique.
Autre métier en émergence, celui lié à l’environnement et au développement durable. Pour preuve, Veolia Environnement Maroc vient de lancer une licence professionnelle «gestion de l’assainissement en milieu urbain» en partenariat avec trois universités marocaines ( voir ci-dessous). Elle a pour objectif de former des professionnels aux métiers de l’environnement et plus précisément dans l’assainissement en milieu urbain. Sans nul doute, les futurs lauréats seront directement intégrés dans les entreprises de ce groupe, entre autres Redal et Amendis.
Sports et loisirs, un gisement de nouveaux métiers comme celui d’accompagnateur en montagne
Pour Olivier Gilbert, directeur développement durable à Veolia Environnement Maroc, «le métier est encore récent et il ne s’agit nullement d’un effet de mode. Il se développe eu égard aux réalités économiques, environnementales et sociétales». Avec les menaces qui pèsent sur la nature, l’environnement, de manière plus large, est un gros gisement d’emplois. Et il ne s’agit pas seulement de nouvelles spécialités à créer. Bon nombre de métiers classiques peuvent en effet se transformer en métiers de l’environnement. Ainsi, un ingénieur peut devenir un ingénieur en génie de l’environnement. Idem pour un juriste qui peut se spécialiser en droit de l’environnement…
Tout réside dans la capacité à s’adapter. D’autres professions, qui avaient perdu du terrain faute d’employeurs, retrouvent, quant à elles, une nouvelle vie. Ces mutations font dire à Philippe Montant, DG du cabinet Rekrute.com, que «rares sont les métiers radicalement nouveaux». Il ajoute que «certains, plus classiques, ont connu des changements dans l’exercice de l’activité sans forcément changer d’intitulé».
Sur la liste des métiers en renaissance, il y a le conducteur de grue. Le secteur des BTP semble même souffrir du manque de compétences vu le rythme croissant des chantiers au Maroc. Pour preuve, une multinationale étrangère et leader mondial du levage et manutention, Mediaco en l’occurence (voir La Vie éco du 22 décembre 2006), envisage même d’ouvrir une école de grutiers professionnels. Entendons-nous bien, ce ne sont pas de simples chauffeurs qui ont changé d’engin. Le métier de grutier est un métier bien payé : le salaire mensuel peut atteindre 15 000 DH nets. C’est-à-dire du même niveau que celui d’un jeune ingénieur avec une expérience de quelques années.
Ce panorama est loin d’être exhaustif. Des métiers dont on ne soupçonne même pas l’existence fleurissent, notamment dans les sports et les loisirs. D’autres voient leur existence reconnue grâce à la mise en place de formations et de titres officiels. Par exemple, l’éventail des métiers de la montagne s’est considérablement enrichi ces dernières années. Un programme pilote d’économie rurale a été mis en place, il y a quelques années, et a permis de former quelques centaines d’accompagnateurs en montagne, capables de diriger une randonnée, une niche qui suscite un intérêt grandissant chez les touristes étrangers
|
||
Veolia Environnement Maroc se préoccupe davantage de l’environnement. La preuve : il vient de lancer une licence professionnelle en gestion d’assainissement en milieu urbain (Gamu), en partenariat avec les universités de Limoges, Cadi Ayyad de Marrakech, Abdelmalek Essaâdi de Tanger/Tétouan et Hassan II de Mohammédia. |