Carrière
Le trac est un phénomène naturel qu’il est possible de maîtriser
Toute situation inconnue et à enjeu important est provocatrice du trac.
Ce n’est pas une faiblesse, c’est un problème qui peut toucher n’importe quel individu.
S’entraîner, procéder à un ancrage positif…, il est possible de s’en prémunir.

Selon Youness Bellatif, psychosociologue, président d’honneur de l’association Maroc Coaching et DG du cabinet Convergence Conseil, trois situations peuvent provoquer le trac : ne pas se sentir compétent aux yeux des autres, ne pas être aimé et apprécié en tant que personne ou encore ne pas se sentir utile. Retour sur un problème qui n’en finit pas de faire des victimes.
Quelles sont les sources du trac ?
Je définirais le trac comme un problème fortement lié à la notion d’intelligence émotionnelle. C’est une forme d’énergie qui permet d’enclencher une action tout comme il peut l’inhiber s’il est mal maîtrisé. Il prend généralement sa source dans la peur du jugement des autres. On se pose souvent la question de savoir si on va être à la hauteur aux yeux d’autrui.
Donc, dompter le trac consiste à comprendre pourquoi on l’a. A mon avis, trois facteurs peuvent le déclencher : ne pas se sentir compétent aux yeux des autres, ne pas être aimé et apprécié en tant que personne ou encore ne pas se sentir utile.
L’ensemble de ces facteurs peuvent générer une crainte et par conséquent vous mettre constamment sous pression.
La prise de parole en public est généralement la situation la plus courante qui provoque le trac, y en a-t-il d’autres ?
En général, toute situation inconnue et à enjeu important est provocatrice du trac. On le voit notamment pour les jeunes qui s’apprêtent à passer des concours ou des examens. En entreprise, le fait d’atterrir dans une nouvelle structure ou encore le fait de passer des entretiens d’embauche sont aussi des situations chargées d’émotions.
Rencontriez-vous?fréquemment des personnes qui se laissent envahir par ce mal- être?
Je rencontre assez souvent des cadres ou managers qui souhaitent améliorer leur prise de parole en public. Beaucoup d’entre eux sont amenés, un jour ou l’autre, à représenter leur entreprise lors d’un débat, présenter un projet devant un comité de direction ou tout simplement défendre une idée lors d’une réunion d’équipe.
De ce fait, ils n’ont aucun problème à parler de leur phobie quand ils s’adressent à un coach. Bien évidemment, il y a ceux qui savent le gérer, tandis que d’autres se laissent envahir par l’émotion.
Pourtant, le fait de ne pas pouvoir captiver l’attention d’un interlocuteur ou d’un public peut en effet avoir des effets désastreux. On voit souvent des cas où des managers ratent un contrat ou des candidats perdent un poste ou une promotion, faute de ne pas pouvoir se valoriser lors d’un entretien d’évaluation ou d’embauche…
Le secret de la réussite est pourtant assez simple : ne jamais entrer dans la spirale de l’échec qui provoque trop souvent une redoutable perte de confiance en soi.
Comment arrivez-vous à les aider ?
On procède en quatre phases. D’abord, travailler les croyances : quelles sont les idées ou croyances de base qui empêchent la personne de s’épanouir ?
Il s’agit d’identifier de quelle façon le sujet se dévalorise lui-même et se maintient sous pression. Souvent, il tient des propos critiques du genre : «je n’y arriverais pas», «je ne suis pas à la hauteur de cette situation», «je vais me planter»… Il se réfère aussi souvent à des situations antérieures mal vécues avec l’idée que la même chose peut se reproduire ultérieurement.
Ensuite, il s’agit de faire un travail sur la détection des symptômes du trac (voix, yeux, intonation,…). Les outils naturels dont nous disposons sont très importants à maîtriser : le regard, la voix (puissance, débit, phrasé, émotions), le corps (gestuelle, positionnement dans l’espace…).
Dans un troisième temps, il s’agit d’identifier et de travailler les ressources personnelles qui permettent de se recentrer sur le discours à tenir.
En dernier lieu, des mises en situation permettent de mieux peaufiner sa prise de parole et par la même occasion de retrouver une confiance en soi.
Le plus important est d’intégrer le fait que le trac est un problème qui peut toucher n’importe quel individu et non pas une faiblesse.
Faut-il du temps pour cela ?
Pas forcément, il m’est arrivé de travailler avec un manager sur une croyance qui l’inhibait constamment ? On a permis de rendre positif ce qu’il appréhendait comme négatif. Cela a pris quelques séances de travail. En revanche, cela peut prendre plus de temps si la personne présente constamment une timidité morbide qui l’empêche de s’exprimer devant autrui.
Faut-il forcément se faire aider ?
L’accompagnement par un spécialiste posant les bonnes questions pour libérer les énergies positives est bien sûr une condition indispensable à la réussite d’une séance.
Bien évidemment, on cherche à détecter la véritable cause du problème : l’individu est-il trop effacé ou, au contraire, trop énergique ? Parfois, les participants sont étonnés quand ils voient qu’ils arrivent à mieux gérer le trac pendant cet exercice.
Pour s’améliorer, il faut pratiquer le plus possible ! Ce n’est qu’en se «jetant à l’eau» le plus souvent que nous pouvons espérer gagner des points. Suivre des formations peut également être très utile.
Y a-t-il des formations sur la place qui s’attèlent au développement de la confiance en soi ? Sont-elles réellement efficaces ?
Effectivement, il existe aujourd’hui une panoplie de formations sur le développement personnel, notamment en ce qui concerne le développement de la confiance en soi. Cela reste des recettes qui peuvent parfois être efficaces pour certaines personnes qui ont juste besoin d’un léger recadrage. En revanche, il faut davantage un travail personnalisé pour les personnes atteintes d’un trac permanent.
