Carrière
Le marché de l’emploi gagné par la morosité
Le chômage a augmenté, particulièrement chez les jeunes. Parmi les secteurs qui recrutent, les services et les industries qui investissent dans le développement durable. Les offres concernent principalement les juristes, les commerciaux et les ingénieurs…
ploi est assez morose. D’après la note d’information que vient de publier le Haut commissariat au plan (HCP), le nombre de chômeurs a augmenté de 28 000 entre le troisième trimestre 2010 et celui de 2011. Le taux de chômage a ainsi progressé légèrement de 0,1 point, à 9,1%. Cette dégradation du marché de l’emploi a été particulièrement ressentie par les jeunes citadins âgés de 15 à 24 ans, pour lesquels le taux de chômage a grimpé de 3,3 points. Cette évolution défavorable des indicateurs est en partie due à l’augmentation de la population active. Mais, il se trouve que, dans l’ensemble, l’économie ne crée pas encore suffisamment d’emplois, surtout qualifiés. A ce niveau, le marché est effectivement calme, si l’on en croit les cabinets de recrutement que nous avons interrogés.«De manière générale, les programmes de recrutement sont toujours maintenus, mais les entreprises ne se forcent pas. Elles embauchent pour pourvoir des postes existants mais très peu pour des créations d’emplois», explique Essaid Bellal, DG du cabinet Diorh. Citant les technologies de l’information, un conseiller en RH souligne que le secteur se relève de la crise qu’il a vécue les trois dernières années mais que les annonces de recrutement opérées par les éditeurs et SSII ne signifient pas nécessairement des créations nettes d’emplois. Elles peuvent couvrir, particulièrement en ce moment d’ailleurs, un besoin de répondre à une élévation du taux de turnover.L’atonie du marché est aussi constatée par Chantal Aounil, responsable recrutement à Bil Consulting, qui relève une nette baisse de l’activité recrutement du cabinet durant cette année. «Soit les entreprises n’ont pas terminé leur ajustement et devraient continuer à supprimer des emplois, soit elles ont perdu en productivité», commente-t-elle. Le manque de dynamisme est pour l’essentiel expliqué par les craintes suscitées par la crise internationale qui empêche toute projection à court et moyen terme. Les incertitudes quant à l’issue des élections législatives sont également invoquées. Pour être plus précis, les entreprises se montrent plus attentistes depuis le déclenchement des révolutions arabes, même si les déclarations officielles des patrons sont rassurantes.Quoi qu’il en soit, il y a des entreprises qui recrutent, dans les services en général. La banque reste très active, de même que l’offshoring, dans sa partie centre d’appel qui constitue encore le gros de l’activité. Les opérateurs souffrent davantage du manque de compétences que du nombre de candidatures. Il en résulte que certaines sociétés éprouvent du mal à monter en charge faute d’opérateurs maîtrisant parfaitement les langues étrangères, le français et l’anglais pour être précis. Encore une fois, la question de la qualité de la formation ou, pour être moins sévère, de l’adéquation entre les besoins et les programmes se pose, et n’est pas près d’être résolue.Le DG du cabinet Diorh affirme que les profils de juriste sont également recherchés. Face à la complexité croissante des lois et des réglementations, le juriste d’entreprise est devenu en quelques années une fonction incontournable. En tout cas pour certaines entreprises. Traditionnellement limité à la défense des intérêts de sa société et à la production d’actes juridiques, son rôle s’est véritablement étoffé depuis. Outre une solide formation juridique, le juriste doit parler couramment anglais, voire une deuxième langue étrangère : l’ouverture au marché européen et la mondialisation des affaires l’amènent en effet à être en contact de plus en plus souvent avec de nombreux interlocuteurs étrangers. Une grande capacité d’analyse et de synthèse, de la rigueur, une grande habileté dans les négociations, le sens du contact et du dialogue sont des qualités personnelles indispensables pour exercer ce métier.
Le marché est à l’écoutedu prochain gouvernement
L’industrie est aussi en quête de compétences. Selon Mohamed Bennouna, DG du cabinet F2V, «la métallurgie et l’électricité sont toujours en quête de différents profils. Ajoutez à cela les entreprises opérant dans le domaine des énergies renouvelables qui montrent, de plus en plus, leur dynamisme sur le marché de l’emploi».En ce qui concerne les TIC, si la demande concerne principalement les ingénieurs informaticiens et les ingénieurs télécoms, il n’en demeure pas moins que d’autres profils plus pointus intéressent les entreprises. On peut citer notamment les experts en sécurité des systèmes d’information (SI), les architectes de SI et les urbanistes des SI.Les ingénieurs commerciaux et ingénieurs avant-vente sont aussi recherchés par les entreprises. Mettre la main sur un ingénieur d’affaires venu d’une société concurrente leur permettant d’obtenir un portefeuille de clients clés en main et de gagner à la fois en temps et en business est un objectif partagé par toutes. C’est dire que les entreprises n’hésitent pas à ouvrir leurs portes à des personnes en mesure de leur apporter une valeur ajoutée, même si les perturbations actuelles sur les plans politique et économique les conduisent à faire preuve de retenue sur leurs perspectives de croissance. C’est pourquoi chez les cabinets de recrutement, la tendance est plutôt à la prudence pour les mois à venir. Le contexte actuel n’autorise pas à formuler avec certitude des prévisions optimistes. Il faudrait au moins qu’il y ait un gouvernement solide proposant un programme cohérent et clair pour que le reste puisse suivre.
