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Carrière

«Le DRH n’est pas dans une position très agréable face à la pression des salariés»

La cherté de la vie a eu un impact sur le niveau de vie des salariés. Conséquence : leur vie professionnelle est impactée. Croissance inédite du nombre de demandes de revue salariale, de prêts, et/ou d’avances sur salaire, vague de mobilité, pressions syndicales croissantes… Les DRH ont du pain sur la planche.

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• La cherté de la vie a-t-elle eu un impact sur le moral des effectifs ? Quelles sont les conséquences de cet impact sur l’organisation ?
Plutôt la cherté de la vie a eu un impact sur la poche des effectifs. Les signes de lutte contre leur chute deviennent de plus en plus visibles. Il est évident que le moral ne soit pas au beau fixe.
Certains ont vendu leurs voitures et réclament le transport du personnel. Dans d’autres entreprises nous constatons une croissance inédite du nombre de demandes de revue salariale, de prêts, et/ou d’avances sur salaire. Le moral, certes, est impacté, car les salariés se battent pour garder leur niveau de vie habituel et ne pas glisser vers le bas.
Il y a lieu de noter aussi qu’une vague de mobilité est ressentie sur le marché de l’emploi. Les entreprises n’ayant pas la capacité financière leur permettant de répondre aux demandes d’augmentation salariale de leurs collaborateurs commencent à perdre des plumes.
Ces mouvements d’effectifs ont commencé à se faire sentir après la crise sanitaire et se sont accélérés après cette vague de hausse des prix. Le salarié est désormais à la recherche (quelque part légitime) du mieux disant pour ne pas couler davantage.

• Quels sont les effets indésirables que vous avez pu constater à ce niveau ?
Pour l’entreprise, certaines ont perdu des talents, d’autres subissent des pressions syndicales croissantes. Les cahiers revendicatifs se multiplient, cherchant à compenser, quoique partiellement, les pertes engendrées par les prix qui ont pris feu.
Il semblerait que, désormais, c’est aux entreprises de compenser les salariés pour cette hausse de prix.
Pour les salariés, il est évident qu’ils aient le moral au plus bas, car ils sont en perte de vitesse. Leur pouvoir d’achat s’affaiblit d’une manière alarmante. A noter que dans certains secteurs industriels, une baisse de productivité est remarquable, parfois couplée même à une hausse des AT.
Le dialogue entre l’entreprise et le salarié se diversifie et prend visiblement plusieurs formes dans certains cas plutôt inquiétantes.

• Les DRH sont plus que jamais tiraillés entre les exigences de la direction générale et les attentes de plus en plus larges des salariés. Ne sont-ils pas également sous pression ?
Les DRH subissent une pression croissante depuis l’apparition de la pandémie. A peine soulagés avec le retour à la vie normale, ils se voient confrontés à cette problématique.
Ils sont entre le marteau et l’enclume. Cette fois-ci, ils subissent une pression inversée. Celle des salariés de haut avec souvent une réticence de certaines entreprises à lâcher des ressources financières supplémentaires afin de répondre aux réclamations des salariés.
Le DRH n’est pas dans une position très agréable face à ces agitations. Il est vraiment le Janus de l’entreprise.

• Comment alors s’en sortir ?
La question qui se pose ou plutôt qui s’impose est la suivante : Qui est prêt à payer pour cette hausse de prix? La facture est lourde.
Il ne s’agit pas d’un simple ajustement local. Il s’agit d’une macro-dynamique impactant le social, l’économique et les équilibres y afférents. Ceci dépasse la sphère du gestionnaire RH et même de l’entreprise dans plusieurs cas.
En effet, il serait judicieux de tenir un débat élargi entre l’ensemble des parties prenantes afin de réguler les ajustements qui s’imposent. Faute de quoi, c’est la loi du mieux disant qui régnera.