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Carrière

Le communicant a rarement conscience de ses capacités

L’art de communiquer n’est pas toujours inné, on peut s’améliorer en s’appuyant sur le media training.
Pour captiver l’attention d’un auditoire, la gestuelle est aussi
importante que le fond du discours.
A la télévision, les messages clairs, concis et précis
ont plus de chance de capter l’attention que des discours longs et complexes.

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Faire passer un message n’est pas à  la portée de tout le monde, que ce soit dans un cercle restreint ou devant une foule ou une caméra. Le fond du discours,la forme, la gestuelle, la tenue vestimentaire…, tout doit être harmonieusement dosé. Explications de Mouslim Kabbaj, président d’IS Force, Institut supérieur de formation, de consultance et d’expertise, cabinet qui propose également le media training. Explications.

La Vie éco : Peut-on réellement améliorer sa prise de parole ?
Mouslim Kabbaj : Oui, sans aucun doute. De nombreuses personnes connues ont progressé en matière de communication, depuis Démosthène en Grèce antique jusqu’au Maroc ou ailleurs, en travaillant différents aspects de leur communication. Il est reconnu que c’est en bonne partie une qualité qui s’acquiert, soit naturellement, parce qu’elle est synonyme de plaisir, soit par une approche volontariste. Certains avanceront plus vite que d’autres, en y mettant plus ou moins d’énergie et de temps, mais au bout du compte, les évolutions seront tangibles. Au sein de notre institut, nous avons ainsi accompagné des centaines de personnes avec des résultats significatifs, lorsqu’il y avait engagement et persévérance des personnes concernées.

Le media training est de plus en plus utilisé par les managers pour améliorer leur prise de parole en public. Que leur apporte-t-il vraiment ?
Les managers tant du privé que du public s’y intéressent en effet, non sans succès. L’intérêt a commencé aux USA, en politique, avec John F. Kennedy dans ses premières prestations télévisées, et s’est répandu à  bien d’autres pays et d’autres domaines, compte tenu de l’incontournable exposition aux médias et à  des auditoires de plus en plus exigeants. En fait, il est clair que lire des ouvrages de communication, visionner des discours ou suivre des conseils de spécialistes n’est pas suffisant. A cela deux raisons : le communicant n’a que rarement conscience de ses propres capacités, bonnes ou mauvaises, d’une part, et, d’autre part, la compréhension théorique des techniques d’expression ne résout pas concrètement les inhibitions ; la pratique est absolument indispensable à  cet égard. Le media training permet une prise de conscience de sa propre communication en tant qu’acteur et spectateur et une remise en cause de ses habitudes et de ses tics par la simulation et la répétition, par une sorte de jeu de rôles. Les niveaux de difficultés, pour sortir progressivement de sa zone de confort et «prendre des risques», peuvent être ainsi mieux maà®trisés.

Quand faut-il user de la gestuelle ?
Quand on prend la parole en face de personnes proches, il y a des questions que l’on ne se pose pas. Par exemple : que faire de ses mains ? Comment accompagner ses paroles ? En général, ce sont des questions qui caractérisent un état d’inconfort et de doute. Car les mains peuvent ponctuer simplement les idées ou la tonalité de la voix quand on parle naturellement. Ce qui est difficile, c’est de parler de façon naturelle dans un contexte perçu comme déstabilisant. Ce qui est encore plus difficile, c’est de trouver la bonne résonance, la plus en phase avec le contexte et l’auditoire. Il s’agit alors de trouver l’état physiologique le mieux adapté, avec une bonne cohérence entre ce que j’appelle les degrés de liberté : le langage du corps, la voix, l’expression des yeux et du visage.

Quels sont les gestes qui tuent ?
Le plus choquant pour l’observateur est une attitude perçue comme irrespectueuse ou arrogante, car, d’un côté, vous prenez la peine de communiquer, et c’est une invitation à  l’échange avec l’auditoire, et de l’autre, vous lui manquez de respect. Paradoxal ! Cette attitude peut prendre différentes formes : prendre une posture nonchalante, être mal assis, avoir les mains plaquées sur le visage, pointer du doigt ceux qui vous écoutent ou simplement ne pas les regarder. Il y a également une différence de perception dans l’auditoire selon que le communicateur fait ces gestes volontairement ou qu’il n’en est pas conscient (ce que l’on devine lorsqu’ils deviennent répétitifs). A cet égard, le danger est notamment que ces gestes et cette attitude dévoilent des facettes cachées de la personnalité.

La tenue vestimentaire est-elle importante ?
Relativisons d’abord son importance. Moins le communicateur est convaincant et crédible et plus son look, sa tenue vestimentaire… prennent de l’importance. Les éléments annexes deviennent principaux quand l’essentiel ne capte pas l’attention. Maintenant, je ne veux pas sous-estimer la cohérence du style (dans toutes ses dimensions, y compris la tenue), avec la personnalité et le rôle que l’on veut jouer. En d’autres termes, tout ce que l’on montre communique des choses à  l’observateur, soit au niveau conscient soit dans le ressenti, et pas seulement ce qui est dit.

Faut-il se comporter de la même manière devant un auditoire et lorsqu’on passe à  la télévision ?
La communication est différente selon les canaux de communication. Regardons autour de nous, certaines personnes sont très efficaces en conférence ou en meeting, pas du tout devant une caméra. La télévision a développé des règles de communication de mieux en mieux identifiées par les chercheurs : c’est un discours image o๠le non-verbal joue un rôle prépondérant, avec tous les degrés de liberté dont je parlais plus haut. De plus, les messages clairs, concis et précis ont plus de chance de capter l’attention et de marquer que des discours longs et complexes. Enfin, les techniques et l’art de la persuasion ont un effet remarquable : répétition, effets de contraste entre les idées, métaphores. L’effet des attitudes, des émotions et des symboles est sans commune mesure à  la télévision.

Mouslim kabbaj Président d’IS Force
Les techniques de persuasion ont un effet remarquable : répétition, effets de contraste entre les idées, métaphores. L’effet des attitudes, des émotions et des symboles est sans commune mesure à  la télévision.