Carrière
La croissance d’entreprise au Maroc : Questions à Moulay Zine El Oudghiri, DG de Saccom
«La croissance demande de l’adaptation à de nouvelles conditions de travail, de la réactivité, de l’efficacité accrue…».

La Vie éco : Votre entreprise connaît un développement important. Comment gérez-vous cette phase importante ?
Nous pensons que la raison principale pour laquelle Saccom RH connait un développement important est la mise en place d’objectifs clairs pour cette croissance. Notre démarche étant d’agir avec méthode et de manière réfléchie pour augmenter l’efficacité de notre production, atteindre une taille suffisante pour faire face à la concurrence, développer des synergies afin de regrouper des activités complémentaires puis renforcer le pouvoir de négociation vis-à-vis nos partenaires externes.
La ligne directrice étant tracée, il nous reste à définir la stratégie de croissance la plus adaptée pour atteindre nos objectifs. Le choix de ces derniers se fait par un mix entre une croissance interne et externe.
En matière d’élément humain, nous avons revu le rôle de chaque employé tout en s’assurant que sa capacité à gérer de multiples dossiers n’aura pas de répercussions sur la qualité. Nous avons créé des fonctions support le cas échéant en faisant en sorte que les postes dont nous disposons débouchent sur des perspectives d’évolution en cas de rendement.
En outre, la compréhension des besoins et la proximité des entreprises sont deux facteurs indispensables pour pouvoir se développer dans ce métier. L’enjeu est de pouvoir comprendre les besoins actuels et latents du marché, anticiper via des expertises et des solutions concrètes et enfin démontrer l’impact via des résultats tangibles.
Nous avons toujours opté pour un modèle de solutions personnalisés, ce qui n’est pas évident à mettre en œuvre puisqu’il implique de grandes capacités de diagnostic, d’analyse puis d’innovation et de résolution de problèmes. Pour cela nous nous sommes dotés d’une organisation qui compte des profils compétents, complémentaires et engagés, nous avons soutenu l’ensemble par des outils et règles de gestion claires.
Quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer à ce niveau ?
Stratégiquement parlant, j’évoquerais plus les risques que les difficultés. En effet, étant donné nos besoins accrus en capitaux, nous risquons d’opter pour une ouverture de capital entrainant une perte partielle sinon totale d’indépendance. Ceci pouvant entraîner par la même occasion une réorganisation à mettre en œuvre avec un risque de détérioration du climat social en cas d’élimination des postes à doublons.
D’un point de vue opérationnel, l’identification des véritables problématiques en entreprise et de leurs contours est en soi une grande difficulté. Très souvent dans ce métier le vrai point à solutionner se trouve ailleurs que là où on pense l’avoir identifié.
Or, justement, l’une des contraintes que nous sommes amenés à gérer en permanence est celle du temps, le nôtre et celui de l’entreprise, la situation à résoudre a peut-être tellement trop duré que l’on ne peut pas se permettre de perdre un budget temps dans des chemins de résolution qui peuvent s’avérer incohérents. En définitif, il faut combiner une facilité de compréhension du contexte, une fluidité des canaux de communication avec l’entreprise et une expertise forte capable de trouver et de mettre sur pied une solution efficace.
D’un point de vue humain, on peut faire face à la résistance au changement.
Comme vous le savez, qui dit croissance, dit adaptation à de nouvelles conditions de travail, plus de réactivité, efficacité accrue, gestion de temps, mise en place de tableaux de bord… Tout ceci nécessite de nouvelles aptitudes et attitudes que les collaborateurs doivent acquérir afin de maintenir sinon d’accroître leurs rendement.
Comment faire évoluer la structure tout en veillant à sa croissance ?
A mon sens on peut faire évoluer notre structure par le biais de la croissance :
• Interne : en créant des passerelles entre les différentes entreprises du groupe, et bien entendu en optimisant nos coûts structurels et de supports.
• Externe : en opérant soit des acquisitions soit des regroupements d’entreprises ou encore par le développement des accords de partenariat entre les entreprises cibles afin d’accroître nos parts de marché. Il n’est pas exclu non plus d’étudier une alliance stratégique avec un fournisseur ou client afin d’intégrer un segment du marché spécifique.
Pour résumer, la croissance externe nous permet de nous élargir en gagnant plus de parts de marché tout en restant stables, alors que la croissance interne booste la performance consolidée des entreprises du groupe.
Le capital humain est à mettre également en exergue. En effet, sa mise en confiance, sa motivation, sa mise à niveau, sa cohésion sont les facteurs clés de réussite… Mais ce n’est pas assez, il faut pouvoir disposer des outils d’organisation et de gestion de l’information pour rendre la prise de décision simple et rapide.
Sur un autre volet, il faut avoir un regard analytique des divers marchés et secteurs d’activité, comprendre le pourquoi des tendances actuelles et futures, leurs origines et leurs impacts. Il me semble que c’est la manière juste pour être un interlocuteur fiable pour une entreprise en quête d’un partenaire crédible.
