Carrière
Il ne faut pas lésiner sur les moyens en matière de conseil juridique, fiscal et comptable !
Une règle : ne pas consommer le capital apporté ou emprunté pour des dépenses
purement personnelles.
Une mauvaise gestion des aspects fiscaux peut avoir
des conséquences graves pour la suite.

Ali Hamidouch Expert comptable et commissaire aux comptes La priorité,
c’est surtout l’investissement en biens d’équipement et le maintien d’un fonds de roulement de l’exploitation.
L’expert comptable et commissaire aux comptes Ali Hamidouch, fondateur du cabinet Audit House, insiste sur la nécessité pour l’entrepreneur débutant de bien investir dans le conseil de façon générale. Cet investissement, pas vraiment coûteux, est une garantie pour éviter les mauvaises surprises.
La Vie éco : Quel est, à votre avis, le préalable avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?
Ali Hamidouch: En premier lieu, une étude de faisabilité du projet s’impose. Il faut s’assurer des possibilités de sa réalisation au niveau juridique, administratif, financier, commercial et autres. Ce préalable exige ainsi le choix d’un conseiller qualifié. Il faut surtout éviter de choisir toujours le conseiller le «moins cher» parce que ce choix pourrait s’avérer pénalisant.
Une fois que le projet est ficelé, que doit-on faire pour gérer au mieux les premiers mois de la création de l’entreprise, surtout au niveau juridique, comptable et financer ?
La règle d’or est d’abord de ne pas consommer le capital apporté ou emprunté pour des dépenses purement personnelles (l’achat de voitures de tourisme, par exemple). Autrement dit, la priorité, c’est surtout l’investissement en biens d’équipement et le maintien d’un fonds de roulement de l’exploitation.
Plus important encore, le jeune entrepreneur doit bien suivre sa jeune pousse en matière comptable, juridique et fiscale. Ce suivi permet à l’entrepreneur débutant d’éviter le risque des responsabilités pénales en tant que gérant de l’entreprise et d’éviter, également, les pénalités et les majorations de retard occasionnées par le dépôt tardif des déclarations fiscales, comptables et juridiques ou le non-paiement dans les délais des impôts et taxes dus par l’entreprise.
A titre d’exemple, juridiquement, le dépôt tardif au tribunal de commerce des états de synthèse pour un exercice donné donne lieu au paiement d’une pénalité allant de 10 000 à 50 000 DH.
En fait, l’idéal serait que le jeune entrepreneur investisse, parallèlement au développement de son business, en formation dans différents domaines en liaison directe avec son projet, y compris, nécessairement, l’aspect comptable, juridique et fiscal. Objectif : éviter les mauvaises surprises et réduire les faux-pas !
Plusieurs jeunes créateurs d’entreprises confondent la date de commencement de l’exploitation et celle de la création de l’entreprise. Quelle est la différence entre ces deux dates dans la vie d’une entreprise ?
La date de commencement de l’exploitation d’une entreprise doit être entendue fiscalement comme étant le premier acte commercial entrepris par la société après sa constitution : ce sera le premier acte d’approvisionnement pour une société de production ou la première prestation fournie par une société de service. C’est une date à retenir et à noter : ce n’est pas toujours la date de création. Il faut retenir que cette date coà¯ncide aussi avec le début des 24 mois pendant lesquels l’entreprise peut acheter ses biens d’investissement en exonération de TVA, le début de l’exonération temporaire pendant cinq ans de la patente, le début de l’exonération temporaire pendant trois ans (pour l’IR) ou 36 mois (pour l’IS) de la cotisation minimale, le début possible pour le calcul des amortissements, etc.
Quelles sont vos recommandations aux jeunes entrepreneurs qui souhaitent bénéficier de l’optimisation fiscale ?
Je leur dirais de ne pas confondre l’optimisation avec la fraude fiscale. Bien évidemment, le bon conseil n’est pas celui qui encourage à la fraude fiscale.
L’optimisation fiscale est une technique par laquelle le contribuable s’attache à arbitrer entre les différentes possibilités ouvertes par la législation fiscale dans le sens le plus favorable à ses intérêts propres. Mais attention, la fraude fiscale est la soustraction volontaire à l’impôt, par des techniques allant de la dissimulation de recettes ou d’activités à la sous-estimation des bases.
Bref, il est conseillé de ne pas pratiquer l’informel lorsqu’on a choisi le cadre formel.
