Carrière
Houcine Berbou : La fonction «commercial» a toujours la cote
Questions à : Houcine Berbou, Consultant senior à LMS ORH.

La Vie éco : Comment analysez-vous l’année 2011 en termes de politiques de rémunération ?
L’année 2011 est spéciale : printemps arabe, aboutissement du dialogue social dans le public, changement de gouvernement, contexte de crise à l’international… Ce contexte s’est traduit par la hausse des salaires dans la fonction publique (+600 DH nets pour les 750 000 fonctionnaires) et un effet d’entraînement dans le privé ; les banques, notamment, ont augmenté les salaires de 750 DH bruts au minimum.
Par ailleurs, les fonctions d’encadrement et de management continuent à suivre la loi du marché, en fonction du lieu géographique. En effet, dans la zone franche de Tanger, l’implantation de plusieurs groupes internationaux à TFZ a créé une surenchère salariale pour la majorité des emplois (technique, gestion, management) et le turn-over est très important. Dans les autres régions du Maroc, le marché reste stable et les augmentations annoncées ne dépassent généralement pas les seuils conventionnels (autour de 5%).
Le printemps arabe a donc eu un effet déterminant dans cette évolution…
Oui, effectivement, à l’image de ce qui se passe dans les autres pays arabes où les gouvernements ont accordé des augmentations de salaires au détriment des équilibres budgétaires. La preuve en est qu’aujourd’hui, au Maroc, le déficit avoisine les 7%, ce qui dépasse de 3 points les recommandations des bailleurs de fonds internationaux. Ceci fragilise quelque peu le degré de solvabilité du pays et sa notation par les organismes de notation.
Comment se présente l’année 2012 ?
Tout dépend des secteurs. Les secteurs des industries d’exportation, hors aéronautique, équipementiers auto et phosphates, connaissent beaucoup de difficultés. Les chiffres d’affaires sont en baisse, par exemple dans le tourisme et le textile. S’ajoutent à cela les prévisions de croissance faible. Bank Al-Maghrib prévoit moins de 3% en 2012 au lieu des 4,2% retenus par le gouvernement pour préparer la Loi de finances. Cette donne n’arrange pas les choses.
A votre avis, quelles sont les fonctions qui ont évolué ou qui vont évoluer cette année ?
Les fonctions commerciales gardent toujours la cote. Les domaines de l’ingénierie, notamment le génie civil, sont toujours recherchés avec une offre inférieure à la demande en fonction des régions. Les domaines d’expertise tel que le risk management, l’actuariat et le contrôle de gestion sont des domaines recherchés et les salaires y sont importants.
En ce qui concerne les secteurs, je dirais que l’aéronautique, l’équipement auto, la chimie ou les BTP proposeront des salaires importants du fait qu’ils connaissent une dynamique actuellement. Forcément, on connaîtra une bataille au niveau des talents.
