Carrière
Formation digitale : questions à Noreddine Al Achari, DG du cabinet Digital World
«L’intégration de la formation digitale dans les mécanismes de remboursement accélérerait certainement le mouvement».

La Vie éco : En tant que cabinet spécialisé, comment appréciez-vous l’intérêt des entreprises pour la formation digitale?
En effet, Digital Word est à l’écoute du marché de la formation depuis une vingtaine d’années et de la formation digitale depuis quatre ans. La règle est toujours le présentiel. Par contre, la conscience de la nécessité de digitaliser la formation est une réalité. Les entreprises sont fortement sensibles à des arguments tels que la réduction des coûts, la pérennité et la disponibilité des formations digitales, le suivi des apprenants, la facilité de mener l’évaluation à froid…
Reste à traduire cette prise de conscience en action. Mais les choses peuvent évoluer rapidement en faveur de la formation digitale. L’intégration de la formation digitale dans les mécanismes de remboursement dans le cadre des contrats spéciaux de formation accélérerait certainement le mouvement.
Ceci étant dit, le e-learning est bien installé dans le secteur des calls centers pour plusieurs raisons : formation en masse, jeunesse des salariés, turnover important…
Dans le secteur bancaire, une grande banque de la place est pionnière en la matière et ce, depuis une dizaine d’années. Les autres s’y mettent.
Les multinationales du secteur pharmaceutique également. Certaines PME, certes rares, se sont lancées dans le e-learning. Je pense notamment à Cash Plus ou NCRM.
Qui a recours aujourd’hui à ces plateformes de e-learning et est-ce que les entreprises ont fait le choix de déployer des solutions en interne ou recourent-elles à des formations online ?
n Je pense à certaines entreprises qui au départ ont opté pour des plateformes qui mettent à leur disposition des formations génériques, certes de qualité, mais qui ne tiennent pas toujours compte du contexte de l’entreprise, de sa culture, de ses spécificités. De même, ces plateformes ne peuvent pas toujours répondre à des besoins e formations métiers.
A voir de près les appels d’offres lancés récemment, Royal Air Maroc, Maroc Telecom, Crédit Agricole du Maroc et BMCE Bank of Africa ont opté pour l’acquisition de leurs propres plateformes elearning.
D’après votre expérience, la formation online en self-service est-elle suffisante ? Ou mieux vaut faire un appel à un formateur pour déterminer son niveau réel et les contenus les plus adaptés pour progresser ?
n Une précision préalable qui relève d’une lapalissade. La formation digitale, c’est d’abord de la formation. Elle obéit donc aux règles connues et reconnues de la formation : une ingénierie des compétences et une ingénierie pédagogique en amont. Plusieurs options ou réponses à des besoins en formation peuvent découler de ce travail en amont. La réponse idoine aux besoins recensés peut être envisagée en termes de digital, de présentiel, ou encore de Blended learning, un mix des deux. Si la réponse est digitale du générique, du spécifique….
Pour résumer, le digital c’est d’abord une vision en amont. On ne peut pas se passer de certaines questions. Des questions du genre : Pourquoi digitaliser ? Que digitaliser ? Quelle complémentarité entre le digital et le présentiel ? Quelles modalités de suivi des participants ? Comment dynamiser les formations digitales et créer la communauté des apprenants pour éviter une erreur du démarrage du e-learning : «un apprenant face à un ordinateur».
