Carrière
Faire du télétravail, les réflexes à adopter
Totalement libres de leur planning, les télétravailleurs sont épargnés des contingences de lieux et d’horaires. S’organiser, se discipliner, se rendre visible…, le fait de se fixer un cadre reste important pour ne pas vite tomber dans les abus.

Même si la pratique est encore timide au Maroc, le télétravail ou le travail à distance semble séduire bon nombre de personnes, principalement les jeunes. Hasnaa, 26 ans, webmarketteuse de profession chez un opérateur téléphonique, le pratique depuis une année. D’un tempérament plutôt structuré, elle adopte les mêmes horaires de son entreprise. «J’applique la même rigueur qu’au bureau. Je commence ma journée à 9h et la finis vers 17h. Même si les pauses-café avec mes collègues me manquent parfois, je garde pourtant les mêmes principes, à savoir passer le bonjour chaque matin aux collègues via la messagerie instantanée, passer en revue les différents projets avec mon management… L’important est de marquer la disponibilité et de me rendre visible auprès d’eux, même à distance», souligne-t-elle.
Pour sa part, Karim, 28 ans, informaticien de métier, est d’une autre nature. Sa journée de travail ne commence qu’en moitié de journée. Parce qu’il n’a pas de contrainte hiérarchique, il profite du matin pour faire du sport car, entre-temps, il se prépare pour des compétitions sportives, notamment aux différents marathons à travers le monde. «Je travaille le soir, parce que je suis souvent en contact avec nos partenaires étrangers qui se trouvent au bout du monde. Des réunions de travail peuvent s’organiser parfois à 2h du matin», dit-il.
Dans ce domaine, si la flexibilité, l’autonomie et le manque de formalisme y sont pour beaucoup, il n’en reste pas moins que le fait de se fixer un cadre reste important pour ne pas vite tomber dans les abus.
Le risque de perdre en cohésion est tout aussi important
Reste que le télétravail, cela va de soi, ne peut être appliqué à tous les métiers ou les secteurs d’activité.
Cette révolution a commencé par les consultants et autres commerciaux. Ont suivi ceux qui exercent, entre autres, dans les solutions informatiques, les médias, le marketing et la communication, mais touchent de plus en plus des emplois de cadres et d’ingénieurs, juristes, fonctions administratives, support…
Côté entreprises, la démarche semble faire de plus en plus d’adeptes. Capgemini Maroc, groupe spécialisé dans les services du numérique, en fait partie.
Après deux phases pilotes menées successivement l’année dernière, durant lesquelles près d’une centaine de collaborateurs ont pu expérimenter le dispositif, les résultats ont été très positifs et la généralisation à l’ensemble des collaborateurs s’est faite progressivement.
Les télétravailleurs bénéficient des mêmes droits et avantages que ceux applicables aux collaborateurs travaillant dans les locaux de l’entreprise. La charge de travail, les normes de production et les critères d’évaluation sont équivalents à ceux des collègues non concernés par le télétravail.
Cependant, quelques critères doivent être respectés pour pouvoir bénéficier du télétravail. La nature du poste doit le permettre, l’accord du manager est nécessaire et une ancienneté de 3 mois minimum dans une équipe est exigée pour s’assurer de la bonne montée en compétences des collaborateurs, leur maturité et leur niveau d’autonomie.
Ceci dit, pour Asmaa Oudghiri, DRH de Capgemini Maroc, «le risque est de perdre en cohésion. L’enjeu est de faire que l’entreprise soit un espace de sociabilisation et d’inviter les collaborateurs à s’y retrouver régulièrement».
Car, in fine, perdre sa culture d’entreprise est un risque tout aussi important.
On se rappelle qu’il y a un an, le groupe IBM avait mis fin à la pratique du télétravail non pas pour le manque de productivité des collaborateurs mais pour le manque d’innovation.
En divisant leurs bénéfices par leur nombre d’employés, chaque employé d’IBM produit en moyenne 193 000 dollars américains par an, soit bien au-dessous des 1,8 million d’Apple ou des 1,6 million de Facebook.
Aujourd’hui, même si les dirigeants ont pris conscience que le télétravail permet d’augmenter de manière importante la productivité, ils ont réalisé que cette dernière ne constitue plus leur objectif premier.
En demandant à leurs employés de retourner au bureau, ils espèrent booster leur créativité et leur talent d’innovation.
