SUIVEZ-NOUS

Carrière

Entreprise en crise ? ils racontent leur déboires

Publié le


Mis à jour le

Abdelhakim M.
Retraité, ex-cadre dans les assurances
«Un départ négocié a été la seule issue»
«Quand on approche de la cinquantaine, on devient une cible parfaite des plans sociaux. Cela a été mon cas. Notre compagnie était en pleine restructuration. Dans ce cadre, le service que je dirigeais a été regroupé avec un autre, en un seul département dirigé par un collègue, devenu ainsi mon supérieur hiérarchique. Comme nos rapports n’étaient pas très bons, il m’a très vite signifié qu’il était le patron et qu’il m’avait dans sa ligne de mire. Du coup, il a accaparé toutes les décisions. Il m’a déchargé au fur et à mesure des missions, me tenant à l’écart des réunions qu’il organisait avec la direction générale et ne me donnant aucune information utile. Il a même fini par me retirer quelques dossiers importants sur lesquels je travaillais depuis de longues années. Bref, j’étais dans le collimateur. Notre compagnie avait pourtant un programme de départs négociés. Mais on n’a pas voulu me faire des propositions dans ce sens. On voulait certainement que je dépose ma démission. Pour moi, c’était donner raison à ceux qui m’avaient mis dans cette situation. Se battre, c’est aussi leur donner la chance de trouver un motif valable pour vous licencier. Mais, j’ai résisté à la tentation de rendre le tablier. Après quelques années de “placardisation”, ils ont fini par me proposer un départ négocié.»

Mohamed F.
Cadre informatique dans une société de services
«Je pense me mettre à mon compte si la situation persiste»
«Je vis dans une entreprise à problèmes. Pas d’évolution de carrière, turn-over important, favoritisme… Ça va de mal en pis. De plus, l’entreprise vit actuellement une crise d’endettement et de recouvrement des créances. Parfois, nos salaires ne sont payés qu’au 15 du mois. Nous avons l’impression que la direction ne fait rien pour arranger la situation. Pourtant, tout allait pour le mieux lorsque je venais d’intégrer le groupe. Ce dernier est constitué d’une dizaine de filiales, diversifiées dans plusieurs domaines d’activité, que ce soit dans le gardiennage et sécurité, le nettoyage industriel, l’intérim et bien d’autres services. En tant qu’ingénieur informaticien, j’avais la charge d’harmoniser le système d’information de toutes les filiales. Au départ, on m’avait promis de diriger une équipe, une voiture de fonction, des projets informatiques à développer et bien d’autres avantages. Qu’en est-il aujourd’hui ? Que dalle ! Je boucle mes cinq ans cette année, sans avoir l’impression d’avoir progressé. Même l’augmentation de salaire est dérisoire. Le problème est que je ne peux laisser tout tomber, par éthique. Je suis pour l’instant le seul à pouvoir régler les dysfonctionnements informatiques qui peuvent survenir. Mais, je ne tiendrai plus longtemps.
Actuellement, j’essaie de développer de nouvelles applications liées à la gestion de la paie, du personnel et du recrutement pour le compte d’autres sociétés. Mon objectif est de créer mon propre réseau et, pourquoi pas, de me mettre à mon compte. J’y pense de plus en plus.»

M.S.
Cadre commercial dans une entreprise de textile
«L’entreprise souffre d’une perte de compétitivité»
«Tout peut sembler aller bien, alors que le sentiment de crise est bien perceptible. C’est ce qui m’arrive, aujourd’hui. En effet, notre entreprise, dont l’actionnariat a un caractère familial, est dirigée depuis plusieurs années par les mêmes personnes. Sur le plan financier, les résultats stagnent depuis trois ans. La direction invoque la situation délicate que vit le secteur, mais je pense qu’il s’agit plutôt d’une incapacité à innover. L’entreprise a du mal à passer de la sous-traitance à la fabrication de produits finis. Comme la concurrence devient plus dure, je redoute une amplification des problèmes dans les deux ans à venir. Je n’ose pas soulever la question pour éviter des accusations de démobilisation, mais je suis en train de chercher un point de chute. Toutefois, je veille à ce que mon travail soit irréprochable, sachant que je compte rester dans le secteur.»