Carrière
En temps de crise, les profils expérimentés sont les plus recherchés
Avec plus de trois années d’expérience sur le marché, on a davantage de chance de changer de job avec de meilleures conditions. Les écarts de salaires entre les grands groupes, notamment les multinationales, et les groupes nationaux sont faibles.

Pour Abdellah Deguig, président de la Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI), la mise en place d’un baromètre des salaires dans le secteur des TIC est plus que nécessaire. Le secteur a connu de véritables bouleversements ces dernières années, par conséquent, les entreprises ont besoin de plus en plus de visibilité sur les pratiques RH. Explications.
– Quelle analyse peut-on faire de cette enquête sur les salaires ?
Je tiens à rappeler tout d’abord le contexte de l’instauration d’un baromètre des salaires dans le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC). Depuis le boom de l’offshoring en 2007, avec l’arrivée des multinationales, le marché de l’emploi dans notre domaine a connu un véritable chamboulement. L’effervescence du marché a entraîné, en conséquence, un besoin flagrant en matière de profils mais aussi une surenchère des salaires, notamment des profils qualifiés ayant de l’expérience.
La Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI) s’était dit qu’il fallait disposer d’un outil de veille qui servira de renseigner les professionnels des TIC sur les pratiques RH du secteur.
La première édition du baromètre des salaires 2009 était venue à point nommé et a permis d’avoir une première analyse des pratiques salariales dans le secteur. A l’époque, nous avons sondé plus de 50 entreprises et nous avons établi une liste de 14 profils identifiés.
Cette nouvelle enquête est celle de la consolidation des données mais aussi d’un élargissement du panel puisque nous avons eu un échantillon de plus de 350 entreprises. Les profils concernés sont aussi plus importants. Ce sont plus de 30 profils définis.
Pour une meilleure pertinence des résultats de l’enquête, des entretiens qualitatifs en face to face ont été réalisés avec différentes entreprises. Ils ont porté sur la description de leur politique RH en termes de recrutement, de formation, de rémunération, d’intégration et d’accompagnement des ressources.
– Quelle étude faites-vous sur cette enquête et celle de 2009 ?
Comme je viens de le souligner, la première édition nous a permis de connaître des tendances sur les pratiques salariales, les profils demandés…Celle-ci nous a permis d’en savoir un peu plus sur les politiques RH des entreprises.
Elle nous a renseigné également sur l’inflation des salaires qui a été freinée sur certains profils par rapport à la période 2008/09, période caractérisée par l’arrivée des entreprises offshore sur le marché.
– Selon vous, comment ont évolué les salaires dans le secteur des TIC ces dernières années ?
Il faut dire que la tension a baissé en raison de la crise dont les effets ont fini par atteindre le Maroc. Dès lors, la pression qui régnait sur le marché de l’emploi des TIC s’est apaisée. On parle même d’une régulation du marché de l’emploi.
Aujourd’hui, les écarts de salaires entre les grands groupes, notamment les multinationales, et les groupes nationaux sont faibles. On retrouvera les mêmes niveaux de salaire avec les mêmes avantages en nature.
Ceci dit, nous constatons que pour certains profils, notamment les chefs de projet, leurs salaires peuvent être importants lorsqu’ils travaillent sur un domaine pointu, qu’ils soient dans un grand groupe ou une PME. C’est selon leur niveau de compétence, d’expertise et la nature des missions.
– Malgré la crise, certains profils TIC sont pourtant toujours bien cotés sur le marché, lesquels ?
Je dirais que quel que soit le profil, la compétence et l’expérience sont déterminantes. Malheureusement, l’industrie IT est encore jeune au Maroc et il faut compter quelques années pour avoir des personnes expérimentées.
Les profils ayant plus de trois ans sur le marché ont plus de chance de changer de job avec de meilleures conditions. La raison est simple : en temps de crise, les entreprises préfèrent des profils capables de s’intégrer dans le processus de production dès le premier jour de recrutement.
Par exemple, un directeur de projet avec 7 ans d’expérience est assez rare sur le marché. Il en est de même pour des directeurs techniques, commerciaux, chargés d’affaires…
J’ajouterais également que la plupart des entreprises essaient de compenser les lacunes des débutants par la promotion, la formation…
D’un autre côté, le marché a également enregistré un flux croissant de ressources hautement qualifiées et de candidats qui ont décidé de revenir au bercail. Ce retour permet de disposer d’un vivier de ressources humaines à des conditions et des tarifs conformes aux spécificités du marché marocain et non pas international.
– Quelles sont les problématiques que rencontrent généralement les entreprises du secteur en matière de politique RH ?
Ce sont les mêmes que dans les entreprises des autres secteurs, à savoir comment attirer et fidéliser.
Nous sommes dans un secteur où les technologies évoluent rapidement et pour cela nous avons besoin de jeunes lauréats qui s’approprient rapidement ces technologies.
Le Maroc a aujourd’hui une vraie opportunité de faire des TIC un secteur qui emploie massivement. Pour cela, il faut faire plus en termes d’encouragement de l’entreprenariat. Nous devrions par exemple, sur le modèle du technopark, créer d’autres structures d’accueil pour les start-up et les PME du secteur.
Il faut également développer les stages et les formations en alternance, chose qui tarde encore à se développer.
