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Carrière

Droits de l’homme dans l’entreprise : encore du chemin à  faire

Le Maroc a paraphé ces dernières années un certain nombre de conventions de l’OMT visant l’amélioration des conditions de travail, mais les actions ne suivent pas toujours.

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Droits de l homme dans l entreprise 2013 02 19

Au Maroc comme dans beaucoup de pays, on assiste à une prise de conscience de l’importance de protéger et de respecter les droits élémentaires des individus au sein des entreprises. Ceci apparaît à travers les différentes prises de position, tant des pouvoirs publics que des entreprises ou experts, que ce soit au niveau international ou national, sur l’importance de la responsabilité sociale, de l’équité, de la mixité femme/homme, de l’égalité des chances… Pour répondre à ces préoccupations, le Maroc a d’ailleurs paraphé ces dernières années un certain nombre de conventions de l’Organisation mondiale du travail (OMT) visant l’amélioration des conditions de travail dans le cadre de la responsabilité sociale. Néanmoins, si les premiers jalons ont été mis en place, beaucoup de chemin reste à faire. Il faut donc susciter le débat, attirer l’attention des différentes parties prenantes que sont, entre autres, l’Etat, les entreprises et les partenaires sociaux, pour pousser à la prise de décision ou l’application rigoureuse des textes en vigueur afin de favoriser un environnement de travail plus propice à l’épanouissement. C’est dans ce sens que le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), en partenariat avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), avec l’appui de l’Association francophone des institutions nationales des droits de l’Homme (AFNCDH), a organisé une journée d’études sur les droits de l’Homme dans l’entreprise. Vaste sujet qui englobe aussi bien des dispositifs contenus dans le Code du travail que différents aspects  liés aux libertés individuelles, aux droits de la femme et de l’enfant et même aux principes élémentaires du management.

Vu la diversité des entreprises, il est clair que les comportements sont très différents au Maroc. Généralement, si on accorde un crédit aux multinationales et aux grandes entreprises nationales qui restent respectueuses des droits individuels et sociaux des salariés, le combat doit être mené au niveau des PME et du secteur informel qui reste le poumon de l’économie nationale. Beaucoup de spécialistes se désolent du fait que les entreprises non structurées (qui ne sont pas toutes des petites) continuent de bafouer les droits basiques des salariés. Les premières (multinationales et grandes entreprises) doivent donc conforter les acquis ou, si possible, en accorder davantage. C’est dans les PME et l’informel que le grand ménage s’impose. Le minimum pour toutes, grandes et petites, est de commencer par respecter le Code du travail.

Fouad Benseddik, directeur de la méthodologie et des relations institutionnelles de Vigeo, tient à rappeler qu’une entreprise sur cinq au niveau mondial a dû faire face à au moins une allégation de violation des droits de l’Homme bien que le thème du respect des droits de l’Homme fait partie de leur discours. Le respect de la liberté syndicale et  du droit à la négociation collective sont les plus fréquemment violés. Au Maroc, le dialogue social instauré depuis plusieurs années a justement pour vocation de surmonter ces problèmes en les abordant dans un espace plus large. Mais une telle démarche ne peut être pertinente que si l’esprit est respecté au niveau des entreprises prises individuellement. A ce propos, Jamal Belahrach, président de la commission emploi au sein de la CGEM, a souligné lors de son intervention qu’«un dialogue social ne doit pas se réduire à une formalité, juste pour appliquer la loi. Il faut qu’un dirigeant se dise que le travail de proximité avec ses salariés est un véritable investissement et non une perte de temps». Mais pour qu’il soit plus efficace, il faut nécessairement des interlocuteurs au niveau des collaborateurs pour faire remonter toutes les attentes et trouver des remèdes à tout mécontentement. Et là, ce n’est qu’en responsabilisant ces derniers et en leur exposant clairement les enjeux que l’on peut éviter les risques de crise.

Respecter le Code du travail, écouter les collaborateurs et en faire des partenaires, œuvrer pour plus d’équilibre entre l’économique et le social sont en résumé trois grands champs à labourer pour éviter que l’herbe de la contestation ne prenne racine. Ce travail est fait dans quelques entreprises où des protocoles d’accord, renouvelés périodiquement (deux à trois ans), comprennent toutes les actions à mettre en place, qui portent généralement sur de nombreuses thématiques (qualité, sécurité, conditions de travail, organisation, résultats d’entreprise). D’autres entreprises rédigent des chartes des bonnes pratiques et aujourd’hui ce sont celles de responsabilités sociales qui sont en vogue. Ces dernières évoquent non seulement les droits et obligations de l’employeur en matière d’organisation du travail et du respect des obligations légales, mais aussi les règles à mettre en place pour intéresser et impliquer les partenaires sociaux à la conduite des affaires.