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Carrière

Droits de l’homme dans l’entreprise : Avis de Fouad Benseddik, Directeur de la méthodologie de Vigeo

« Les violations des droits humains concernent principalement le secteur informel ».

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Fouad Benseddik 2013 02 19

La question des droits de l’Homme en entreprise n’est pas toujours évidente. Une étude du cabinet Vigeo a levé le voile sur la question en établissant une analyse comparée du comportement managérial de près de 1 500 entreprises cotées nord-américaines, européennes et asiatiques.

Celle-ci révèle qu’une multinationale sur cinq a dû faire face à au moins une allégation de violation des droits de l’Homme bien que le thème du respect de ces droits fait partie de leur discours. Le respect de la liberté syndicale et le respect du droit à la négociation collective sont les plus fréquemment violés.

Toutefois, les engagements que les groupes prennent gagnent en visibilité et en pertinence, avec le souci de bien marquer leur adhésion aux principes et aux objectifs des conventions internationales énoncées notamment par l’ONU, l’OIT et l’OCDE. Le problème est que la mise en œuvre des engagements, notamment la capacité à rendre compte des processus dédiés à la protection des droits de l’Homme et à la prévention des risques de violation, reste limitée et souvent controversée.
Par ailleurs, l’étude fait ressortir quelques pratiques très avancées sur l’ensemble du référentiel des droits de l’Homme. Les firmes les plus engagées parviennent non seulement à mettre en place des dispositifs solides de prévention de risques mais aussi à se différencier positivement en termes de réputation, de cohésion de leur capital humain, d’efficience de leur organisation et de sécurité publique.

A lire : Droits de l’homme dans l’entreprise : encore du chemin à faire

Vigeo a également identifié, sur chaque critère, les 30 entreprises qui ont porté leurs engagements et leurs processus de gestion à des niveaux exemplaires et qui démontrent les performances les plus avancées : 24 d’entre elles sont situées en Europe.

Il faut noter également une amélioration des pratiques chez les firmes qui étaient déjà engagées. Il reste néanmoins beaucoup de chemin à faire pour la majorité des entreprises qui doivent mettre en cohérence leurs engagements et leurs plans d’action pour maîtriser leurs risques, et ils sont croissants, sur ces sujets.

L’étude ne concerne pas directement le Maroc mais, d’après nos analyses, nous pouvons émettre quelques constats. D’abord, la violation des droits humains se fait généralement dans le secteur informel. Autre constat, les femmes sont les principales victimes de violation de droits humains. Elles n’arrivent pas à accéder aux postes de responsabilité et elles sont souvent victimes de discrimination au niveau de l’embauche.
Autres victimes, les handicapés. On ne fait pas grand-chose pour eux. Malheureusement, les entreprises redoutent d’avoir à engager des investissements lourds pour la normalisation des postes de travail et doutent de la productivité.