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Carrière

Des opérateurs économiques parlent de leur ville

Les opérateurs de la ville de Marrakech sont conscients de l’engouement que connaît la ville et des lignes rouges à ne pas franchir pour éviter les dérapages. Avis.

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Abdelali doumou
Président du Conseil régional de Marrakech Tensift-Al Haouz
«Certains pensent que Marrakech est une ville où l’immobilier est vendu à des investisseurs étrangers, où les jet-setteurs nous envahissent et viennent profiter plus que les Marocains de notre soleil, de nos lieux et des meilleures choses qu’offre la ville.
Je ne partage pas cette vision. On oublie que cela fait vivre la ville, que des emplois sont créés, que l’arrière-pays agricole en bénéficie en fournissant la ville en produits frais…Il ne faut pas se fier à cette image négative qui est en train de coller à la ville.» Najib Mountassir
Directeur du Sofitel Marrakech
«Marrakech est la première destination du Maroc. Le tourisme se porte bien, c’est une évidence aujourd’hui. Mais cela ne veut pas dire que nous devons nous endormir sur nos lauriers. Il faut rester vigilant car un dérapage est très vite arrivé. Nous avons de belles unités et le cadre de Marrakech est féerique mais nous devons faire un effort particulier sur la qualité de service. Le tourisme est avant tout un métier où les hommes et les femmes ont un rôle important à jouer. Or, quand nous voulons recruter dans ce secteur, nous souffrons. C’est très dur de trouver les bons profils avec les bonnes compétences. On ne s’improvise pas professionnels de l’hôtellerie ou du tourisme, c’est là où beaucoup se trompent ! Un effort particulier doit donc être entrepris au niveau de la formation. C’est, je pense, le défi des années à venir.»

Abdellatif Kabbaj
Président de l’Association de l’industrie hôtelière de Marrakech
«Le tourisme se porte bien. Il y a une nette amélioration de l’activité par rapport à l’année 2000 qui est un bon cru. 2005 sera également une très bonne année mais nous risquons de stagner par la suite. Car il y a une forte augmentation de la capacité hôtelière alors que l’offre en sièges d’avions stagne, d’où une stagnation des arrivées. Il faut donc que nous diversifions nos marchés émetteurs notamment sur l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et même le Maghreb.
A côté de cela, il faut noter que la qualité de service s’est nettement améliorée. Grâce à la concurrence, la différence se fait par la qualité de service. Mais lorsque des opérateurs viennent brader la destination à 99 euros la semaine, cela se fait au détriment de la qualité. Alors que nous sommes en train de nous diriger vers une clientèle jet-set, nous donnons une mauvaise image de destination à bas prix. Cela m’inquiète car nous risquons de faire du volume comme cela est dicté par la politique touristique actuelle sans que la recette ne suive. Il vaut mieux, à mon sens, faire moins de touristes avec une bonne recette et une bonne qualité de service. 10 millions de touristes, d’accord, mais pas n’importe comment.»

Faouzi Zemrani
Président de l’Association nationale des agences de voyages
«Marrakech a une très bonne affluence mais il subsiste des problèmes, justement à cause de cette affluence massive, notamment au niveau de l’arrivée à l’aéroport. Les formalités d’entrée se sont alourdies. Les heures d’attente sont trop importantes. Nous devons donc trouver une solution pour assurer une fluidité car l’accueil est primordial dans ce secteur.
Il y a aussi le problème du surbooking. De graves incidents se sont produits les deux derniers week-ends du mois d’avril à cause de quelques hôteliers.
A part cela, la majorité des touristes sont contents car il y a de plus en plus de coins où sortir à Marrakech. L’animation joue un rôle très important. Mais il faut régler ces deux problèmes pour éviter de faire des mécontents. Les différentes corporations : Association des agences de voyages, Association de l’industrie hôtelière et CRT ont uni leurs efforts pour minimiser les incidents.»

mohamed habib berdaï
Président de la chambre de commerce de Marrakech
«Le secteur du tourisme est le secteur qui se porte aujourd’hui le mieux à Marrakech. Mais notre économie ne doit pas en dépendre. Il ne faut pas se baser sur un seul secteur mais au contraire brasser très large.
D’autant qu’on est en train de renforcer la capacité d’hébergement mais que rien n’est fait pour allonger la durée de séjour, ni pour assurer une qualité de service. La formation est délaissée et il n’y a aucune mesure d’accompagnement. Il est donc très difficile de trouver de bons profils. On se retrouve donc avec des systèmes de débauche et de surenchère. Ce sont donc les mêmes profils qui défilent d’une entreprise à une autre. Ce n’est pas une solution.
Cependant, l’avenir économique de Marrakech et de sa région ne peut être que florissant. La ville a pris une tournure très favorable. C’est devenu une place "select" pour le tourisme international. Il faudra cependant penser à développer encore plus l’animation pour que la diversité des lieux de sorties et de loisirs crée une concurrence favorable pour le secteur.
Il y a encore des choses à faire mais nous avons la chance d’avoir un super wali, à l’écoute des opérateurs de la ville. Il faut bien le dire car grâce à lui beaucoup de choses ont été faites dans cette ville.»