Carrière
Coaching : Entretien avec Houriya Cherif Haouat, Coach certifiée, Directrice de développement de BMH Coach
Auto-emploi, développement entrepreneurial…, les associations ont pris conscience que le soutien financier et l’assistance technique sont certes nécessaires mais insuffisants, et que le coaching pouvait être un plus.
Beaucoup d’associations font de plus en plus appel aux coachs, notamment pour faire profiter directement leurs bénéficiaires d’actions de coaching en individuel ou en groupe. Comment le coaching est utilisé dans le cadre associatif ? Pour quels bénéfices? Réponses de Houriya Cherif Haouat, coach certifiée Hamac, directrice de développement de BMH Coach.
Quelle définition donnez-vous au coaching associatif ?
A ma connaissance il n’existe pas de définition spécifique au coaching associatif. Il fait partie du coaching des organisations ou des structures (associations professionnelles, fondations, syndicats et tous types d’ONG, entreprises). Il s’agit tout simplement de l’accompagnement de l’association pour répondre à ses besoins à un moment donné de son développement, notamment en matière de vision stratégique, de l’élaboration de valeurs, de la cohésion de l’équipe dirigeante ou des équipes projets (bénévoles et salariés), de la cohésion des membres de l’association autour de la vision et des valeurs, du coaching en groupe ou des équipes sur des problématiques managériales, de l’intelligence collective, de gestion des conflits, de leadership, de la communication interpersonnelle…, mais aussi en matière d’animation pour la réflexion et la mise au point de projets, démarches de plaidoyer, stratégies de levée de fonds ou encore d’établissement de plans d’action. Il peut également s’agir de coachings individuels ou en groupe au profit des bénéficiaires des services de l’association.
Qu’est-ce qui le différencie du coaching classique ?
La première particularité réside dans la relation des dirigeants à l’organisation. Alors que pour les entreprises les dirigeants sont motivés par l’actionnariat et la rentabilité, pour les associations, les dirigeants sont des bénévoles motivés par une cause et un engagement de mener à bien l’action de l’association et réaliser ses missions.
La seconde particularité réside dans l’accompagnement des bénéficiaires des services de l’association. Beaucoup d’associations ont recours au coaching pour faire profiter directement leurs bénéficiaires d’actions de coaching en individuel ou en groupe.Ce coaching a pour but d’offrir des opportunités de développement personnel à ces bénéficiaires afin de faciliter leur réussite et la réalisation de leurs objectifs généralement soutenus par l’association.
D’autres associations qui s’intéressent à l’auto-emploi ou le développement entrepreneurial ont pris conscience que le soutien financier et l’assistance technique aux PME et TPE sont certes nécessaires mais insuffisants et que le coaching pouvait être un plus pour les entrepreneurs et les porteurs de projets pour les accompagner dans leurs parcours, renforcer leur leadership et leurs capacités à résoudre les problèmes au quotidien sans perdre le cap.
Certaines associations offrent même des formations sur les fondamentaux du coaching à leurs bénévoles pour accompagner les bénéficiaires de leurs prestations (élèves, parents, enseignants…). De même que des associations des étudiants de grandes écoles commencent aussi à s’intéresser au coaching pour leurs membres étudiants en dernière année pour travailler sur des problématiques telles que la prise de parole en public, l’estime et la confiance en soi… et faciliter ainsi les choix et orientations professionnels, l’élaboration de projets professionnels et le lancement de carrière.
Comment expliquez-vous l’intérêt des associations pour le coaching ?
Je pense que cela est dû en partie à la prise de conscience des dirigeants des associations des bénéfices du coaching comme mode d’accompagnement pour faciliter la communication entre les membres de l’association, pour réfléchir dans un cadre serein (en off-sites) sur les difficultés, la stratégie, la vision…, pour la cohésion et le développement de l’intelligence collective et le dépassement des clivages et des individualités ainsi que pour l’autonomisation, la responsabilisation des bénéficiaires car l’assistance matérielle ne résont pas tous leurs problème (bourses, financement…).
Comment faire de l’accompagnement dans ce cadre ?
Dans le respect des règles de l’art, de la déontologie du coaching et surtout sans faire du coaching associatif «du coaching du pauvre». Les associations qui ont recours au coaching doivent s’assurer que les coachs sont des professionnels des métiers de l’accompagnement, qu’ils ont suivi des formations qualifiantes pour ce faire et qu’ils disposent d’un espace de supervision. En plus, ils doivent déployer des outils professionnels parfaitement fiables, maîtrisés et adaptés.Autrement dit, il ne s’agit pas de faire «du n’importe quoi» et «n’importe comment» sous prétexte que ce ne serait «que du coaching associatif», donc de ne pas le dévaloriser. C’est un coaching à part entière.
Quelle doit être la posture du coach ?
La posture du coach se construit autour et avec les 11 compétences clés mises au point et constamment revisitées par l’ICF (International coach federation). Elle est faite d’alliance, de bienveillance, de partage de valeurs de l’association, d’écoute empathique dans le cadre d’une contractualisation claire pour l’atteinte d’objectifs bien précis et mesurables. Le coach intervenant dans le domaine associatif doit rester professionnel et fournir la même qualité de service. Il doit aussi faire preuve de rigueur et être vigilant sur le plan déontologique par rapport à sa posture et aux processus qu’il déploie pour n’importe quel client, quels que soient la qualité de ce client et le niveau de rémunération. Car, in fine, seul l’intérêt du client prime.