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Carrière

Coaching au Maroc : Avis de Nezha Hami Eddine, DG de Cap RH

Le coaching concerne tout le monde, quelle que soit la taille de l’entreprise. C’est un moyen pour répondre à  un problème précis, pas une démarche que l’on adopte juste pour coller à  une tendance.

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Nezha Hami Eddine 2013 03 05

Peur de la manipulation, coût des séances, absence de confidentialité, le coaching fait encore peur. Nezha Hami Eddine, DG du cabinet Cap RH, initiatrice de l’enquête sur le coaching, admet que la profession tient à se faire mieux connaître. Explications.

Pourquoi avoir réalisé une enquête sur le coaching ?
 

Notre objectif premier à travers cette enquête est d’avoir une perception du coaching au Maroc afin de constituer un ensemble d’indicateurs qui permettront de suivre l’évolution et le positionnement de la profession. Le coaching est un métier en devenir au Maroc. La demande se développe, s’organise et se structure. J’avais besoin de savoir où j’en suis, où je vais et, par ma pratique, comment contribuer à l’évolution de la perception du coaching au Maroc. Nous comptons reprendre une seconde enquête dans deux ans pour en tirer des enseignements.

Quel constat tirez-vous de l’enquête ?
 

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette enquête. Ils interpellent, en premier lieu, les praticiens, c’est-à-dire les coachs pratiquant au Maroc, ainsi que l’association Maroc Coaching.
Les résultats de l’enquête ont établi que plus du tiers des répondants ont découvert le coaching durant une formation. Ce taux confirme une information relayée par l’enquête de Maroc Coaching, en 2009, affirmant que 73% des coachs exerçant au Maroc sont, à l’origine, des formateurs. Après la certification, les formateurs animent leurs séminaires en introduisant des outils et des concepts du coaching.
L’autre tiers a répondu avoir découvert le coaching par la presse écrite tandis que le dernier tiers a connu la démarche à travers des émissions audiovisuelles.
J’estime qu’il y a encore un effort à faire au niveau de l’information sur le métier. J’ai constaté que des coachs communiquent à travers les médias pour parler de leur pratique et de leur métier ; c’est une excellente chose mais je pense qu’il faut encore faire plus et, peut-être, autrement.

Sur un autre plan, 42% des répondants estiment que le coaching s’adresse uniquement aux grandes entreprises. Or, le coaching est un outil de performance qui peut aider un manager quelle que soit l’envergure de son entreprise, de la TPE à la multinationale.
Autre constat qui illustre l’incompréhension de la démarche, l’enquête montre que 36% des répondants estiment que le coaching c’est du conseil et 11% de la thérapie. Soit presque la moitié de l’échantillon. C’est énorme !  
A la lumière des résultats de notre enquête, il y a deux axes de travail très importants: la communication et la reconnaissance du métier.

 

Donc, le coaching est mal perçu par le public ?

Peut-être pas, mais il est encore mal connu. Je prends pour preuve les réponses à certaines questions. Le quart des répondants pensent, encore, que le coaching est un effet de mode. Or, il ne peut pas l’être pour une raison très simple : le coaching est une réponse à un besoin du client. On ne va pas voir son coach pour faire “in”; on va le voir parce qu’il y a un problème ou pour développer et entretenir une performance.
Deuxième information qui nous a interpellés dans ce sens : 25% de l’échantillon qui n’ont pas répondu à la question : «Pensez-vous que le coaching a sa place dans l’entreprise marocaine ?». C’est la seule question où nous avons enregistré le plus grand taux d’abstentions. Là aussi, ce sont 36% qui ont répondu qu’il n’a pas sa place. Soit les deux tiers de l’échantillon ! Les explications données : les mentalités, la peur de la manipulation, le coût des séances (pour le coaching individuel), l’absence de management cherchant la performance dans les entreprises et la confidentialité.

Pensez-vous qu’un cursus de formation de quelques mois est suffisant pour devenir coach?

A travers le monde, les formations en coaching se déroulent en quelques mois. La qualité et le sérieux de certaines formations de coach et de manager coach dispensées au Maroc valent celles des pays pionniers dans le coaching. Ces formations font appel, pour certains modules, à des grosses pointures à travers le monde. Je cite, pour exemple, Vincent Lenhardt, François Delivé, Jacques Antoine Malarewicz, Christian Lestienne, Betty Alice Erickson ou John Grinder.
Ce qu’il faut savoir, c’est que la formation en coaching se déroule en deux temps : en présentiel et en inter-sessions. Le travail en inter-sessions est aussi important que le présentiel, car il permet de mettre en œuvre ce que nous avons acquis. Et les coachs qui dispensent ces formations, dont j’ai parlé, sont extrêmement exigeants sur le travail des inter-sessions.
Le deuxième point important à souligner est que la formation d’un coach professionnel ne s’arrête jamais. Un coach professionnel investit 25% de son temps et de son argent à sa formation continue et à sa supervision. Un coach qui s’arrête de se former et de recourir à la supervision n’est pas bon sur le plan déontologique.

Le troisième point, tout aussi important, c’est le travail thérapeutique que doit suivre le coach en formation. Ces formations exigent de leurs lauréats de suivre une thérapie. Et je précise qu’il y en a qui n’en font pas une condition d’accès ou de certification.
Il y a quelques mois, la Société française de coaching, SFCoach, première organisation professionnelle du coaching en France, a organisé une table ronde internationale sous le thème «Managing crisis, coaching in times of crisis». Cette journée a réuni les représentants d’associations  du monde entier. Ils ont conclu que le coaching professionnel exigeant et de qualité est celui délivré par des professionnels rigoureusement formés et accrédités, quel que soit le pays. Il est donc regrettable de voir des formations courtes paraître un peu partout : soit pour former des coachs, soit pour former des managers coachs en un temps record.