Carrière
«La formation est encore mal appréhendée dans les entreprises»
Avis de Fouad Najeddine, DRH de Centrelec

En dépit de l’absence d’un dispositif qui permet de valoriser les compétences par un diplôme et même si le diplôme aura toujours de l’importance dans le monde professionnel, je dirais que les modèles RH sont en train d’évoluer vers une gestion de performance. Aujourd’hui, c’est la performance qui prime quel que soit le background de la personne.
Beaucoup de candidats qui n’ont pas de diplôme comblent ce «déficit» par le renforcement des compétences comportementales : comment gérer une équipe, savoir faire face au stress, gérer l’intelligence émotionnelle…
Deuxième aspect, ces mêmes individus arrivent à progresser dans le monde professionnel grâce au sérieux et à l’auto-formation. Ils développent ce qu’on appelle l’intelligence sociale. Ça se traduit non pas par l’acquisition d’un certificat, master ou autres mais par la capacité à se faire une place dans la société.
Pour revenir au dispositif de la validation des acquis de l’expérience (VAE), je dirais que tout acteur aura un avantage à y gagner. Pour l’individu, c’est d’abord un soutien moral qui lui permet d’accéder à de nouvelles voies : progresser dans son entreprise ou dans une autre, accéder à d’autres types de postes où le diplôme est exigé, améliorer sa condition financière…C’est donc ouvrir la voie de mobilité grâce à la performance, les compétences et surtout le potentiel de la personne. Aujourd’hui, on le voit dans les yeux de certains, dès qu’on leur parle d’un nouveau procédé de travail, un nouveau produit, une nouvelle façon de travailler. Cela dénote d’une volonté de renforcer les compétences chez la personne.
Pour l’entreprise, c’est un moyen de fidélisation, d’accompagnement des évolutions de l’entreprise, de création d’une dynamique d’apprentissage…
Et si un tel dispositif tarde à voir le jour au Maroc, c’est pour plusieurs raisons. D’abord, parce que la formation est encore un volet mal appréhendé auprès des entreprises, surtout pour les PME. C’est une charge supplémentaire et qui, de plus, peut devenir plus conséquente si on ouvre l’accès à l’apprentissage à une large population, notamment les ouvriers.
Il faut aussi que tous les acteurs économiques, notamment les associations professionnelles et les entreprises, s’activent pour qu’un tel dispositif soit mis en place. Enfin, les salariés eux-mêmes à travers les syndicats doivent aussi pouvoir le faire. Aujourd’hui, il y a une prise de conscience qui atteste de l’importance de la VAE mais qui ne se traduit pas encore par les faits.
